Communauté des sports d'endurance

La Franco Suisse à Poucet

105 km ce doit être a peu prêt la limite de ce que je peux encore encaisser aujourd'hui, baskets aux pieds. Passé sous l’arche d’arrivée, refaire ces 105 bornes au clavier m’avait semblé inaccessible. Coup de fatigue ... coup de flemme plutot !!! Pourtant cette très belle Franco Suisse, courue dans le cadre de l'UTMJ 2023, mérite bien quelques lignes ....

Ne serait-ce que pour remercier Laurence et Fabrice de m'avoir accueilli et proposé un hébergement tout confort dans leur beau chalet des Piquets, au pied du Mont d’Or, à quelques encablures du site d'arrivée. Plutôt que de sacrifier quelques heures de sommeil pour prendre les navettes misent en place par l'organisation, j'ai pu bénéficier d’une (presque) véritable nuit. A la sonnerie du réveil, réglée un peu avant 4h, j’ai sauté directement dans mon short, enfilé les godasses et Fafa m'a conduit directement aux Rousses en voiture. 40’ plus tard nous étions garé face au Sas. Tout juste le temps d'engloutir un bol de Spordej avant de rejoindre les 450 courageux rassemblés sous l’arche de départ, pendant que Fabrice rentrait sur Metabief pour la mission suivante.

Quelle surprise en descendant de la bagnole, l'air était très doux mais le sol détrempé, arrosé par une averse nocturne, invitée de dernière minute. A ce moment j’ai eu tout petit moment d'inquiétude car je n'avais pas pris de vêtement de pluie, la météo consultée la veille annonçant une belle journée …

L’UTMJ n’en est qu’a sa quatrième édition mais on sent déjà que c’est une organisation qui ronronne bien, avec de gros moyens humains et logistiques sous le capot. L’épreuve reine longue de 175 km était partie la veille de Lancrans, une bonne partie de la troupe était déjà passée à 5h lorsque que le speaker nous a lâché dans la nuit. Les coureurs de la Renarde partiront deux heures plus tard, les plus rapides nous rattraperons en milieu de matinée. Dans une belle communion sportive, nous emprunterons le même parcours, absolument superbe, jusqu’au Mont d’Or.

Il est néanmoins dommage de mon point de vue d’avoir subi des bouchons dans les tous premiers kilomètres dus à des chicanes sur quelques entrées de sentiers. J’ai du mal à comprendre qu’une grosse organisation de ce type ne soit pas en mesure de démonter provisoirement les obstacles, ou bien de trouver une voie plus large pour étaler la meute. Ce ne sont pas les pistes qui manquent dans le secteur. Bref, ce petit irritant évacué je me suis offert deux ou trois glissades sur des racines lessivées avant de trouver dans le bout de nuit un rythme de croisière confortable, sur un profil globalement descendant.

Un joli sentier en balcon nous rapidement a offert les dernières lumières Morez, le jour pontait déjà lorsque j'ai abordé la rude remontée vers Morbier. Comme prévu le grand Yann m'attendait en haut de la côte pour un petit coucou bien sympa. Nous avons pu échanger un instant en rejoignant le premier ravito. Yann est reparti pour un tour du Leman à vélo, et j'ai repris tranquillement mon chemin.

Les dernières brumes se sont évaporées, le soleil s'est imposé au fil des heures et nous avons alors profité d'un parcours somptueux alternants forets profondes, vertigineuses falaises, combes lumineuses, petits villages blottis plein coeur où régnait une belle animation. Bellefontaine, La Chapelle des Bois, Chaux Neuve, Mouthe, hauts lieux du fond jurassien où Comté et Morbier jouaient les stars sur des tables de ravitaillement particulièrement savoureuses

Du coté de la Roche Champion ou la la source du Doubs, quelques passages ont ravivés le souvenir joyeux de la traversée off réalisée quelques années plus tôt avec Fafa et Laulau Bretzel. J'en ai découvert quelques autres, dont l’impressionnante descente du tremplin à Chaux Neuve …

Sur ce profil roulant mes petites pattes étaient à la fête, j'ai pu courir la plupart du temps. Je me souvenais parfaitement de la remontée sur le Mont d'Or par la GTJ et les Granges Raguin. J'ai pris le temps de m’asseoir quelques minutes à ce ravito pour avaler plus de coca que de raison … Probablement enivré par la potion magique, j'y ai oublié ma belle eco-tasse Kikourou sur la table !!! Snif, ça c'est gravement ballot !!! Mais c'est tout bon pour refaire un tour sur l'éponyme  boutique

Je m'en suis rendu compte au point de bifurcation avec le parcours de la Renarde, a l'entrée du Mont d'Or Bien trop tard pour faire demi tour, d'autant plus que j'étais à la bourre sur les estimations que m'avaient faite Fabrice. Et même pas possible de se refaire la cerise dans la descente technique qui suivait, notamment dans ce chaud final après Piquemiette , heureusement sécurité par des cordes. 

Encore quelques relances pour rejoindre la base vie de Jougne ou m'attendaient Laurence et Fabrice. J'ai englouti une soupe et une assiette de riz, changé de pompes et comme prévu je suis reparti accompagné par Fafa, en pacer off de luxe. Les cannes répondaient pas trop mal sur le début de cette boucle finale, nous avons profité d'un joli couché de soleil sur les premières rampes du Suchet. Le ravito dans l'étable à Grange Neuve était particulièrement chaleureux. Ça c'est gâté ensuite dans la montée dans l'ultime grosse montée, celle de l'Aiguillon. Fabrice m'avait prévenu, me conseillant de ne pas prendre les bâtons qui attendaient dans mon sac à Jougne. J'ai bien fait de l'écouter, ce truc c'est de l'escalade sauvage en fait, sur une sente étroite, abrupte et glissante. Culs a culs dans la nuit, tout le monde a bout de souffle,  en évitant les grosses caillasses qui dégringolaient. Un passage hyper dangereux, sans aucune sécurité, sans secours. Bref du grand n'importe quoi. C'est miraculeux qu'il n'y ai pas eu d'accident.

J'étais bien secoué en bas de ce délire, mais trop content de retrouver un profil plus humain pour finir. Si on a encore un peu d’énergie pour dérouler une petite foulée, les dix derniers kilomètres sont faciles … Nous sommes repassés par Jougne et ensuite il y avait juste un petit talus avant de basculer sur Metabief. J'ai terminé en 18h41', classé 181/379, 2ème M5. Comme tous les finishers j'ai donc eu droit a une nouvelle médaille, a ranger au fond du placard.

Il paraît que le repas d'après course était excellent. Je ne pourrais pas confirmer, il y avait un tel boucan sous le barnum (de la musique paraît il ... ???) que Fabrice n'a pas insisté longtemps pour me convaincre de renter directement à la maison. J'espère que les organisateurs auront le bon sens de corriger l'anomalie de l'Aiguillon pour les prochaines éditions puisqu'il est possible d'y monter par un sentier "normal". A ce détail prêt j'ai vraiment apprécié le parcours, les ravitos, l'ambiance … Vraiment une très belle épreuve. A refaire !!!

album photos Franco Suisse

classement Franco Suisse