Récit de la course : Marathon Seine-Eure 2005, par fabdescyrfab

L'auteur : fabdescyrfab

La course : Marathon Seine-Eure

Date : 16/10/2005

Lieu : Amfreville Sur Iton (Eure)

Affichage : 1813 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Marathon Seine Eure 2005


Dimanche 16 , 5h30 , ça ressemble étrangement à un réveil matinal tout ça …
Dans le mille , c’est le grand jour, le marathon tant attendu de l’automne approche , après un été plutôt pas mal fourni en entraînement sur la côte morbihannaise… Il va falloir effacer la déconvenue chronométrique du Mont Saint Michel, 34 °C ç’est pas vraiment courant près de Rouen mi-Octobre . On se contentera d’un raisonnable 15 degrés …
Il fait frisquet ce matin , 6h15 , je prends la direction de Rouen par l’A13 .
Rapide « Point Route » , le Périf est fluide , on file vers le Grand Ouest , Deauville , Honfleur , les casinos , cheveux aux vents dans le Kangoo ! Ben non , on s’arrêtera juste un peu avant pour aller courir en solo son marathon du Dimanche matin …
Quand ça roule , c’est pas si loin Rouen , ou plus précisément le Val de Reuil , à peine 1h30 de route pour poser la carriole sur le lieu d’arrivée et emprunter une navette qui nous mène gentiment au départ , sur la sympathique bourgade d’Amfreville Sur Iton .
Grosse ambiance ce matin, un groupe « musical » qui frappe sur du Djembé histoire de réveiller les locaux , une Montgolfière avec le logo de la région , il manque plus qu’un dresseur de rapaces , une femme à barbe , un marcheur sur braises ... C’est la fête du sport aujourd’hui , l’animation est fournie .
On garde un petite pensée tout de même pour la paisible population d’Amfreville qui ne doit pas trop comprendre ce qu’il se passe ce dimanche matin ... Après le « Point route » , on va faire un « Flash Météo » , le soleil vient de se lever , encore une belle journée .. sauf que les nuages commencent à débarquer et mam’ Dheylia elle disait hier soir que y’aurait quelques gouttes …
On verra bien, en tout cas, la tenue du jour, c’est on ne peut plus classique , le Maillot Orange pour fixer les photos stars et les Oakley sur le blaire même si le soleil est bien caché ce matin . Mais vous comprenez, les lunettes c’est pour faire le vide, se concentrer au maximum sur la course tel le vrai pro du circuit … Eh-eh-eh-eh !
Bon, le départ approche à grands pas , le speaker fait une rapide présentation des favoris du jour . Un champion de Russie par là, un marocain qui nous fait 2-13 aux Pays bas la semaine dernière par ici , un tit marocain tout sec qui vaut 1h02 sur semi . Du gratin , vous me direz . Effectivement, pas loupé , les primes étonnamment alléchantes attirent quelques mercenaires du bitume …
Pour ma part l’objectif du jour c’est passer sous les 2-40 , le parcours annoncé étant « Ultraplat » et avec le caisson du moment , c’est jouable ... « ON VERRA »
9h15 , c’est parti , le départ est lancé , peu de temps après celui des Handisports .
Rapidement un groupe d’une douzaine de concurrents se détache avec les cadors en pointe, suivi d’un autre gruppetto de 10 lascars . Je me glisse plutôt dans celui-ci …
On va pas tenter d’accrocher les gazelles d’emblée .
Les deux premiers kilos sont avalés tranquillement, trop tranquillement .
Ca passe en 4’00 sur le second kilomètre , c’est pas vraiment l’objectif du jour ,il va falloir en mettre une tartine dès maintenant et donc quitter ce paisible troupeau de Yacks en pleine transhumance pour tracer en solo sur ces longues lignes droites qui se dessinent déjà à l’horizon .
Le rythme est bon , pas de soucis , c’est honnête , on est dans les temps , apparemment .
Je dis apparemment car le kilométrage est indiqué uniquement tous les 5 kilos . D’un coté c’est pas évident de se caler sur un bon tempo à l’aveuglette , ça oblige forcément à faire un tas de savants calculs ( la calculette dans le slip pour la prochaine fois ..) .
Mais d’un autre coté , ça passe un peu plus vite , on semble moins subir le kilométrage surtout dans cette traversée du désert , en solo …
On va pas en faire des caisses , y’a pas grand chose à raconter en ce début de parcours , les 10 kms sont passé en 36’24 , le semi approche gentiment en 1h17’20 , après le traditionnel coup de mou des Kms 19 et 20 . C’est un peu rapide quand même ce passage au semi. Comme on dit , on se sent bien et on avoine tranquillement , mais c’est tout de même 1’30 de moins que les prévisions « tatouées » au Bic sur l’avant bras …
Le doute s’installe alors , « Est ce que je vais tenir la cadence ? » « Je vais m’écraser comme une merde au km 35 » , que de questions existentielles . En, attendant , quelques kilomètres défilent sans crier garde , et oui , le cerveau fonctionne forcément moins vite en courant , tout le sang étant détourné vers les cannes !
Au 25 ème kilomètre, 1h31 de course , on est toujours dans les cordes , j’aperçois toujours au loin deux silhouettes , dans les 300 mètres à vue de nez , l’écart depuis le deuxième kilomètre reste inchangé avec ces ombres mystérieuses .
On va pas chercher à les rattraper pour l’instant . Un coup d’œil sur le chrono tous les 5 kilos comme d’hab pour se donner une idée mais bon , aujourd’hui on travaille sur les sensations, une vraie séance de psy . L’écoute de son corps comme on dit , ehehe !
Mine de rien , ça rend fada la course à pied , tiens, je me surprend à fermer les yeux sur quelques mètres , ça donne d’étranges sensations . Pas de crainte les amis , la route est large le long du ruisseau , c’est pas le moment de se vautrer dans la vase et échapper de peu à la noyade . Sur Marathon on va dire que c’est peu courant ..
Parlons rapidement du parcours : Agréable , c’est le mot qui vient à l’esprit , champêtre aussi de temps en temps . Par contre les longues lignes droites à perte de vue, c’est pas ce qu’on fait de mieux pour maintenir un moral d’acier .
Pas le choix , il faut partir en réflexion , on pourrait presque embarquer le lecteur DVD portable …
Mine de rien on arrive tranquillement au 30 ème kilo, toujours à peu près le même rythme, les ravitos à la banane sont négociés correctement, on prend son temps, pas de précipitations, ça enchaîne comme sur une partition, la balade continue .
Le concurrent devant moi se rapproche doucement mais sûrement , j’arrive à sa hauteur vers le 30 ème kilo , 1h50 , il est en perte de vitesse par rapport à son objectif de 2h30 … Il va falloir continuer seul de nouveau …
La glycémie est toujours correcte , au niveau des cannes ça se passe pas trop mal , hormis l’habituelle légère contracture des familles derrière la cuisse .
C’est bien connu , un marathon ça commence à causer au 30 ème ,le mur , tout ça , on connaît la chanson .
Les cuisses commencent inévitablement à durcir , c’est comme du béton prise lente, faut compter dans les 2 heures pour monter un mur . Du parpaing de qualité et Zou , c’est monté ! Bah là c’est pas trop le cas , ok , ça durcit pas mal mais je m’arrange pour mouiller le ciment et retarder sa prise, de la fabrication artisanale .
Km 33 , et voilà un peu de Trail les amis , nous empruntons un sentier vraiment pourrave en fin gravier fuyant, jonché de quelques nids de poules. Pas question d’être mou de la cheville sur ce coup-là , faut l’avoir aguerrie et alerte pour éviter l’entorse facile .
Ca se passe pas mal finalement , un petit pont de pierre de passé , et quelques spectateurs sont là pour se réchauffer les paumes et nous accueillir sur la partie en « Aller Retour » . 3 kilomètres ou l’on croise les premiers . Les Russes , les marocains défilent un par un ,pas si loin devant d’ailleurs et le constat est rapide , je suis 9 ème à ce moment de la course , avec deux lascars à portée de runnings .
Le cerveau est en ébullition . Y’a deux places à priori inaccessibles qui paraissent palpables. Il va falloir cravacher sec tout en restant prudent pour sauver un chrono référence .
Dur dilemme … On va jauger au feeling .
Et le 35 ème arrive déjà .Un coup de cul assez sec vite négocié et c’est maintenant le moment choisi pour attaquer , dans un faux plat descendant , à la poursuite des deux compères , la foulée est plus appuyée , le geste moins naturel . On brusque légèrement la machine pour recoller progressivement au groupe . C’est aussi le moment de s’encourager , « Allez mon Fab c’est ton jour, t’as un chrono à jouer là-dessus !! »
Me voilà donc au beau milieu d’une séance d’auto encouragement, du jamais vu par chez nous ,mais bon , y’a un début à tout !!
35 Kms, 2h08’33 , les savants calculs commencent à fuser , toujours 3 minutes d’avance sur le tableau de marche, on est sur un plateau royal façon fruits de mers, les pattes de crabes bien fournies ,le crevette bien charnue , et le bigorneau qui sort tout seul, c’est du grand standing , un plan de route idéal pour l’instant , avec également le luxe de pouvoir un peu accélérer sur la fin .
Mais il faut tout de même garder dans un ptit coin de la tête la possibilité d’une grosse vautre au 38 avec écrasement du pied sur du 5 minutes au kilo . C’est déjà arrivé , faut s’en méfier …
Km 38 , le calcul est simple , il reste en gros un bon quart d’heure de course , je reviens à la hauteur du 8 ème , un peu étonné de mon retour …
Mais il cache bien son jeu le bougre , « T’es vétéran ? » me demande-t-il deux trois fois « Et derrière y’a des vétérans ?» J’en sais quoi moi ,c’est pas le genre de la maison de me renseigner sur l’âge des gars qui me cavalent aux basques !!!
Je le passe gentiment puis il revient le bougre ! On approche alors du 40 ème , le mec de devant commence aussi à ralentir la cadence en douceur. On attaquera donc les deux derniers kilos à trois de front , un duel à trois ( ça se dit ?) , un âpre combat de chaque instant ! ehehhe
Le premier du trio décroche légèrement , faut dire qu’on en pose une sacrée mine sur le KM 41 , ça brûle dans tous les sens ,à la limite de l’explosion , le souffle est bon mais les quadris travaillent sans relâche, besogneux comme jamais ces quadris . Il ne faut plus se poser de questions, le chrono , le chrono , on a pas le temps de s’y attarder du coup , là on bataille pour la place , le « survivor » pose un sacré steack à 800 mètres de l’arrivée , je résiste , serre fort sur les mâchoires , et ça tient , c’est un sprint l’ami , ça avoine sec , 300 mètres à peine , faut mettre un coup de collier pour décrocher la 6 ème place . Tiens , un marocain au point mort sur le bas coté , le mec qui vaut 1h02 sur semi , il marche , claquage . C’est pas le moment de s’apitoyer sur son sort et craquer sa larme , j’arrache tout , à fond , un 100 mètres, le lascar décroche et me laisse filer sans broncher.
« Allez grand t’es arrivé, 100 mètres , pas plus !! » que j’entends sur le bas-côté .
Ca sent bon le record tout ça , même si je me rend pas compte du chrono réalisé .
Stop , 2h36’10 , Yes !!! , j’enchaîne immédiatement le reflex du coureur à pied , le doigt sur la montre pour arrêter le cours du temps . Le contrat est bien rempli , la course parfaite comme on aime .Par contre ça risque de grincer sec demain sur les cannes ...
L’heure est maintenant aux massages–douches, enchaînés pas quelques coups de fils pour annoncer le chrono référence !!


STATS :

. Météo : Couvert, 17 °C
. Temps : 2H36’10
1er Semi : 1H17’20
2 ème Semi : 1H18’50
. Place : 6 / 324

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