Récit de la course : Rajalta Rajalle 2008, par dbouriot

L'auteur : dbouriot

La course : Rajalta Rajalle

Date : 7/3/2008

Lieu : Ranua (Finlande)

Affichage : 1122 vues

Distance : 440km

Matos : skis Fischer RCS,
batons Swix Carbon,
chaussures Salomon Classic Race,
glisse Magic potion,
poussettes Rex fluorées

Objectif : Objectif majeur

2 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le récit

Rajalta – Rajalle 2008

 

La Rajalta Rajalle Hiihto, la course de la frontière russe à la frontière suédoise, c’est du cross country skiing au sens littéral.  Le pays à traverser est la Finlande, ça se situe à la latitude du 66ème parallèle Nord et il y a 440 km avec les détours pour aller de Kuusamo à Tornio. La randonnée est organisée en 7 jours avec 4 groupes de 100 skieurs partant 4 jours de suite. C’est l’équivalent du Paris-Nice cyclo pour les skieurs. L’organisation s’occupe de tout, ravitaillements, hébergements, éventuels transferts. Le skieur n’a plus qu’à penser à gérer son effort, à préparer ses skis et à se reposer.

Les étapes feront en moyenne 60km. C’est un gros défi pour moi, je n’ai approché qu’exceptionnellement cette distance en style classique mais ça faisait plusieurs années que j’avais envie de me lancer sur la Rajalta. Depuis quelques saisons, j’ai de meilleures sensations avec le pas alternatif. Si les conditions ne sont pas trop mauvaises, ça devrait passer …

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Jour 0 :

Reprise de contact avec la neige, il fait –10°C, la poussette verte accroche bien. Rien à voir avec les conditions en France pendant ce mois de février. On fait 20km mais j’ai mal partout : coudes, adducteurs etc… sans doute le stress. Deux Américains partagent notre piaule, Tom a déjà 100 jours de ski au compteur cette année ; je suis déjà bien heureux d’avoir pu skié 18 jours.

Briefing très international : Finlandais, Hollandais et Allemands sont les plus nombreux mais il y a aussi un Suédois, des Norvégiens, des Autrichiens, des Danois, des Espagnols, des Russes, un Suisse et deux Français : Philippe et moi. Les organisateurs insistent sur la sécurité, on ne dramatise pas sur les distances et des solutions sont toujours proposées pour raccourcir les étapes si nécessaire (ce n’est évidemment pas mon objectif, mais ça peut servir).

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Jour 1 :

65 km de la frontière russe à Kuusamo

Le car nous dépose à la frontière en réalité au milieu de nulle part. Chacun part quand il est prêt et personne ne s’attarde parce qu’il fait –20°C à 9h00 (poussette verte) ; le soleil réchauffera assez vite l’atmosphère. Après quelques kilomètres d’un joli single qui serpente entre les arbres, il y a une descente sympa, une butte abrupte à monter en canard et puis on rejoint une sorte de route un peu vallonnée qui me paraît interminable. Le matin j’ai l’impression d’être dans l’allure par rapport aux autres skieurs. Après la courte pause du déjeuner, c’est plus dur et je vois passer des petits groupes de skieurs sans pouvoir m’accrocher. Il y a un passage assez pittoresque dans la montagne avant de suivre une ligne de pylônes entre Rukka et Kuusamo. J’arrive un peu difficilement à l’hotel avec des impressions mitigées. J’ai quand même battu mon record de distance en alternatif et je compte m’améliorer en cours de semaine. Avec 65km en 6h40 arrêts compris, ça fait du 10km/h, c’est plutôt mieux que prévu. Une fois arrivé, il est important de se restaurer (1 buffet et un snack sont servis chaque soir) et de se reposer pour pouvoir repartir frais le lendemain.

 

Jour 2 :

59 km de Kuusamo à Taivalkovski (6h15)

Le temps est couvert et s’est un peu radouci (poussette verte fluorée). La première partie emprunte une ancienne voie ferrée. C’est plat et de petits trains de skieurs se forment dans la campagne finlandaise.Les derniers kilomètres sont très accidentés avec de nombreuses bosses du genre pistes de compétition. Ca me réussit bien et je termine en pleine forme aujourd’hui. Nous sommes logés dans un luxueux cottage.

 

 

Jour 3 :

58 km de Taivalkoski à Syotekeskus (6h30)

Il y a quelques côtes au départ et comme je monte droit avec ma poussette bleu fluorée, je reviens facilement sur les Américains et les Russes. Le rythme est un peu élevé pour moi mais je m’amuse.Après la bonne soupe du midi, j’ai plus de mal. Nous sommes à nouveau sur une route enneigée avec des côtes assez longues. Je sens venir une hypoglycémie et je me traîne jusqu’au ravitaillement. Heureusement la pause me fait du bien parce qu’il y a encore une longue montée pour arriver à l’hôtel situé sur une colline pour skieurs alpin (on se laisse  même tirer par un téléski sur la fin).

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Jour 4 :

84 km de Syotekeskus à Ranua (10h15)

« This is THE day ! » c’est ce que me dit Tom au petit déjeuner. « Jusqu’à maintenant tu étais en vacances et tu pouvais t’amuser, aujourd’hui, tu n’es pas là pour te marrer, c’est comme si tu allais bosser … » En fait la mise en condition avait commencé au briefing de la veille avec les « conseils » de fartage de Tarja, notre guide finlandaise : « No advice for tomorrow. It is a difficult problem but very interesting ! » En effet on prévoit une température autour de 0°C avec de la pluie ou de la neige, le cauchemar de tous les alterneux. Ca ne m’a pas empêché de dormir, Philippe m’avait prêté du LF8 pour la glisse et je comptais mettre de la poussette violette –1/+1 pour le grip.

Comme la distance est longue on part de bonne heure à 7h45. Ca commence par une descente. Devant moi, je vois un Russe faire l’intérieur à Philippe dans un virage, il passe en force avec les épaules mais il est quand même assez fair-play pour ne pas balancer Philippe dans la neige fraîche.

Après le premier ravito, il y a un grand plateau qu’on traverse dans le brouillard, je m’arrange pour rejoindre le groupe juste devant et j’économise les efforts en jouant sur la glisse. Au ravitaillement de midi, 44km ont été parcourus et pour l’instant tout va bien. Un guide finlandais tient à pratiquer son français en nous faisant la conversation ce qui perturbe un peu toutes les petites choses que nous devons faire à ce moment : s’alimenter, remplir la gourde, se reposer, farter, etc …

Nous arrivons quand même à repartir. Philippe a un mauvais passage ; pas très loin devant nous, deux Finlandais ont l’air de se promener, debout, avec un pas alternatif sans allonge, ils ne semblent pas pousser non plus sur les bâtons mais ils s’éloignent inexorablement, nous ne les reverrons qu’à l’hôtel ! Ah, la fameuse glisse finlandaise !

Les lacs se succèdent indéfiniment, quelquefois séparés par une simple ligne d’arbustes. Avec l’humidité, la glisse est assez bonne et je suis étonné de pouvoir faire encore de la poussée simultanée. Je passe aussi au klyster multigrade, ce qui me redonne une bonne accroche pour finir.

Pour ne pas me décourager avec la distance qui reste à parcourir, mon objectif est toujours le prochain ravitaillement (il y en a environ tous les 10km avec du mehru jus chaud de fruit des bois et des raisins secs) et plus tard je vise même tous les 5km les panneaux indiquant la distance jusqu’à Ranua. Comme nous avons une demi-heure de marge à la dernière barrière horaire nous profitons des dernières lueurs du jour pour rejoindre l’hôtel à ski. Après un dernier lac, nous arrivons à Ranua à la tombée de la nuit.

Un peu euphorique, je fais le bilan de la journée. Je suis bien mieux que le premier jour. Les trois premières étapes ont permis d’entraîner les bras et les abdos pour pouvoir  pratiquer la poussée simultanée la plupart du temps. Je crois que j’aurais pu faire encore quelques kilomètres pour aller jusqu’au chiffre rond des 100. J’envisage même une GTJ non stop classique !

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Jour 5 :

48km de Ranua à Hosio (5h15)

Avec seulement 48km, ça ressemble à « journée de repos ».  En fait, pluie intermittente, vent de côté et température trop douce (+3°C) vont un peu compliquer les choses. Le klyster est obligatoire et c’est un problème même pour les skieurs nordiques peu habitués à ces conditions. Je crois que les Américains ont décidé de ne pas mettre de retenue pour tout miser sur la poussée simultanée. Mauvais choix parce que la neige est vraiment trop molle et quand on pousse sur les bâtons il n’y a pas de support et ils s’enfoncent facilement au lieu d’aider à avancer.

Le ravitaillement de midi consiste en une saucisse à faire griller sur le feu avec une pique de bois. J’ai un petit coup de barre pendant la digestion mais la forme revient sur la fin. Nous sommes accueillis dans une école par des enfants ; c’est assez sympa mais le couchage est plus sommaire que d’habitude. Le sauna, chauffé au bois est très chaud ; faisant office de douche des gros bacs d’eau chaude, tiède  et froide.

 

Jour 6 :

61 km de Hosio à Honkamaa (6h20)

La neige a re-gelé pendant la nuit et ça ne me convient pas du tout. Je ne suis pas à l’aise, j’ai un peu mal aux adducteurs et ça n’arrange pas mon équilibre. Par contre tout le monde a l’air d’apprécier et  ils en profitent pour me doubler même le papy du groupe, un Finlandais toujours souriant qui finit sa 16ème Rajalta-Rajalle. Je me refais quand la température se radoucit ; après 6 jours de ski intensif, la soixantaine de kilomètres ne m’impressionne plus.

Ce soir le sauna est comme je les préfère avec un accès à la rivière gelée. Un trou est entretenu dans la glace, on peut nager quelques brasses mais il faut faire attention au courant.

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Jour 7 : (3h40)

35 km de Honkamaa à Kemi

C’est le dernier jour mais je suis un peu énervé au départ car retardé par des skieurs moins rapides qui forment des bouchons. Sur ces pistes tracées pour l’occasion au skidoo, il est impossible de doubler si les skieurs n’ont pas la gentillesse de se garer. Changement de paysage pour le dernier jour on quitte les grands lacs pour traverser un pays de collines. Il y a de petites montées et des descentes amusantes étroites et sinueuses. L’itinéraire normal devait nous conduire jusqu’à Tornio en skiant pendant 25km sur une rivière gelée. (Mal )heureusement la rivière n’est pas praticable parce qu’il y a eu de l’eau qui est passée par-dessus la glace. Comme la journée semble un peu courte et que c’est la dernière, le rythme est sans doute un peu plus rapide. A 2 km de l’arrivée je suis rattrapé par un petit groupe. Je m’accroche au dernier wagon et je finis en surrégime mais je n’ai pas lâché !

 

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Avant de se séparer, il reste une dernière épreuve, la plus difficile d’après Philippe. Chaque nationalité doit préparer quelque chose pour la soirée de clôture. C’est un peu contraignant mais je vais trouver cette soirée très agréable et pas ennuyeuse du tout. Il y aura des chants hollandais, allemands et finlandais, un gros numéro d’un catalan.

Nous rentrons tranquillement en France, profitant du voyage pour visiter Oulu et Helsinki. C’est une grosse satisfaction d’avoir fini cette Rajalta Rajalle qui était un challenge pour moi. Ca s’est bien passé, presque trop facilement, j’ai déjà oublié les coups de barre et les moments difficiles. Sur 400km le parcours est varié : forêts, lacs, campagne, plaine, rivières, colline, montagne. Le trajet passe sur des pistes de ski de fond,  de skidoo (mais on n’en croise que rarement) , des routes enneigées ou est tracé pour l’occasion entre les arbustes. L’ambiance est agréable, en 7 jours on arrive à reconnaître un peu tous les participants, chacun est curieux des pratiques du ski dans les autres pays. L’organisation finlandaise est efficace et décontractée, au service des skieurs qui respectent les consignes avec discipline. 

Il me reste au moins 2 défis à relever à ski de fond : la Vasaloppet et la GTJ non stop. En discutant, j’ai aussi appris qu’il y avait un type qui organisait une traversée de la Finlande du Sud au Nord : 1800km en 32 jours (http://www.hhs-ski.net/). A suivre …

2 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 29-04-2008 à 21:40:00

magnifique! Merci beaucoup de nous faire partager tout cela!
bises
agnès

Commentaire de le_kéké posté le 30-04-2008 à 13:32:00

Merci pour cette belle aventure qui nous permet de rêver.
En tout cas belle perf, bravo.

Philippe

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