bubulle a écrit:Allez, j'essaie de faire un retour "rapide" (ahem)
1. Le départ
Un peu d'improvisation avec une arrivée en voiture au pied du téléphérique (et du barrage)....sans aucun balisage pour savoir où se garer, où sont les dossards, où est le départ du téléphérique, etc. Bon, pas trop grave. On a fait comme tout le monde, on s'est débrouillés, on a causé avec les autres coureurs qui venaient en voiture, ça fait faire connaissance...
Le coup du téléphérique dont la cabine contient 14 personnes et où la rotation met 10 minutes, bon c'était prévisible qu'il faudrait du temps pour monter tout le monde et a minima, il aurait mieux valu prévenir d'arriver plus tôt. Certains coureurs ont monté *à pied* les 200 D+ (Elisabeth aussi car, au bout d'un moment, ils ont fait passer les coureurs en priorité, ce qu'il aurait fallu faire depuis le début).
Par contre, comme a confirmé eejit, +1 pour avoir *aussi* attendu les accompagnants pour donner le départ. Mais....le téléphérique a ensuite été arrêté et, donc, les accompagnants ont tous du....redescendre à pied.
Départ très sympa, avec une logistique très succincte (pas de ravito de départ, par example), mais je n'ai pas trouvé cela gênant. Ce point de départ était clairement choisi provisoirement puisque l'idée de départ de l'orga n'est pas de garder cette distance de 170km (on y reviendra)
Peloton manifestement constitué *de coureurs expérimentés* et pas de charlots venus là parce que c'était une belle occasion pas chère de se faire des points UTMB. Peu d'étrangers "exotiques" (vu deux colombiens et une japonaise). Grosse majorité de suisses francophones connaissant manifestement bien le coin, et pas mal de français et italiens. J'ai mesuré l'expérience sur les coureurs à ce que je voyais autour de moi sur le terrain (donc en milieu de peloton) et aux échanges que j'ai eus...ou à ce que j'ai vu aux ravitos.
2. Le parcours
Magnifique. Comme écrit, il a clairement été construit pas des coureurs aimant partager ce qu'ils aiment dans ce coin du Valais et c'est un beau succès.
Technique. Très technique. Les deux cols de départ donnaient le ton, et les deux premières descentes étaient une tuerie (deux fois 1500D-). L'étape Finhaut-Salanfe était physiquement très difficile avec les deux cols de Barberine et Emaney qui sont de vrais "murs". 6 heures dans la solitude quasi totale (bons, j'étais plus lent que les coureurs autour de moi, ce qui m'a permis de voir du monde : ceux qui me dépassaient).
Le Gorges entre Trient et Finhaut : une tuerie absolue, une descente très acrobatique et une remontée raiiiiiiide. On les a faites à trois et on était aussi épuisés les uns que les autres en haut. Bon, il n'y a pas d'autre solution, sinon, c'est 3km de route en plus (alors qu'on vient déjà d'en faire deux pas trop marrants). Mais à la limite, je pense que j'aurais préféré une solution "à la UTMB" avec une montée sur Les Tseppes et Catogne et une redescente sur Le Chatelard et remonté à Emosson comme à l'envers du 80km du MB.
Et le Col de Susanfe est techniquement extrêmement ,difficile, même par beau temps. Je pense que c'est la limite à laquelle on peut encore faire passer une course.....quand les conditions sont bonnes.
3. Les ravitos
Planproz : un peu léger et en extérieur, sans endroit pour s'abriter. Les suiveurs devaient se garer à 500m pour cause de travaux, ce qui aurait été acceptable....si on l'avait su avant (rappel : l'assistance était autorisée, donc quand on s'organise pour en avoir, on aime bien avoir des infos précises...or on ne connaissait l'emplacement précis d'*aucun* ravito). Le côté "à l'extérieur" n'était pas un problème car les conditions meteo étaient alors parfaites, mais sur des conditions difficiles (on venait de passer deux cols à 3000), cela aurait été une première hécatombe. En résumé : rien de critique mais améliorable s'il était possible de faire ce ravito dans un lieu fermé plus accueillant (à Fionnay, par exemple).
Cabane de Mille : le seul ravito "en cabane" et un vrai hâvre chaleureux. Accueil valaisan super sympa, chaleur difficile à quitter car le vent soufflait bien sur la crète qui suivait. Il fallait bien cela avec les 1700m de descente interminable sur La Douay. Un exemple....malheureusement unique...de bon ravito d'altitude sur cette course.
Champex : parfait. Ils utilisaient la tente de l'UTMB (négocié avec le loueur) donc, pour 200 coureurs, vous imaginez le confort. Des douches chaudes (ça, j'avais prévu et ça m'a été précieux), de la nourriture chaude, une vraie base vie sympa. Là aussi, par contre, il valait mieux connaître pour la trouver car, au contraire de l'UTMB, le village de Champex était un désert total.
Finhaut : dans la salle de sport du petit village. Pas très grand, mais confortable (des tapis de sport posés au sol suffisaient pour faire un petit repos (peu de bruit car peu de monde). Table de ravito par contre un peu légère après les 4 heures passées depuis Champex. C'est probablement ce qui m'a fait un peu "louper" mon propre ravito à cet endroit et qui explique que j'ai manqué d'énergie dans l'immense étape jusqu'à Salanfe.
Salanfe : une catastrophe. Le ravito dans le sous-sol du bâtiment de l'auberge, ouvert à tous les vents (et il soufflait un vent à décorner les vaches suisses), 4 ou 5 malheureuses chaises en plastique pour accueillir les zombies qui descendaient et trop peu de bénévoles (tous très serviables, sans conteste, le problème n'est pas là. J'ai eu l'immense chance d'être "pris en charge" par Elisabeth, Carole (chococaro) et son mari, qui m'ont emmené dare-dare au resto au dessus. Resto de l'Auberge de Salanfe où la propriétaire (super accueillante : on a pu utiliser son sèche linge pour sécher mes fringues) nous a dit ne pas avoir été du tout sollicitée pour le ravito (alors qu'ils le font pour le Tour des Dents du Midi). Clairement un très gros point noir.
Le reste....bin j'ai pas vu.
4. Les conditions meteo
Bon, le vendredi, parfait....
. Grand soleil (qui nous a permis de profiter du paysage fabuleux), pas trop chaud. La première nuit a été fraîche avec le vent qui se levait, mais rien de terrible (j'avais mis la veste en sortant de la Cabane de Mille, mais l'ai retirée dès le début de la descente que j'ai fait entièrement avec bon beau débardeur rouge....qui n'est pas tout neuf, Arclu!).
Le samedi : bin on est passés du "pas terrible" en repartant de Finhaut (je suis parti vers 6h) et sur la montée à Emosson (où la pluie est progressivement apparue)...au franchement très moche au passage de Barberine et Emaney (pluie soutenue et vent conséquent qui s'engouffrait dans les cols)....au brouillard glauque avec vent puissant au barrage de Salanfe.
Et enfin, à l'apocalypse à Susanfe (pour moi en tout cas). La pluie se transformait en neige à 2200m (le col est à 2502) et un vent terrible (j'ai entendu 150km/h, mais je me demande qui a mesuré) s'engouffrait depuis le versant Champéry et dévalait la pente côté Salanfe, avec toujours la neige, horizontale. Quand je suis passé, il y avait environ 5cm de neige et la trace commençait à disparaître sur les dalles de schiste du haut du col.
Sans exagérer : tout ceux qui, comme moi (et eejit) sont passés au Col à ce moment là....ont risqué leur vie, je pèse mes mots. Du côté montée, le passage avec les barres rocheuses doit déjà être très difficile en temps normal, mais avec la neige qui commençait à tenir, c'était extrêmement glissant et donc risqué. Le pire étaient les dalles de schiste du haut. Elles doivent être normalement sans problème, mais on était balayés par le vent qui était tellement violent qu'on pouvait parfaitement être déséquilibré en arrière et glisser.....sans vraiment de possibilité de s'arrêter. Le vent était tellement violent que je ne pouvais pas redescendre au début (on fait 50 mètres sur la crète du col avant de franchement redescendre).
Résumé : il ne fallait pas faire passer les coureurs à cet endroit, à ce moment.
Dans la soirée, tout est redevenu normal : à 20h, on voyait les sommets (tout blancs) et il ne pleuvait plus.
En résumé : il fallait arrêter (ou dévier) la course....à Salanfe. L'arrêter à Champéry était totalement inutile.
5. La gestion par l'organisation
Amateur est le premier mot qui me vient à l'esprit, je suis désolé de le dire ainsi. Sans aucun conteste, organisés par des passionnés qui voulaient faire partager leur amour du trail et de leur région. L'impression donnée est, cependant qu'il y a beaucoup à apprendre (je ne connais aucunement les organisateurs et leur background : s'ils lisent tout cela, je voudrais vraiment éviter qu'ils prennent ceci comme une agression).
Je n'ai pas au l'impression qu'il y avait une communication fiable entre les postes, elle semblait reposer uniquement sur les téléphones portables (et le réseau est quasi inexistant à Salanfe.....et il n'y a évidemment rien en haut des cols). Même à Champéry, quand je suis arrivé, le bénévole n'avait aucune idée du nombre de coureurs qu'il lui restait à pointer après moi (il devait y en avoir très peu).
Une course sérieuse utilise des radios (en mettant des relais là où il faut, car la communication radio est tout un art). Là, je n'en ai vu et entendu aucune.
Pas de bénévoles en haut des cols de Barberine, Emaney et Susanfe (l'orga dit qu'il y en avait là-bas, je ne les ai pas vus).....mais il est vrai que les conditions hallucinantes ne permettaient à personne de rester dehors...mais pas de tente, pas de signal. RIEN.
Aucun bénévole vu entre Emosson et Salanfe. Même pas à l'alpage d'Emaney entre les deux cols où il y a des cabanes et de quoi monter un mini point de check, voire même un ravito (boby69 m'expliquait qu'il y a un chemin 4x4 qui y parvient).
L'organisation disait avoir quelqu'un pour sécuriser le Pas d'Encel. JE N'AI VU PERSONNE. Je suis passé en pleurant ma mère car mes jambes me soutenaient mal, mais je n'ai vu personne (au moins pour checker si personne ne tombe dans le ravin). Pas de sécurisation supplémentaire du passage, il m'a semblé.
Le comble, je pense a été d'entendre dire que l'organisation aurait arrêté les coureurs à Champéry *parce qu'ils n'étaient pas assez expérimentés*. Si cela a vraiment été dit....c'est vraiment faux.Les personnes que j'ai vues sur cette course étaient, comme je l'ai écrit plus haut, des habitués des courses longue distance en montagne (je me considère partiellement dans ce cas même si j'ai encore à apprendre). Les coureurs étaient très bien équipés et n'avaient besoin de personne pour leur expliquer qu'il fallait s'équiper. Et la plupart étaient en meilleur état que moi.
Un petit exemple de ce que je considère comme léger : la bénévole (tout à fait sympathique) qui accueillait chaque arrivant à Salanfe en lui suggérant....d'abandonner. Si la course n'est pas arrêtée, on ne fait pas ça. On accueille les coureurs, on les aide à se retaper et....si on voit qu'ils sont à la rue, on fait intervenir l'équipe médicale (pas sûr qu'il y en avait une à Salanfe). Quand on repartait, elle nous demandait certes si on était prêt à des conditions difficiles (je l'étais : j'étais remonté comme un coucou suisse alors que 1h avant, j'étais à deux doigts d'abandonner...et que pendant 45 minutes, j'ai oscillé entre abandon et continuation). Je suis certain qu'elle n'avait aucune idée des conditions REELLES du hait du col. Comme l'a écrit plus tard Vik, effectivement, c'est difficile de généraliser sur l'ensemble de l'organisation, mais pour un chef de poste, on avait l'impression que le briefing à une situation de crise n'avait pas bien fonctionné....
Je conteste donc ce qui a été dit (et écrit sur leur page FB). Pour ma part, même si en arrivant à Champéry, je ne savais pas si j'abandonnais ou pas (mais ma Super Suiveuse m'aurait requinqué j'en suis certain maintenant), je me considère comme un finisher. Je devrais en ce moment même être en train d'en terminer. Dire en plus qu'on AVANCE la barrière horaire est encore plus déconcertant. Au pire, on assume sa décision et on dit que la course est neutralisée. Mais après, il faut expliquer pourquoi la course est neutralisée alors que......les conditions difficiles disparaissent.
Il aurait en fait mieux valu activer un parcours de repli (mais il fallait en avoir un de prêt) entre Salanfe et Champéry, quitte à le faire en milieu de course (car les premiers semblent avoir passé Susanfe sans trop grosses difficultés). Je répète : nous avons été mis en danger, et je pèse mes mots.
En conclusion : tout cela, y compris l'amateurisme apparent de l'organisation (manifestement une bande de copains qui a manqué de bénévoles), est perfectible. Et cette course pourrait devenir *en l'état* une superbe couse-référence dans ce coin, notamment en y impliquant plus les ressources locales (municipalités, propriétaires de cabane, même si en Suisses, les cabanes ne sont pas les reffugios valdotains).
Mais je serai formel : si je rate encore le tirage du Tor, JE NE M'INSCRIRAI PAS A LA 360 (Antoine, l'écureuil, vous prenez note?). Tant pis, je serai patient une année de plus, je me referai certainement une Échappée Belle. Si l'orga de la Swisspeaks revenait à la raison, peut-être conseillerais-je de la faire, peut-être même envisagerais-je de la refaire (vraiment, vraiment, le parcours est beau, et les gens rencontrés sont adorables.....et même les organisateurs que je trouve avoir été un peu dépassés, méritent mieux que cela et mieux que mes critiques ci-dessus).
Une course ne se construit pas en une fois. Cela doit mûrir, apprendre des éditions précédentes, se bonifier avec le temps, consolider une équipe (travailler par exemple sur la comm' avec un site digne de ce nom, et une communication avant-course plus élaborée). Il y a un potentiel énorme dans cette Swisspeaks et je leur souhaite de tout coeur de le concrétiser.
Sur ce....j'ai un récit à faire....(je remettrai cela dans le récit, comme une conclusion, afin que ça profite aux lecteurs futurs).
Merci à tous pour les encouragements, pour le relais (même cahotique) du Bouzin et des messages de ma Super-Suiveuse. Merci à Carole et à sa famille pour leur accueil et leur soutien moral à Salanfe. Et merci évidemment à ma Suiveuse qui était prête à m'emmener au bout, pour qu'on finisse tous les deux cette course.