Récit de la course : 2T2M - 40 km 2024, par defi13

L'auteur : defi13

La course : 2T2M - 40 km

Date : 28/4/2024

Lieu : Montlignon (Val-d'Oise)

Affichage : 339 vues

Distance : 42.5km

Objectif : Se dépenser

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2 autres récits :

2T2M 40

Le 2t2m ou trail tour du massif montmorancéen dans sa forme longue.

Je connais ce secteur pour en avoir fait plusieurs fois le tour souvent en hiver et parfois au printemps. En hiver c’est probablement le secteur de trail le plus difficile en Île-de-France, principalement en raison d’une boue permanente et persistante. Les courses du secteur sont connues depuis longtemps et depuis quelques années de nouvelles ont fait leur apparition et se sont taillé une belle renommée dans le Val d’Oise. On dénombre désormais le Maxicross, les Marcassins, les 40 bosses, les Châtaignes et d'autres moins longues.

J’ai commencé le trail long en 2014 par les Marcassins et j’avais réédité l’année suivante sur le même parcours. Mes souvenirs de ces courses sont essentiellement liés à la difficulté de progresser dans un environnement hivernal très hostile : boue, froid et obstacles à répétition.

Depuis quelques années, j’évite soigneusement ces rendez-vous pour 2 raisons principales : courir les spaghettis ne m’enchante plus (on va chercher une pente raide, puis on descend 400 mètres plus loin et ainsi de suite pour tirer le maximum de dénivelé du massif forestier) ; des abrutis ont pris la fâcheuse habitude de débaliser ces courses – voire pour les plus débiles d’entre eux rebaliser les parcours pour désorienter les coureurs). Du coup, ce 2T2M n’était absolument pas prévu au programme, mais voilà 2024 est pour moi une année de trail et le Techni Trail de Tiranges approche à grands pas. Je savais qu’il fallait que je pose une course entre le trail du Mont Ventoux et le TTT pour me préparer doucement à cette échéance. En revenant du Ventoux justement, le groupe d’amis me l’a proposé et après des hésitations pour les raisons évoquées ci-dessus, j’ai fini par cliquer. Dans le cadre de la préparation pour le TTT justement, je me suis dit que poser un 40k avec 1700d+ un mois avant l’épreuve serait plutôt une bonne idée et surtout me relancerait dans la compétition plutôt que de m’infliger une rando course de 5h comme me le proposait le plan que je suis. J’ai guetté les prévisions météo depuis quelques jours. Je me disais aussi que ce 2t2m pouvait être une bonne préparation pour Tiranges en ce que le TTT est un tracé sinueux de montées et descentes très sèches de +/-300 à 500d+ et non pas des KV alpins, du coup assez similaires au parcours du jour, toutes proportions gardées car aujourd’hui, la plus grosse côte devrait avoisiner les 80d+. Le travail d’usure et de sape devrait – du moins je l’espère – m’être profitable.

Si mars et début avril ont été calamiteux en Ile-de-France avec des précipitations fréquentes et denses, en cette fin avril on reçoit moins d’eau et le vent présent assèche tout doucement mes terrains d’entraînement. Je m’attends à un terrain gras d’autant plus que sur les 3 jours précédant la course, il a plu la nuit et l’après-midi du samedi veille de course.

L’idée est d’essayer de faire un chrono inférieur à 05h00. Comment en suis-je venu à ce chrono ? J’ai pris comme base mon dernier Maxicross que j’avais couru en 2019 en 4h54 pour 40km et 1700d+, j’ai estimé qu’il y aurait moins de boue qu’en février (−5 minutes), que mon niveau avait progressé depuis 2019 (−10 minutes), et je me souvenais avoir été assez gêné par les concurrents des autres distances sur la fin du parcours et avoir baissé les bras et la tête (−5 minutes encore). Cette fois-ci la course devrait mieux se passer, mais durer 3 kilomètres de plus (+21 minutes), voilà à la louche le résultat de mon équation.

Pour en revenir au plan d’entraînement, il est toujours exigeant et je ne souhaite pas décharger la semaine précédant le 2t2m, en conséquence j’adapte ma semaine en fusionnant la sortie spécifique trail de 1h30 du samedi et la rando-course de 5h du dimanche en une sortie unique ce dimanche 28 avril et je signe un peu à reculons pour ce 2t2m. Je pars donc dans un état d’esprit « normal » en ayant couru 3 fois 12,5km cette semaine pour au total 500d+. La dernière sortie a eu lieu le vendredi midi, je sais déjà que je ne serai pas frais ni physiquement ni mentalement.

Sur la route pour m’y rendre, je me dis que ça fait partie de l’apprentissage et que les bornes et le dénivelé pris ce week-end me seront utiles pour de futures échéances. Je me répète le crédo d’avant course : « c’est une course de préparation ». J’ai du mal à l’accepter, car d’habitude je planifie les courses auxquelles je veux participer et je me présente sur la ligne de départ frais avec une grosse motivation et l’envie d’en découdre. En plus, je me dis que ce rendez-vous francilien va attirer de nombreux trailers et que ma performance en sera en plus dégradée...bref la motivation est au point mort.

Les courses du jour sont nombreuses et de longue distance (un 80k parti à 05h00 ; un 60k parti à 06h00 ; un 40k à 08h00 et enfin un 20km à 10h00). Après m’être garé sur le parking du château de la chasse, je me dirige vers l’aire où sera donné le départ. Il s’agit du domaine de la Mayotte. Il y a des espaces verts, des sentiers agréables et des maisons de maître ainsi que quelques dépendances. Je vais retirer mon dossard au chaud puis me change avant de laisser mon sac à la consigne. C’est organisé au cordeau et il n’y a pas d’attente.

Il fait frais, mais pas froid. J’ai décidé de courir en short, en tee-shirt avec des manchons pour me couvrir les avants bras. Pas mal de trailers ont fait le choix de la tenue d’hiver ou de la veste de pluie. A la maison j’ai fait les fonds de tiroirs pour trouver de quoi tenir pendant ce trail. Mon sac à dos emportera 2 flasques de 500ml de boisson isotonique, 2 gels et 2 pâtes de fruits. Il y aura 2 ravitaillements sur ce 40k (qui fait 43km précisément pour 1700d+). Le premier est situé au 10ᵉ kilomètre, assez tôt dans la course, trop tôt même , mais il ne faut absolument pas le négliger, car le suivant est installé au 32ᵉ kilomètre ! 21Km sans eau ni ravitaillement donc méfiance… D’ailleurs ce point de vigilance sera souligné par Aurélien COLLET qui assurera le mini-briefing d’avant-course. Je débute mon échauffement sans grande conviction, footing, gammes, accélérations, je ne sens pas un grand enthousiasme et le cardio ne monte pas suffisamment… Je repère le final qui nous fait remonter une volée d’une trentaine de marches depuis le bas du domaine, un air de Templiers ! Après presque 30 minutes je m’étire un peu et je me rapproche de l’arche du départ. Plus que 5 minutes. Personne ne s’approche vraiment de l’arche, je suis en première ligne sans autres coureurs autour de moi, bizarre on dirait que personne ne veut prendre les devants ! Un coureur portant les couleurs de la Société Générale se fait le même constat que moi, pas besoin de jouer des coudes pour bien se placer pour une fois ! Aurélien COLLET nous souhaite une bonne course et nous indique que le terrain est très boueux…

L'arche d'arrivée

 

Un premier quart sans jus

3, 2, 1, partez, Aurélien ouvre la course en VTT et nous dévalons une pelouse rendue grasse par les passages de centaines de coureurs avant nous. Je suis en première position sans même forcer. Après 100 mètres, un coureur me passe et je reste sagement derrière lui sans forcer l’allure. Après quelques centaines de mètres, on traverse la rue de Paris pour passer au parking où sont garées nos voitures. Cette première boucle de 10km pour plus de 400d+ va nous emmener sur un côté du massif, nous passerons à côté de la tour hertzienne TDF du fort de Montlignon, l’édifice est assez impressionnant on le voit de très loin et il est bâti sur une belle bosse qui offre une vue dégagée. En revanche pour y grimper, nous sommes à découvert et prenons le vent de face. L’impression de fraîcheur est réelle, et pourtant nous sommes à la fin avril. Depuis le départ, une grappe de coureurs m’ont dépassé. J’estime être passé de la 2ème à la 30ᵉ position en 5 petits kilomètres. Je sens clairement que je suis dans un jour sans, je dois faire contre mauvaise fortune bon cœur et me répète le credo du jour à l’envi : c’est une course de préparation  ! Je n’ai pas de force dans les jambes, et la dynamique de course n’est pas là, toutefois je n’ai non plus l’impression de me traîner, ni d’avoir des jambes dures. Cette sortie ressemble à un entraînement de la semaine : des kilomètres dans pousser le curseur trop haut pour pouvoir absorber les sorties suivantes. Le cardio monte sans atteindre les zones dangereuses : un peu plus de 150 bpm pour les montées toniques et entre 133 et 140 pour les zones roulantes.

Le balisage est plutôt bon, très bon même. On n’a jamais de doutes sur les intersections à emprunter et il est globalement très présent. Malgré cela, après un peu plus de 6 km, je vois déboucher une grappe de coureurs de ma gauche… ils sont au moins une quinzaine dont une féminine… grrr… je peste intérieurement, en me disant que je me suis peut-être trompé ou alors ce sont eux… mais non, je me retourne et vois pas mal de coureurs qui me suivent et même une balise pas loin derrière moi. Pff, d’où débarquent-ils ?! Je me répète le credo du jour, mais quoi qu’il en soit ça me mine un peu. Je continue ma course la mine un peu renfrognée et me répétant que ce secteur est vraiment propice aux erreurs de parcours et débalisages et que ce que j’avais déjà vécu sur le trail des châtaignes et d’autres sur le dernier 40 bosses se reproduisait à nouveau. Pendant cette première section, je décide de boire ma flasque de gauche d’un demi-litre de boisson isotonique pour préserver celle de droite lors de la prochaine section. Je mange également ma première pâte de fruits après 30 minutes de course.

Au kilomètre 10 nous sommes revenus sur le domaine de la Mayotte où était organisé le premier ravitaillement. Je suis badgé en 1h02, le chronométrage live me place en 66ᵉ position ! Heureusement que je ne le suivais pas pendant ma course heureusement sinon j’aurais fait une crise cardiaque. Il y a clairement eu des coupes par les coureurs devant moi, car à aucun moment je n’ai vu plus de soixante coureurs me passer devant !

Je décide de prendre un peu plus de temps que de coutume comprenant que ce checkpoint est important. Je mange 2 morceaux de banane, un bout de gâteau, et un mini sandwich au beurre de cacahuètes. Ce ravitaillement est sacrément achalandé, jugez plutôt : chocolat au lait, noir, sandwichs au Nutella et au beurre de cacahuètes, tucs, cacahuètes, quatre-quart, madeleines, compotes, bananes, saucisson, j’en oublie sûrement. C’est vraiment agréable au regard. Côté boisson, il y a du coca, de la St-Yorre et de l’eau plate.

Je remplis ma flasque de gauche de St-Yorre et repars tranquillement. Même sans rechercher la vitesse, je remarque que je repars toujours plus vite que de nombreux concurrents. J’aurais passé 2 minutes sur place.

Pendant le kilomètre suivant je dégaze ma flasque à 5 ou 6 reprises tant le ballottage la fait gonfler. Ce ravitaillement m’a fait du bien et je suis souriant. Il va se produire un déclic assez inattendu, je retrouve une envie et mes jambes tournent plus naturellement à présent. Je passe des concurrents et avance à bon train. Le cardio est assez haut en montée et redescend bien sur les parties roulantes sans s’effondrer. C’est assez plaisant. Je me dis que je vais contrôler cela dans 2 bonnes heures, car j’ai déjà remarqué qu’après un effort long mon cardio s’effondre, la dérive est telle qu’il ne dépasse plus les 130 bpm après les 2/3 des courses longues.

 

Le déclic se produit 

Très vite, on va longer une première fois l’étang et le château de la chasse, c’est un point de vue assez joli dans l’écrin de verdure de la forêt, il est encore tôt, peu de promeneurs sont dans le secteur. Je vais croiser assez peu de randonneurs pendant la course, hormis un ou deux groupes très disciplinés et qui partagent les sentiers intelligemment. En revanche je suis dépassé par un cycliste sur un gravel qui dévale un faux-plat descendant que nous empruntons à 25 ou 30km/h en nous frôlant… grrr… ma remarque sur son comportement ne le fait pas sourciller. Un peu plus loin un groupe de 3 autres qui slaloment entre nous, et là ma remarque le fait réagir vivement, je passe pour un emmerdeur alors qu’ils nous font prendre des risques en maintenant une allure élevée en croisant des coureurs… décidément on n’est pas tous nés avec le même sens du partage.

La suite du parcours contourne globalement l’étang de la chasse en s’éloignant de 3 kilomètres puis en revenant vers lui plus au nord et en grimpant et dévalant des tas de spaghettis ce qui ne m’enchante guère. Le terrain est affreux, cette deuxième partie est boueuse à souhait, avec non seulement de la boue liquide qui rentre dans les chaussures et arrose nos jambes, mais il y a des flaques, des mini-mares d’eau noire, et on rencontre aussi de la glaise gluante, collante, glissante. C’est un cauchemar, je connaissais les châtaignes d’automne, le Maxicross d’hiver, et voilà le 2t2m de printemps… Mes baskets sont uniformément noires, recouvertes d’une coque brillante, molle. A chaque pas de plus, ce sont des éclaboussures, des morceaux de bois de terre qui les recouvrent ainsi que mes jambes. Parfois dans les montées sévères je m’aide de mes mains alors elles aussi s’assombrissent. J’ai croisé des trailers avec des bâtons, franchement ce n’est vraiment pas l’endroit idéal pour les sortir. Les sentiers sont trop étroits, les obstacles latéraux sont trop fréquents, la boue omni-présente.

Par endroit les coupes sévères des exploitants de bois ont laissé des balafres et des plaines de désolation. J’ai du mal à comprendre comment cette forêt est gérée, comment peut-on croire qu’en coupant des centaines d’arbres centenaires ou presque et en les remplaçant par des embryons d’a peine 30 centimètres, on mise sur l’avenir, en tous cas c’est un avenir que nous ne verrons pas, nos enfants et petits-enfants oui, mais pas nous. Et évidemment ces exploitants laissent derrière eux des morceaux, des pieux, des tranches, rien n’est déblayé à part évidemment leur précieuse ressource. Dans ces conditions, notre trail devient même dangereux en cas de glissades incontrôlées qui sont nombreuses. Pas de chute pour moi cette fois-ci, mais j’en ai été très proche à 2 reprises.

Vers le kilomètre 14 on atteint le fameux M, un double enchaînement montée / descente bien connu des trailers franciliens. L’avantage c’est qu’une fois en haut, ça ne glisse pas trop, la zone est même un peu sableuse ce qui renforce l’adhérence. Je passe l’obstacle sans encombre, me rappelant même qu’il y a quelques années c’était plus complexe à franchir.

Vers le kilomètre 16 au niveau d’un carrefour, on croise des coureurs qui partent dans une mauvaise direction alors que le balisage est clair et évident. On les appelle pour leur signaler leur erreur, ils ne se retournent même pas, on insiste, mais toujours rien…bel état d’esprits ! Le coureur qui me précède me dit qu’ils avaient l’impression d’être déjà passés par là… c’est à n’y rien comprendre, enfin ce que je comprends moi c’est que les courses du secteur rencontrent toujours les mêmes problèmes.

 

Le 3ᵉ quart sans pépins

Au kilomètre 20, nous revenons au château de la chasse que l’on voit mieux maintenant. On perçoit beaucoup de bruit à l’approche. Un coup d’œil au chrono : 2h13 se sont écoulées depuis le début de la course. Je remarque une foule énorme au bout du sentier et des signaleurs qui envoient tout le monde dans un sentier… Ah… pourquoi n’ai-je pas accéléré un peu plus ?! On se retrouve englués dans le ventre mou du 20 km. Pendant les dix minutes suivantes on va doubler des dizaines de coureurs et coureuses, parfois à la loyale, parfois limite-limite en marchant sur le côté, en piétinant les bords du chemin, en jouant des coudes. Je m’excuse autant de fois que je peux, mais je dois avancer. J’ai à l’œil un concurrent du 40k avec qui on se tire la bourre. Quand il parvient à dépasser 5-6 trailers, je ne dois pas perdre trop de temps à le faire à mon tour, alors je frôle un concurrent qui a peur de s’engager ou une autre qui prend son temps à l’approche d’une flaque. Tout cela se fait dans la bonne humeur et la bienveillance, pardon, merci, je passe à gauche, bonne course. J’estime ne pas perdre trop de temps à peine une petite minute, 2 tout au plus pendant les 5 premiers kilomètres du parcours de 20k. Je suis assez lucide pour le remarquer, du coup pas de coups de butoir ni d’accélérations déraisonnables pour reprendre des places. Je regarde mon cardio qui me conforte dans l’idée que la forme revient et que ça pourrait être une belle journée sportive, mais la course est encore longue. J’avale mon premier gel TA et pense à boire régulièrement de ma flasque de boisson isotonique à droite.

On dépasse quelques concurrents du 80k (dossard à fond noir) et plus rarement ceux du 60k (dossard à fond rouge). L’enchaînement de spaghettis se poursuit encore et encore. La glaise à foison, la boue, les mares et ruisseaux s’enchaînent. Durant ce bel enchaînement je remarque que mon cardio se maintient toujours dans les zones d’effort élevé en côtes et relatif sur les sentiers faciles. Les sentiers larges sont rares il faut le dire. On emprunte dans 90 % des cas des mini-sentiers à peine plus larges d’une monotrace, mais tortueux, torturés, vicieux, en dévers, qui font souffrir nos muscles et tendons et notamment les adducteurs qui compensent en permanence les déséquilibres. J’y pense maintenant, je ne souffre pas de crampes, c’est une bonne chose. Je continue de m’hydrater régulièrement en piochant maintenant dans la flasque de St-Yorre. Je m’accroche maintenant à des coureurs du 20k de bon niveau. Il y a un couple devant moi dont l’homme mène la danse tandis que sa femme est 10 mètres derrière. Il imprime un bon rythme. Elle s’accroche à lui et je m’accroche à elle. Sur des pentes régulières elle trotte plus longtemps que moi, et je repasse à la marche beaucoup plus vite qu’elle. Ce petit ballet va durer presque une demi heure. Ce n’est qu’à la faveur d’une rare piste forestière bien large que je peux reprendre une allure de 5’00’’ au km voire moins et je les dépose sans peine. Mes entraînements payent, enfin c’est surtout la régularité. Pour la première fois depuis 15 ans de course à pied, je vais atteindre les 1000 kilomètres au cours du premier quadrimestre de l’année. L’enchaînement de deux préparations m’a fait beaucoup de bien, même si celle du Ventoux a été particulièrement dure. Je mange ma deuxième pâte de fruits pour ne pas manquer d’énergie.

Kilomètre 29, on s’engage tous dans une allée avant de voir tout un troupeau de coureur revenir face à nous… derrière nous un coureur nous appelle, on a tous loupé une intersection alors qu’elle était parfaitement balisée ! 200m de perdus au moins, mais je suis content de voir que ça m’importe, je suis dans le coup, j’ai envie de me battre !

 


Un final difficile

L’eau commence à manquer, mais je sais qu’on approche du ravitaillement. Il fallait gérer prudemment si on ne voulait pas se trouver à court. Nous arrivons à ce fameux ravitaillement du 32ème kilomètre. Je suis badgé par une bénévole, 3h36 pour 32 kilomètres, ce n’est pas mal compte tenu des conditions ; je suis en 21ᵉ position, mais je l’ignore. Sur cette section, j’ai repris 45 places !

Je décide de ne pas le négliger, mais j’ai une idée derrière la tête. Je sais qu’il ne restera que 10 petits kilomètres derrière et stratégiquement je pense faire un ravitaillement éclair. Je prends donc à la volée une madeleine, un morceau de quart-quart, je bois un fond de flasque de coca, puis je la remplis de nouveau. L’autre sera remplie d’eau plate. J’ai déjà testé ce genre de stratégie au Sparnatrail et ça m’a réussi. Sur une fin de course, miser sur du coca peut aider à assimiler rapidement du glycogène. En repartant je fais mes calculs et me dis que le sub-5h est jouable, même en subissant un coup de bambou.

Je repars donc de bon pied avec l’idée de tout donner. Les sections plates sont rares, mais lorsqu’elles sont là je relance allègrement et cela me donne le moral. La fin n’est pas si facile, entre les murs à escalader, les descentes glissantes à souhait, il faut avoir le moral solidement accroché pour ne pas laisser filer la cadence et décrocher inexorablement. Je bois régulièrement une ou deux gorgées de coca pour continuer à avancer et garder l’envie de me battre. L’allure est constamment hachée, par les montées, descentes ou obstacles, car il y a régulièrement des troncs qui barrent les sentiers (tiens ceux-là les bûcherons ne les ramassent pas !).

Nous revenons enfin vers le domaine de la Mayotte et y pénétrons, on fait le tour du bâtiment principal avant de remonter les marches et de franchir l’arche d’arrivée. Je m’assieds un instant, exténué, je jette un œil au chrono, 4h46 pour ces 42,5 km et 1750d+, c’est très satisfaisant. Je me lève jusqu’à la table où sont offert les lots finishers, j’ai droit à un petit souvenir en bois sur un socle, un tee-shirt compressif.

Je prends une première bouteille de ST-Yorre et file aux douches. C’est raté pour cette fois-ci, les coureurs du 40k et du 20k qui m’ont précédé et ont eu la même idée que moi ont complètement bouché les évacuations. Les salles d’eau sont véritablement inondées et noires de terre. J’enlève mon haut sale et j’enfile un tee-shirt et un sweat propre. Je passe à la salle de repas, où je m’offre une deuxième St Yorre, le plateau repas est généreux avec une macédoine, des lasagnes saumon-épinards, un part de clafoutis et une pinte de bière ! En cours de repas, je vais rechercher sur le live et je constate que je suis classé 18ᵉ au scratch et 3ᵉ M2, c’est inattendu et une excellente nouvelle ! Je ne m’attendais pas à faire une aussi belle deuxième partie de course et qu’autant de coureurs décrochent à l’avant de la course.

Je repars tranquillement 1 heure plus tard globalement satisfait de ma course. L’organisation est très soignée, on voit que la bande à Aurélien est rompue à l’exercice. Le site d’accueil aussi contribue beaucoup à l’ambiance réussie. Le repas et les ravitaillements étaient parfaits. Le balisage notamment était beaucoup plus marqué que dans mes souvenirs, sans doute l’envie de mieux faire. Je reste toutefois déçu par ces tracés dans ces massifs forestiers du Val-d’Oise où tous les sentiers tortueux se ressemblent. Il y a aussi à mon goût encore trop de coureurs sur ces courses. C’est sans doute mon indigestion spaghettis, mais heureusement beaucoup de coureurs les affectionnent et y retourneront. J’ai hâte de retrouver de grands espaces et des vues dégagées et avant tout chose, des terrains secs ! Cette course m’aura préparé à la suite de la saison, j’en suis certain.

 

6 commentaires

Commentaire de philippe.u posté le 29-04-2024 à 20:45:10

Bravo pour ta course et ce récit détaillé ! J'arrive 10min derrière toi satisfait de ma course également. Le balisage était effectivement plus dense qu'à l'habitude et je n'ai vu aucun coureur se tromper (délibérément ou non).
Perso ça m'a bien fatigué lorsqu'on a retrouvé le gros du peloton du 20k, avec 2 gros embouteillages et des ralentissements constants sur une dizaine de km. En le sachant j'aurai sans doute fait l'effort d'aller un peu plus vite au départ, à moins qu'au contraire cela m'ait permis de temporiser pour mieux finir...
En tous cas, on peut difficilement faire mieux en IDF que ces incessants spaghetti pour préparer les trails de montagne, c'est bien pour ça qu'on y retourne.

Commentaire de defi13 posté le 30-04-2024 à 11:33:05

merci @philippe.u effectivement, après récupération, je trouve que ce genre de course est extrêmement profitable au coureur francilien qui peut doucement commencer à préparer les échéances estivales. Le choix des distances variées permet lui aussi à chacun d'adapter la course à son objectif à venir. Le travail musculaire est très appréciable, car ce n'est qu'après une course similaire que j'ai du mal à descendre les escaliers pendant 3 jours. J'ai pu parcourir ton historique de courses, c'est impressionnant, bravo ! Tu as quelle(s) course(s) dans le viseur cet été ?

Commentaire de philippe.u posté le 30-04-2024 à 21:52:47

Cet été ça sera la TDS pour découvrir le grand barnum et mon portefeuille.

Commentaire de S4m posté le 30-04-2024 à 15:25:29

Bravo pour ta course ! Je finis loin derrière (6h29). J'ai vraiment souffert de la boue et d'un manque de forme global (fatigue et manque de prépa). Comme je m'y attendais, mes pieds ont souffert puisque j'ai ressorti de vieilles MT7 pour évoluer dans la boue (plutôt que mes ultra glide dont la semelle est devenue quasiment lisse). Pour ne rien arranger, je me suis fait avoir comme un bleu par le manque d'eau entre les deux ravitos. Ca me servira de leçon.
Comme tu l'évoques, je fais partie de ceux pour qui cette course était une course de prépa (pour l'UT4M master 100). Je me suis inscrit la semaine précédente, donc je me satisfait d'en sortir sans bobo mais cela me confirme qu'il y a encore du boulot ! :)
Je me rends compte qu'en raison du parcours forestier et des conditions boueuses, j'ai passé ma course la tête baissée pour trouver mes appuies. Je ne peux pas dire que j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir.
Je partage ton observation sur la qualité de l'orga ! Pas grand chose à redire (accès et parking, retrait du dossard avant le départ, consigne, repas, T shirt a priori de qualité). Concernant le balisage, clairement il était soigné mais perfectible. Comme tu le dis, c'est un parcours spaghettis (qui plus est, boueux pour cette édition), qui nécessite un balisage parfait. J'en ai été victime et j'ai vu plusieurs coureurs partir dans la mauvaise direction (notamment quand on apercevait des coureurs au loin sur le même chemin alors qu'il fallait tourner pour faire un détour).

Commentaire de defi13 posté le 30-04-2024 à 18:19:31

effectivement la distance entre les 2 ravitos était importante, cela m'a pris 2h40 ! Mes 2 flasques de 500ml étaient vraiment un minimum, et encore nous avons eu des conditions humides qui ne donnaient pas trop soif. Un sacré défi t'attend avec l'UT4M100 !! Je l'ai aussi coché sur ma liste des trails à faire début juillet, et en septembre il y avait le Petit Saint-Bernard ou le trail des Aiguilles Rouges, bref plein de possibilités. Le Queras est magnifique aussi !

Commentaire de Shoto posté le 30-04-2024 à 22:59:37

Sympa ton récit. Bravo pour ton chrono et ta place. Tu as bien performé. Je finis bien fatigué plus de 2h30 après toi mais au moins je n'ai pas rencontré tes bouchons des coureurs du 20 km :-)) J'ai vu aussi pas mal de coureurs se tromper ou peut-être tricher. Ca gâche un peu le plaisir de la course. En tout cas malgré la boue j'ai bien-aimé le circuit et l'organisation sympathique de Aurelien et ses amis. Aurélien est très sympa.Bon courage pour tes prochaines courses et encore merci pour ton CR très complet.

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