L'auteur : Francois dArras
La course : Trail Bullygeois des Poilus - 31 km
Date : 15/3/2009
Lieu : Bully Les Mines (Pas-de-Calais)
Affichage : 3736 vues
Distance : 31km
Objectif : Pas d'objectif
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13 autres récits :
Une chose est sure, le Trail des poilus ne sera jamais une course comme les autres pour moi. A plus d’un titre.
Flashback
2006
J’ai arrêté le rugby depuis un an et je m’essaie à la course à pied sans grande motivation et donc trop irrégulièrement. Quelques petites courses à mon actif avec chronos minables à la clef mais j’ai aperçu quelques lueurs d’intérêt lors des « premières » : 1er départ, 1ère ligne d’arrivée, 1ère transbaie…
...mais dans le monde de la course je me sens encore un peu étranger :
« comme De Villiers à Mikonos
comme une baleine dans Microcosmos
comme Soljenitsyne à la fête de l’huma
comme Dark Vador au sauna
comme un slip dont se serait la fête
Mickael Jackson dans une maison de retraite
comme George Bush à l’etranger
comme Cauet sur Arte »
(big up aux Fatals Picards Seul et célibataire)
Et c’est dans ces conditions que je reçois au travail les affiches d’une nouvelle course passant sur mon territoire : le trail des Poilus
Le nom sonne comme un appel pour moi qui passe une partie de mon temps à expliquer pourquoi et comment des milliers de pauvres gars se sont docilement entretués sur ces collines et pourquoi il est indispensable de ne pas les ranger au fond de la malle à souvenir.
Une course sur mes chemins, en hommage aux poilus : « c’est pour moi ! » me dis-je immédiatement avant de rester bouche bée devant le descriptif : 38 km / 700 D+ / en hiver / dans des chemins boueux
« mais c’est pire qu’un marathon !!!!!!!! »
« qui peut faire ça ????????? »
« certainement pas moi !!!!! »
« faut-être malade !!!!!!! »
2007
Depuis un an je me suis inscrit dans un club pour m’obliger à courir régulièrement, une dizaine de courses à mon actif et un premier semi, les progrès sont notables. J’ai aussi découvert le plaisir de courir en groupe voire entre amis : « ainsi la CAP ne serait pas totalement un sport individuel(aliste) ? ».
Le trail des poilus refait son apparition dans les calendriers sous une forme différente il est désormais « bullygeois » (en alternance une année sur deux la course change d’organisateur, de point de départ et donc de parcours mais sur le même secteur). Autre nouveauté : une version « petits joueurs » de 23 km et 350 D+ : « juste un peu plus qu’un semi donc c’est (petit) jouable ». La participation annoncée de mon ami le ragondin renforce ma motivation : c’est décidé j’essaie le trail.
11 mars 2007 vers 11h30 : j’ai 20 km dans les pattes, il en reste 5 qui me paraissent interminables, j’ai la nausée dès que je me force à courir… Il me faudra presque une heure pour les parcourir : je crois que c’est ce qui s’appelle atteindre ses limites.
J’ai beaucoup appris aujourd’hui :
- de l’utilité de l’entrainement (je sors de 2 mois d’hibernation),
- de l’intérêt d’emporter son propre ravito sur un trail (bien que celui-ci soit bien fourni en la matière),
- de la prudence de ne pas partir trop vite pour suivre les copains (qui vont de toute façon te larguer dès la première côte)
MAIS surtout
- de l’énorme plaisir que j’ai pris sur ces 20 premiers kilomètres de chemins boueux, de côtes et de descentes « courir ça peut être rigolo ! ».
2008
Le premier semestre étant consacré à d’autres émotions, la CAP est remisée au second plan.
2009
Ca y est, je suis devenu un (ki)coureur.
Le ragondin m’a fait sauter l’étape du marathon pour passer directement aux portes de l’ultra avec des trails de 54 et 58 km. Je peux donc regarder le trail des poilus dans les yeux.
Sauf que j’ai décidé de revenir vers l’objectif que je me suis fixé il y a trois ans le jour où j’ai franchis la porte du club, un dimanche matin après avoir regardé le marathon de Paris à la télé et m’être dit « yes I can ». Donc le 5 avril 2009 j’ai un rendez-vous à Paris.
Les 54 km du trail des poilus trois semaines avant ne sont donc pas compatibles pour mes petites jambes.
Mais le 31 km ? Pas très raisonnables non plus d’après les avis de marathoniens aguerris, risques de blessure, de fatigue…
Oui mais quand même, ça me tente : l’enthousiasme communicatif de Chtis lolo l’organisateur et l’éternel Ragondin qui sera là… après moult tergiversations je cède à la tentation et j’envoie au diable mes prétentions chronométriques sur le marathon, après tout le projet était de le faire pas de la faire vite ce marathon.
Poilus me voilà.
Ce dimanche 15 mars 2009, ce sera donc jour de fête car le soleil est là, le Rag aussi accompagné de GG avec qui j’ai de passé une nuit intense il y a quelques semaines (voir CR Raid normand hivernal).
Retrait des dossards, papotages, consignes, départ.
Premiers kilomètres roulants pour rejoindre les collines de l’Artois en guise d’échauffement.
Traversée d’Aix-Noulette saluée par les géants locaux et le Chti lolo, puis premières grimpettes et descentes. Jusque là on est sur le même parcours qu’en 2007, toujours aussi sympathique.
Les passages délicats tels que l’arbre couché sont largement praticable. Coup de bol la météo a été clémente et les chemins ont globalement séché.
Le premier ravito arrive puis nous quittons les collines pour une section plus roulante.
Cette partie du parcours a été ajoutée, faisant passer le parcours de 25 à 31 km, et c’est tant mieux car le bonus est 100 % plaisir. Un chemin très sympa encavé au fond mini-ravin, on a l’impression d’être dans le lit d’une rivière à sec. Très dépaysant et je suis presque vexé de ne pas connaitre ce chemin dont j’avais entendu parler mais que je n’avais jamais testé alors que j’ai habité et couru pendant presque trois ans à 3 km à vol d’oiseau.
Retour sur les collines pour une succession de grimpettes puis une prairie humide qui m’avait cassé les pattes deux ans plus tôt mais qui passe beaucoup mieux aujourd'hui.
Nous avons cette année le privilège de redescendre à nouveau au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette et de la remonter entièrement par son côté le plus raide avant d’arriver sur le plateau et ses 22 000 croix blanches de la nécropole nationale de la Première guerre mondiale (dans laquelle reposent plus de 40 000 soldats au total).
Nous basculons de l’autre côté pour redescendre vers Aix et le 2ème ravito. La bière promise est présente et j’en profite trinquer à la santé du premier du 54 km qui nous a doublé à une vitesse hallucinante il y a 30 mn.
Mon contrat s’arrête là. Il reste 7 km et nous avons trottiné avec une moyenne de 6 mn au kilo (pour nous 3 la course n’est qu’une sortie longue de préparation). Il est temps maintenant de se préserver pour garder quelques forces pour la suite de la prépa marathon, je passe donc en mode endurance pépère pour rentrer, d’autant plus que le meilleur est passé et qu’il reste des miettes de bois, la traversée du village par les voyettes de traverse puis le fastidieux retour jusqu’à Bully sur 3 km de bitume à travers les champs.
Je traine un peu la patte mais je m’accroche pour garder le rythme avec mes compagnons qui m’on finalement attendus. Embruman, 2ème du 54 km nous a doublé à 5 km de l’arrivée, il a l’air bien et maintient un rythme soutenu.
Nous passons le cap des 31 km pile en 3h15mn, ce qui était notre objectif, puis la ligne d’arrivée deux minutes plus tard et deux minutes avant le 3e du 54 km qui n’est autre que l’organisateur du Trail « ablinois » des poilus, c’est sympa de voir un organisateur courir la sœur jumelle de sa propre course.
Le reste de la journée s’est prolongé à la maison avec le Rag et sa petite famille, GG l’increvable s’en est tranquillement retourné pour honorer sa présence sur une feuille de match l’après-midi (il n’a pas abandonné le rugby lui). Seule ombre au tableau, l’humiliant match France-Angleterre a cloturé cette belle journée.
Un grand merci à Chti Lolo et tous les bénévoles souriant, dévoués et encourageant.
Epilogue
A l’heure où j’écris ces lignes je m’apprête à partir à Paris pour ce fameux marathon. Comme prévu la récup du trail a fortement compromis la fin de ma prépa et j’ai abandonné mon objectif initial de 3h30. Un seul objectif donc pour demain : prendre autant de plaisir que j’en ai pris pour ce trail des poilus.
A suivre…
(le Trail des poilus 2010 fera 44 km et j’en serais surement et en 2011 sur le long, l’objectif est lancé).
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5 commentaires
Commentaire de ArnaudP59 posté le 04-04-2009 à 15:46:00
Merci François pour ce récit qui sort de l'ordinaire entre ce Flashback, ces leçons d'histoire, d'amitiés, ...
Bon courrage pour demain.
Commentaire de JLW posté le 04-04-2009 à 16:20:00
Merci pour ton récit et en "recup" essaye de suivre (ou devancer) l'échassier ce dimanche sur le MdP.
Commentaire de chtigrincheux posté le 04-04-2009 à 19:55:00
Je l’ai toujours dit le ragondin n’est pas recommandable
C’est une région magique qui ne demande qu’à dévoiler ses secrets si on se donne la peine de les respecter.
Nos routes ne peuvent que se recroiser c’est indéniable.
Philippe
Commentaire de Rag' posté le 06-04-2009 à 10:33:00
Une constatation: tu as passé le temps à me reluquer les miches et à les prendre en photos... Ton coming-out.
Bravo pour le CR, la course et ta progression depuis 2 ans. Il y a encore beaucoup de courses à partager!
A bientôt.
Commentaire de Ch'ti Lolo posté le 06-04-2009 à 23:51:00
Salut François
Heureux que le parcours du poilus (Bullygeois ou Ablinois) ait susciter chez toi une vocation de trailer.
Désolé pour la prépa marathon un peu tronquée...
Au fait, en 2011, le grand parcours du Bullygeois devrait dépasser les 100km (en passant par quelques terrils du secteur...)
Ch'ti Lolo_finalement_on_restera_à_54km_pour_le_long!!!
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