Un trailer tué par un chasseur au Semnoz : et maintenant on fait quoi ?
Publiée le 7 décembre 2015 par Leïla Shahshahani
Samedi 5 décembre 2015, un homme de 43 ans a été abattu d’une balle dans la tête par un chasseur dans le massif du Semnoz, dans le Parc naturel régional des Bauges. C’est le deuxième randonneur tué par un chasseur depuis le début de l’automne, et l’inquiétude s’empare des montagnards alors que la chasse est ouverte jusqu’au 17 janvier en Haute-Savoie.
Le massif du Semnoz qui domine le lac d'Annecy (1 699 m) est très fréquenté par les promeneurs © Leïla Shahshahani
Le massif du Semnoz qui domine le lac d'Annecy (1 699 m) est très fréquenté par les promeneurs
© Leïla Shahshahani
L’homme qui a perdu la vie samedi dernier arpentait avec sa femme un sentier situé au-dessus de Quintal, aux alentours des 1000 mètres d’altitude, dans le massif très fréquenté du Semnoz dominant le lac d’Annecy. Il était originaire de Viuz-la-Chiésaz, une commune voisine. D’après la Compagnie de gendarmerie d’Annecy, il a été touché à la tête à 10 h 30 du matin alors qu’il faisait du trail et il est décédé sur place. Le chasseur qui a tiré est âgé de 19 ans et faisait partie d’un groupe de chasseurs de Quintal qui effectuait une battue aux sangliers. Ce dernier était situé en amont de la victime. Il a été placé en garde à vue puis présenté au Parquet d’Annecy cet après-midi, lundi 7 décembre 2015. La brigade de gendarmerie de Seynod est en charge de l’enquête.
Depuis le début de l’automne, c’est le deuxième randonneur tué dans les Alpes par un chasseur, à chaque fois dans des lieux accessibles aux promeneurs de tous crins et notamment à un public très familial. Le 10 octobre dernier, c’est un étudiant de 20 ans qui a perdu la vie dans le massif de Belledonne, au-dessus de Grenoble.
En Isère, des représentants des montagnards - la FFCAM Rhône-Alpes et Mountain Wilderness - ont déjà exprimé leurs attentes au Préfet du département dans un courrier du 16 octobre 2015. L’association Action nature rewilding France dénonce le fait que « le monde politique de droite et de gauche n’a cessé, à des vues électoralistes, de dérèglementer tout ce qui a trait à ce ‘loisir’ ». Elle fustige notamment le discours de Laurent Wauquiez, tête de liste « Les Républicains » en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans une lettre adressée aux chasseurs, celui-ci écrit qu’il « refuse que la nature puisse continuer à faire l’objet d’un excès de réglementations déconnectées des réalités du terrain et qui paralysent nos territoires ». Celui qui arrive en tête au premier tour des élections régionales avec 31,73% des voix écrit également aux chasseurs que « si nous sommes élus (…), nous serons attentifs à assurer un juste rééquilibrage des subventions qui ont beaucoup profité ces dernières années à des écologistes dogmatiques et guidés par des motifs purement idéologiques ».
Nul besoin de lire entre les lignes pour comprendre que les revendications visant à mieux encadrer la pratique de la chasse n’auront sans doute pas grand écho auprès de Laurent Wauquiez. Plus de 500 associations représentant entre autres des randonneurs, vététistes, grimpeurs et alpinistes ont signé l’ « Appel pour le dimanche sans chasse » lancé par le collectif du même nom qui estime que « 60% des accidents de chasse ont lieu le dimanche ». Le club alpin d’Annecy fait partie des signataires de cet appel.
Le débat sur le partage des espaces entre chasseurs et non-chasseurs semble plus que jamais nécessaire, en zone de montagne notamment. La Préfecture de l’Isère, que nous avons interrogée, annonce qu’un groupe de travail chargé de mener une réflexion sur le sujet est en cours de construction, sans donner plus de précisions à ce stade.
De son côté, Montagnes Magazine avait prévu de faire vivre ce débat sur la place publique en organisant une table ronde le mercredi 3 février 2016 à la Maison du tourisme de Grenoble, qui s’avère tristement d’actualité. La Fédération départementale des chasseurs de l'Isère ainsi que la Fédération régionale des chasseurs de Rhône-Alpes ont d'ores et déjà refusé notre invitation à y participer