par crazy_french » 19 Août 2013, 08:41
Ci-dessous mon CR de cet embrunman 2013:
30ème édition de l’embrunman, mon choix tardif de participer s’est imposé de lui-même. Après 2003, 2005 et surtout mon abandon de 2007, je souhaitais revenir pour finir proprement ce mythique Ironman.
Cette année, anniversaire oblige, l’organisation a fait le plein pour la 1ère fois, soit 1500 triathlètes affutés se préparent dans le parc à vélo dès 5h00 du matin. Il faut dire que la logistique est plutôt compliquée pour moi trailer habitué à préparer une seule épreuve. D’abord les affaires de course à pied avec la ceinture porte-bidon, le gobelet et les gels puis les affaires vélos avec les barres, le sac izoard et le contrôle bon état vélo (chaine, pression pneus) et enfin la combinaison natation et les indispensables lunettes et bonnet : de quoi s’emmêler les crayons !!! Je lis dans les yeux des concurrents beaucoup de stress, moi-même j’ai le trouillomètre à zéro. Dans 20mn départ, je me dessape rapido pour mettre le cuissard vélo, mon voisin m’interpelle « attention y a un arbitre derrière ». « Monsieur vous connaissez le règlement ? -euh oui bof,- il est interdit de se mettre tout nu dans le parc cela vaut un carton noir : disqualification !!! ». Si ça c’est pas un abus d’autorité, bref je fais le canard et il me lâche les baskets pour emmerder quelqu’un d’autre.
Pas de Highway to Hell cette année, décidément les traditions disparaissent. Le starter démarre à 6h00 du matin. Mon niveau natation, pas terrible, me pousse à la prudence. Je prends le temps de mouiller les lunettes et rentre tranquillement dans l’eau. L’eau est bonne, le passage entre la digue et la 1ère bouée a été élargi compte-tenu du nombre de participants.
Il y a trop de monde et ça bouscule logiquement dès la 2ème bouée, je bois la tasse au moins 2 fois… pas glob !!! Quand, je commence enfin à pouvoir nager normalement, il faut zigzaguer entre les brasseurs et les enclumes mais ça fait partie du jeu. Après le 2ème tour, je m’aperçois que j’ai trop serré mes lunettes : erreur de débutant. L’impression que la tête est prise dans un étau, mal aux orbites, mal aux dents !!! Enfin, j’aperçois la berge, je sors en 1h18 ; soulagé et pas mécontent.
Une bonne transition en 6mn et me voilà parti pour 188km de vélo… c’est long, il faut donc gérer les premières rampes des Puys en restant le plus souple possible. Les jambes sont super par contre, j’ai mal au bide, une espèce de crampe musculaire qui s’atténue en montant mais qui se déclenche dès que mon vélo fait un soubresaut : hyper désagréable !!! Dans la descente des Puys, je fais super attention, en mémoire à mon tout droit de 2005. Pour l’instant, Isostar et Malto me permettent de m’alimenter correctement. Il y a un peu de drafting entre St Clément et Guillestre mais les arbitres veillent au grain… de toute façon, moi je m’en fous, je ne cours pas contre les autres. La vallée du Guil est toujours aussi longue mais il y fait frais et le rendement est bon.
Au bas de l’Izoard, je prends un chrono pour me situer par rapport à mes 2 reconnaissances. Dès le début, par prudence, je mets le 34*24 autant dire que ça mouline, je garde le 28 pour Brunissard. A Arvieux, je prends un gel et récupère un bidon d’eau. Quand la pente s’incline à 12%, le 28 devient ma bouée de sauvetage. Certains sont à la dérive mais je ne m’inquiète pas pour eux, on a au moins 1h00 d’avance sur les barrières horaires. Isa m’encourage en me doublant en voiture, elle m’attendra en haut de l’Izoard. La casse déserte arrive très vite puis descente et dernier coup de cul jusqu’au sommet. J’ai bien géré je suis monté en 1h10.
Le sac de ravitaillement est une bénédiction, malgré un petit affolement parce que le mien n’était pas rangé au bon endroit. D’autres sont moins chanceux car sac égaré ! couac de l’orga !!! Je récupère 2 sandwichs, 2 bidons (St Yorre et overstim menthe), des barres et la veste pour la descente. Clairement, je suis resté un peu longtemps mais c’était nécessaire.
La descente est enchaînée prudemment, il fait froid et le haut est assez technique. Puis la confiance revient et je me laisse guider par ma monture vitesse max 72 km/h. Avant Briançon, un gars s’est mis en travers, il y a une ambulance et pas mal d’hémoglobine : son embrunman s’arrête ici !!! J’attendrais le replat de Briançon pour avaler mon sandwich peu après le mal au ventre revient, j’ai clairement un problème de digestion. Malgré tout, je reste dans le coup et la montée des Vigneaux passe facile. Après l’Argentière, la côte de Pallon (1,5km à 12%) nous attend sournoisement, je suis prêt psychologiquement. Avec le 28, j’enrhume une bonne dizaine de coureurs qui visiblement n’ont pas les bons développements. La chaleur se fait maintenant ressentir et le vent est clairement défavorable et il reste au moins 40 kms. Ma priorité est l’hydratation (eau, coca) car je ne peux plus rien avaler mon estomac s’y refuse. Heureusement, la route est plus facile et au train je continue à avancer à bon rythme. Me voilà, en bas de Chalvet, je prends un bidon de coca ; cela me booste le 1er kilo puis coup de mou et ainsi de suite toute la montée. Je sais que l’énergie que je brûle ici va se payer plus tard sur le marathon mais que faire sinon avancer !?! Enfin la descente… merdeuse sans zone de récup’… et surtout dangereuse mais tout le monde le sait quand on s’inscrit à Embrun.
A la transition, mon compteur vélo annonce 7h38, c’est pour moi un bon temps. Le changement d’affaire est opéré assez rapidement et je repars avec une bouteille de St Yorre après 6mn. Ma stratégie est de partir doucement et accélérer si possible progressivement. Les 1ers kilos sont à plus de 10km/h sans effort, malheureusement une crampe au quadri gauche me freine dès que j’accélère.
Elle aura raison de moi, même si je me refuse à marcher. Au 7ème km, je prends un gel et retrouve de l’énergie pour les 40mn suivante, de nouveau un gel au 15ème ce qui me permet de finir mon 1er tour en 2h07 (pas si loin de mes ambitions initiales : marathon en moins de 4h00).
Le 2ème tour est beaucoup plus dur, la déshydratation s’installe et les crampes deviennent plus fréquentes, je marche uniquement au coca et ce n’est pas top. Au 28ème km, je suis à bout, je m’assois sous un perron et prends le gel du « ça passe ou ça casse ! » : je n’ai plus le choix. Quelques minutes plus tard, je repars en marchant et recommence à courir. Enfin, je sais que je vais finir en voyant défiler le 30ème km. Le temps passe lentement à 7’ au kilo (mon allure marathon est à 4’10) mais moralement je suis blindé. La montée sur Baratier, je marche et retrouve avec plaisir l’ambiance avant de basculer définitivement vers le Liou puis le passage sous le pont, je reconnais Isa au 39ème km au bord de la digue. Je sais que le réservoir est au mini mais je ne m’arrête pas au dernier ravito et profites du dernier km pour taper toutes ses petites mains qui se dressent devant moi. Dernier tour du parking, les barrières et la ligne d’arrivée : 14h02… c’est fini…. YESSSSSSSSSSSSSS
Epilogue : après la ligne franchie, je fais quelques pas et mes jambes me lâchent ; j’ai droit à une petite perfusion. Embrun : 4 participations, 3 fois sous la tente, 2 perfusions.