par petit franck » 26 Mars 2020, 13:00
"Cons, finement"
Nous sommes le 16 mars 2025 et nous allons fêter les 5 ans de confinement demain. 5 ans de guerre et d’effort concitoyen pour venir lentement à bout de ce virus meurtrier… 31.000 morts à ce jour, un drame national. En 5 ans, par le seul effet du coronavirus, la population française à chuté de 67 millions à 66,97 millions, soit un impact de 0,04%.
Au début, il y a 5 ans, le mouvement était extraordinairement beau, les gens ont cru que ça n’allait pas durer, et que le confinement de la population, choisi par une minorité de pays, était la solution.
Ce confinement avait créé un inédit sentiment d’appartenance à une cause, comme à une coupe du monde où la France serait en Finale. Une équipe gagnante de 60 millions de coéquipiers, avec un ennemi qu’on était certain de vaincre …. mais c’était sans compter les arbitres, qui nous ont d’abord expliqué que le match durerait 15 jours, puis 30 puis 45… puis 120… Mais surtout, que nous devions jouer avec de plus en plus de contraintes, toujours plus confinés pour gagner un combat auquel l’arbitre ne participe pas autrement qu’en fixant des règles contraires à l’avis des spécialistes mondiaux.
5 ans de match, même pour une finale… a réduit la 6ème économie du monde à néant. Nous sommes maintenant juste devant la Corée du Nord, qui vient d’installer une démocratie.
Au début, sans voir ce qui se passait…. des slogans comme « restez chez vous ? » était affichés aux fenêtres, et le hashtag #stayathome, était le plus partagé de la planète. Il a été progressivement remplacé par #prayforfrance au fur et à mesure que les rares pays ayant imposé un confinement au peuple entier, en sont sortis. Aucun pays dans le monde n’a eu autant de morts.
En Juin 2021, Jack Ma (milliardaire PDG d’Alibaba) et Elon Musk (PDG de Tesla) avaient offert 70 millions de tests à la France. A ce jour, 4 ans plus tard, le conseil d’état n’a pas validé leur utilisation faute de fiabilité. "Nous testons encore les tests", contre l'avis du Professeur Raoult, qui a mystérieusement disparu sur le chemin du travail en septembre de cette année-là.
Déjà dès le départ certains rebelles étaient montrés du doigt par ce fabuleux confinement solidaire. Dans lequel nous étions si fiers de soutenir notre personnel hospitalier, sans nous rendre compte qu’en fait, nous applaudissions tous les soirs non seulement leur implication et leur dévouement, mais que nous acquiescions par dessus tout la manière dont ils continuèrent d'être traités. Personne ne réalisait qu’on leur demandait de passer la serpillière autour d’une baignoire bouchée au robinet grand ouvert. De faire le ménage dans une maison en feu... On voulait que la maison soit propre, mais personne ne montrait le feu du doigt.
C’est au final le corps de métier qui aura eu le grand nombre de morts en 5 ans. La résistance clandestine (punie de mort à ce jour) qui s’élève, parle aujourd’hui du cautionnement citoyen face au manque de moyens, et de la culpabilité de l’état dans ce crime contre ses fonctionnaires (un nouveau Tchernobyl, qu'ils disent). Du fait qu’en soutenant ce confinement par ces applaudissements, nous avons en fait été « tous complices ». A notre décharge, il est vrai que cela nous avait été tellement bien vendu. On a tous marché. C’était drôle les deux premiers mois.
C’est à la 4e prolongation du confinement de 45 à 120 jours, que ceux qui montraient du doigt et conspuaient les « anti-confinement » ont commencé à se faire plus silencieux, et à s’interroger sur ceux à quoi ils avaient consciemment contribué.
5 ans plus tard, il est vrai que ça parait très étrange que certains pays bien plus peuplés que la France aient éradiqué le virus en 40 ou 50 jours, sans confinement de personnes saines. Certains documents circulent clandestinement expliquant que la France, l’Espagne et l’Italie ont refusé leur aide et leurs méthodes.
Depuis ma garde à vue d’août 2021 (étendue à 1 mois en raison de l’état d’urgence sanitaire) pour avoir annoncé publiquement que le confinement consistait à faire porter la responsabilité de cette situation au citoyen, et non à l’état, je ferme un peu ma plus ma gueule. J’ai aussi affirmé que ce n’était pas le virus le problème, mais la politique de santé désastreuse. Et que : « l’ampleur de la crise que chaque état traverse est à la mesure du soin qu’il apporte à ses citoyens ». Puis il y’a eu celle d’août 2022 (oui je pète toujours les plombs en août) suite ma une publication Facebook contestant la fermeture définitive des commerces alimentaires, où j’ai perdu un auriculaire en guise de représailles.
Depuis août 2022 donc, nous sommes rationnés. Nous recevons chaque semaine le « panier français » devant notre immeuble. Composé de produits bien de chez nous. « C’est assez varié, on ne manque de rien au final » est le discours prédominant sur BFMTV, la chaîne la plus regardée depuis qu’elle passe des séries sur les bienfaits du confinement.
Il y’a aussi les poissons d’avril. Chaque année, pour le 1er avril, l’état communique une nouvelle saugrenue. L’an dernier, ils ont annoncé qu’on avait à nouveau le droit de sortir, mais à uniquement à Paris de 16h03 à 17h24, et à genoux, car selon une nouvelle étude cela limiterait la propagation du virus. Forcément des milliers se sont rués dans les rues à genoux. Des gens pleuraient de joie. Le lendemain, quand la supercherie a été annoncée sur BFM, en voyant les rues de la capitale bondées de quadripèdes, on a ri, mais on a ri !!!!! Ce n’était en fait pas drôle du tout car plusieurs peines de prison on été prononcées pour ceux qui ont osé se tenir debout, pour... enlacer les arbres.
Aussi, le métier de sycophante (perdu depuis 2000 ans dans les ruines d’Athènes) est réapparu. Ces chanceux choisis par le gouvernement, vivent de dénonciation et de délation, ont été scrupuleusement sélectionnés parmi les fonctionnaires les plus zélés. Un classement national « SycoFrance » est publié chaque jour sur BFM avec les gains de chacun. Ça nous rappelle un peu le golf ou le tennis. Le champion cette année est Jean-Pierre F. Il était déjà numéro 1 dans son ancienne fonction qui consistait à décerner des PV pour non respect du confinement en 2020.
Des concours sont organisés pour rejoindre la fonction publique. Seule possibilité pour prendre l’air en fait. Car seuls l’armée, la police, les éboueurs et les 100 meilleurs sycophantes professionnels sont autorisés à sortir dans la rue, à surveiller les parcs. Certains postent des photos de pique-niques entre sycophantes. Leur compte ne reste pas longtemps en ligne. Alors les gens postent davantage de photos de renards, de biches, de lapins et d’ecureuils ayant repris possession des rues. Est même né le challenge #balancetonrenard, qui récompense (par un masque et du gel) les meilleures photos depuis la fenêtre de chez soi.
Quant au corps de santé, il n’y a pas de concours, mais un service national, que chaque citoyen doit effectuer pendant 6 mois dans un des 10 hôpitaux de France restant en service. Beaucoup meurent, et les survivants réalisent la difficulté du métier devant un tel afflux de patients. Car oui, aujourd’hui encore, les gens meurent dans les couloirs, non par manque de lits, ou d'hôpitaux, ou de moyens mais par l'afflux trop important de malades. Le virus TUE et ce n'est pas une blague.
Il fait naître aussi. Puisque nous assistons depuis 4 ans à un baby-boom et donc à la naissance d’une nouvelle catégorisation générationnelle (plutôt urbaine et exclusivement française), à l’image de la génération X ou Y, boomers, millenials... Les « enfants confinés », dont les plus agés ont 5 ans aujourd’hui, n’ont jamais vu de forêt, de montagne, de lacs, autrement qu’à travers un écran. Ces enfants privés de contact avec la nature et avec leurs semblables, developpent des pathologies nouvelles, des retards cognitifs plus saillants, et les valeurs écologiques et sociales apparaissent comme absentes de leur référentiel éducatif.
Aujourd’hui j’écris parce que pour le 5eme anniversaire du confinement, comme chaque année, l’état nous offre dans notre "panier français", un livre. Cette année c’est « le temps retrouvé » de Proust. Dans lequel ils ont glissé une lettre du Président de la République (réélu à 93,8% des voix, par vote électronique) sur l’importance de notre de notre implication dans cette guerre pour éradiquer le virus.
Cette année par contre, le mouvement de résistance y a glissé un papier, lors de la livraison sans doute, nous rappelant les chiffres dévastateurs et oubliés de la grippe, que l’on n’attrape plus, d’ailleurs. Et que ce n’est pas une crise sanitaire, mais politique. Et cela m’a donné envie d’écrire.
Vivement le 1er avril.
Stephan Schillinger©?
(Illustration : Etam Cru)