Va rejeter un œil à mes photos, çà peut aider...
Puis çà serait une belle occasion de sortir notre tout beau et nouveau tee shirt finisher des Citadelles
Sur son mamelon, le charmant village de Cucugnan, et son moulin, dominent une large cuvette en grande partie occupée par des vignes d’un vert éclatant, et entourée par des promontoires rocheux plus ou moins boisés, sur lesquels ont jadis été bâti deux forteresses cathares, Quéribus au Sud-Est, et Peyrepertuse au Nord-Ouest. On peut donc, depuis le site du départ, en un regard panoramique, se faire exactement une idée des deux parcours du jour, le Trail de Quéribus, et la Course des Seigneurs.
TERRAINS DE JEU EXIGEANTS
Ce que l’on ne peut pas deviner, c’est l’incroyable technicité de ces chemins rocailleux, qu’ils fassent partie du très fréquenté Sentier Cathare, qui entre Port La Nouvelle au bord de la Méditerranée et Foix dans la montagneuse et verte Ariège, traverse ces Corbières ensoleillées, ou bien qu’il s’agisse de vieilles traces oubliées que les organisateurs prennent plaisir à faire renaître en regagnant leur droit de passage face à la nature envahissante.
Car si déjà sur le papier, les chiffres annoncent des épreuves pas anodines avec par exemple 1200 mètres de dénivelé positif pour le 21 km, le terrain de jeu s’avère des plus exigeants une fois que l’on découvre les tracés in situ. Et l’on voit bien que Béatrice l’organisatrice est une montagnarde qui n’aime guère les grands boulevards roulants, car d’année en année, elle prend un malin plaisir à supprimer les tronçons de piste pour les remplacer par de nouvelles portions plus sauvages, en allongeant sensiblement aussi les distances au passage, la Course des Seigneurs étant elle passée, entre sa première édition en 2011et cette édition 2014, de 35 à 48 kilomètres pour 3200m+.
PARTICIPATION RECORD
A 7h30, alors que le soleil commence déjà à inonder la vallée, ils sont plus de 120 à prendre le départ sans trop savoir combien il leur faudra de temps pour parcourir cette nouvelle mouture.
Dès les premiers kilomètres, trois hommes prennent les devants et, au Moulin de Ribaute, quand le parcours longe le Verdouble puis s’élève brutalement pour ensuite surplomber des gorges sauvages, lieu de baignade estivale des locaux, seuls Pablo Ortiz Petit, Etienne Van Gasse et Marcelin Giro passent l’obstacle en courant, quand tous ceux qui les suivent à distance marchent sagement.
Chez les dames, Céline Hernandez mène devant Célia Trévisan et Christelle Casenobe.
A Rouffiac, au 12e km, dans le début de la montée qui va les conduire au château de Peyrepertuse, les 3 premiers avancent groupés et maintiennent un gros rythme. Après une courte visite de la citadelle, ils plongent vers Duilhac-sous-Peyrepertuse, mais Pablo Ortiz Petit est légèrement distancé.
Derrière eux, des écarts conséquents, mais rien n’est encore joué tant il reste de chemin à parcourir et notamment la montée vers le point haut du parcours, la Crête de la Quille, en passant par le Col de Lappès au 21e km, où se tient le premier ravito solide.
Après avoir parcouru la magnifique crête, les coureurs doivent dévaler la “piste de ski”, véritable rush droit dans la pente sur des éboulis instables, avant de se rapprocher de Cucugnan, et de retrouver à partir de là un cheminement commun avec Trail de Quéribus dont le départ a été donné à 9h30.
Le format court a attiré beaucoup de monde cette année puisque plus de 400 participants s’élancent dans les ruelles de Cucugnan, passent sous le fameux moulin, avant de quitter rapidement le bitume pour commencer une montée en monotrace à travers les vignes. Le peloton s’étire alors en une longue procession, et les derniers sont encore loin quand les premiers attaquent le rude Sentier Cathare, tout de rouge argile vêtu en cet endroit, qui débouche à son sommet sur le parking de la citadelle de Quéribus, lieu du premier ravitaillement pour eux. Maxime Durand a déjà pris les commandes de la course, devant Stéphane Bacou et Pascal Massou.
VISITE DU CHATEAU DE QUERIBUS
A leur suite, quelques poignées de secondes d’écart séparent les concurrents dans la montée vers le château, que les coureurs vont visiter cette année, gravissant de nombreuses marches, avant de les redescendre aussitôt après avoir traversé le donjon. Peu d’entre eux prendront le temps de profiter de la vue offerte à leurs yeux, à la fois sur Cucugnan, mais aussi, sur l’autre versant, sur les Fenouillèdes, et au loin, sur la chaîne des Pyrénées.
Une fois passés les quarante premiers, c’est un flux discontinu de coureurs qui se croisent, dans une joyeuse ambiance, malgré les traits déjà tirés de certains. Il leur faut ensuite parcourir la crête rocheuse, heureusement pas trop ventée cette année, avant de replonger vers la vallée avec une longue transition vers Padern. En chemin, ils côtoient les ruines du prieuré de Molhet ainsi que celles du château de Padern. Une fois au village, ils peuvent profiter d’un peu d’ombre, agréable en cette belle journée, et d’un copieux ravitaillement avant de se lancer pour les derniers sept kilomètres qui les ramènent à Cucugnan, une fois franchi le fameux « mur » qu’il vaut mieux connaître si on en veut pas y laisser ses dernières forces, et ainsi perdre parfois de précieuses places au classement si près du but. Ultime cerise sur le gâteau, un contournement du village a été rajouté cette année, durcissant d’autant le final des deux courses, au moment où beaucoup se voyaient déjà arrivés. Maxime Durand l’emporte finalement sur le 21 km devant Pascal Massou, en 2 heures et 3 minutes, ce qui en dit long sur la difficulté du parcours.
Chez les femmes, la lutte a été intense, pour la victoire qui est revenue à Safia-lise Saïghi, mais aussi pour les places d’honneur puisqu’elles sont quelques-unes à jouer le classement sur le nouveau Défi Sud Trail qui a vu le jour cette année. L’originalité de ce challenge est que pour chaque évènement, les différents formats proposés offrent le même nombre de points. Ainsi Céline Hernandez, qui finira seconde sur le 48 km aujourd’hui, et Agnès Rabat, seconde sur le 21 km, ont marqué chacune 500 points et se partagent avec 1600 points au général le leadership du Défi après les trois premières épreuves.
LA COURSE DES SEIGNEURS
Les premiers de la Course des Seigneurs arrivent à leur tour au niveau de la citadelle de Quéribus. Marcelin Giro, qui a longtemps mené la course, arrive au ravitaillement totalement épuisé. Victime d’hypoglycémie et d’hypotension, il est pris en charge par les secours et doit abandonner pour la troisième fois cette saison, après le Gruissan Phoebus Trail et le Trail des Citadelles. Son compagnon d’échappée, Etienne Van Gasse, s’arrête lui aussi, à cause de problèmes de dos.
La hiérarchie est donc bouleversée en tête de la course et c’est Louis Penas qui passe le premier à côté des ruines du Prieuré de Molhet, suivi à huit minutes des deux jurassiens Lucas Humbert et Pablo Ortiz Petit. C’est dans ce même secteur que Célia Trévisan prend également les commandes de la course chez les femmes, faisant preuve d’une belle régularité qui lui permettra en plus d’accrocher une 12e place au scratch.
Pour beaucoup de coureurs, cette dernière partie se transforme en calvaire, car la chaleur participe à l’usure des organismes, accentuant pour certains les effets d’une mauvaise gestion de l’effort sur la première moitié du parcours.
Louis Penas va ainsi l’emporter, lui le V2 auteur d’un très sage début de course un peu en retrait de la bataille que se livraient les plus jeunes. Eric Etchegaray gagnera lui dans les derniers kilomètres sa deuxième place, terminant deux minutes devant Pablo Ortiz Petit. Enora Menec complétera elle le podium féminin derrière Célia et Céline.
Lucas Humbert, 5e aujourd’hui, tout en louant les qualités de l’organisation, confiera que sur ce format un peu au-dessus de la distance marathon, c’est le parcours le plus technique qu’il lui ait été donné de parcourir.
Une course à ne définitivement pas prendre à la légère, tout comme sa version courte, mais qui offre à ceux qui s’y sont suffisamment préparés de beaux moments au cœur d’une nature chatoyante à ce moment de l’année, ainsi qu’une plongée dans le patrimoine historique de cette région.