Récit de la course : Trail du Ventoux - 46 km 2010, par Murwar

L'auteur : Murwar

La course : Trail du Ventoux - 46 km

Date : 21/3/2010

Lieu : Bedoin (Vaucluse)

Affichage : 2150 vues

Distance : 45km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Le récit

Orange, Carpentras, Bedouin...

Il est 7h30, je suis avec mon frère dans la voiture, et la ligne de départ se rapproche dangereusement. Encore une heure à patienter, stresser, à prévoir et imaginer la course... Le plus gros objectif jusqu'à présent de ma (courte) carrière de trailer. Pour une fois, la préparation s'est déroulée presque sans accroc. La Sauta Roc d'il y a un mois (pile poil la moitié de ce qui nous attendait au Ventoux) s'est parfaitement bien déroulé, et l'entrainement a été efficace. Je me présente donc relativement confiant. Les organisateurs nous annoncent que le passage au sommet n'aura pas lieu, et qu'on aura 5 km de neige.

On croise Papillon et Ayrton à la voiture, puis c'est les derniers préparatifs du sac (qui me parait bien lourd). Est-ce bien raisonnable d'emporter la full poche? Je décide de me délester d'1/2 litre avant le départ (les 2 litres restants seront très largement suffisants). Mon ipod m'aide à ne pas trop stresser avant le départ, et je fais passer Africa de TOTO en boucle. Et c'est parti!
Comme d'habitude, mon frère part devant. Ca commence avec du goudron, un bon 1/4 d'heure j'avais l'impression. Au départ, le commentateur avait parlé de 95% de monotrace, ce qui sur un trail de 50 km représenterait environ 2,5 km de route, on y est! Bref c'est fou comme le cerveau réfléchit bizarrement lorsque les jambes se mettent à courir. Arrivent les premiers passages bien gras. Je vois mon frère pas très loin devant moi, une trentaine de secondes tout au plus. Et alors que les concurrents faisaient un détour sur le coté pour éviter les passages boueux, je décide de tracer tout droit, un souvenir de mes entrainements de cet automne! Effectivement, je gagne pas mal de place, mais je me vautre bien comme il faut aussi, et je garderai les traces de boues sur mes genoux pendant toute la course. Revenu à hauteur de mon frère (facilement reconnaissable avec son maillot orange), je prends le relais. Beaucoup de ralentissements et de circulation en accordéon, mais ça me va. 

Je suis venu pour gérer. J'engueule un gars qui veut me forcer à le laisser passer alors qu'il n'a pas la place devant moi pour ne pas me gêner... On arrive sur un des plus beaux endroits du parcours, avec le passage en bord de falaise.

On voit des coureurs au loin, et alors qu'on n'est à 30 minutes de course seulement, on a déjà 12 minutes de retard sur ceux que j'ai vu au loin (qui ne sont peut être même pas les premiers...). Tout va bien, on fait des photos, je n'oublie pas de m'alimenter, de boire. Les crèpes de ce matin au sirop d'agave tiennent parfaitement l'estomac. Le ravitaillement du 15ème kilomètre arrive après 1h55. Je suis bien, mon frère ça a l'air d'aller aussi, je le vois même grignoter quelques trucs salés. Je fais par contre une erreur que je regretterai plus tard: je bois un verre de coca... Et le ventre n'aimera pas ça.


On repart en marchant tout en continuant à grignoter quelques tucs (et pas trucs!).
Je me sens vraiment bien dans cette configuration, dans cette montée, même si je sais que mon problème se situe principalement dans les descentes. On continue de serpenter, avec mon frère toujours à 30 secondes devant ou derrière moi. Et puis vers 2h30, alors que nous continuions à grimper, le brouillard fait peu à peu son apparition. Mon frère a l'air d'avoir un peu du mal à suivre, et une demi douzaine de coureurs sont maintenant entre nous.

 

Des plaques neiges bordent le chemin. Je calcule qu'on doit bientôt arriver à la mi course et je décide de profiter de ma forme pour accélérer légèrement. Les autres décrochent derrière, et quel bonheur! Courir sur les pentes du Ventoux tout seul, personne ni derrière ni devant, en suivant les rubalises! D'ailleurs ne plus suivre quelqu'un me redonne un supplément de lucidité, il ne faudrait pas se tromper de chemin! A la fin du brouillard, on passe au passage neigeux. J'ai rattrapé quelques coureurs devant moi, et j'ai rapidement compris que c'était encore plus dur de doubler sur la neige que dans la boue... Quelques glissades m'ont rapidement dissuadé de tenter le diable, et j'en profite pour continuer à boire et à m'alimenter.

 

On redescends légèrement avec un virage sur la droite pour changer de versant dans une vallée, et puis on remonter avec une portion très raide, tellement raide qu'il faut poser les mains à un moment pour se hisser jusqu'en haut.

 

Tout va toujours bien, et j'aperçois mon frère qui est bien revenu pas loin derrière moi. Après ce passage, on continue sur du plat (relatif), et j'ai une première grosse alerte. On en est à 3h30 depuis le départ. Le symptôme est bien connu: c'est la "pré-crampe" de derrière la cuisse gauche. Je continue 5 minutes, mais je ne veux pas prendre de risques. Je m'arrête, m'allonge, et un coureur m'étends la jambe pendant une bonne minute. Ca fait du bien! Je repars en marchant, puis je me remets à courir. 5 minutes plus tard, c'est l'estomac qui se vrille. Je pense que c'est la faute du coca du ravitaillement! Arg! Je m'arrête de nouveau, marche, repars en trottinant. Je vois des concurrents me redoubler.
5 minutes plus tard, c'est le coup de bambou, la fameuse fringale! Bref, j'aurai tout enchainé en 10 minutes... Le ravitaillement n'est pas loin, on m'annonce 3 kilomètres, et je décide de m'accrocher coute que coute. Je dévore les 2/3 de ma tablette de crunch pour me remonter le moral, parce que ça ne va pas du tout fort à ce moment là.
3h55, le second (et dernier) ravitaillement. Je recroise mon frère, qui repart. Je m'allonge et refais des étirements (ma cuisse est à ce moment là borderline niveau crampe). Je mange du salé, et mets 6 sucres dans l'eau qui me reste de mon camelbak.
Je repars clopin clopan. Une fille me dépasse doucement, et je décide de la suivre pour reprendre une allure un peu plus normal. Je la laisse partir ensuite. 4h10, 4h20, le temps s'écoule lentement, comme les kilomètres. En plus il fait gris, la visibilité est bof. Heureusement les musiques de mon ipod sont elles géniales. Et c'est sur la musique Nymphomaniac Fantasia, de Nighwish, que j'ai le grand frisson: les jambes sont revenues! Il est grand temps de reprendre les choses en main (ou en pied). Je me jure à moi-même que je ne me ferai dépasser que par 10 concurrents maximums d'ici l'arrivée. Je suis 2 coureurs à une trentaine de secondes devant moi, dans une longue montée en ligne droite. Derrière moi, j'aperçois un maillot vert, à environ 2 minutes. Là ça devrait être bon! Je double les 2 personnes devant moi, mais elles me redoublent rapidement: je m'étais de nouveau arrêté pour étirer ma cuisse gauche.
Et enfin, enfin, la grosse descente pointe le bout de son nez. Extrêmement cassante, je n'y amènerai pas mon VTT. Je suis beaucoup moins lucide que lors de la descente de la Sauta Roc, et je prends beaucoup moins de risques. J'arrive quand même à doubler une quinzaine de coureurs, qui pour le coup n'avançaient vraiment pas.
La piste s'élargit un peu, et il y a moins de coup de cul que ce que j'imaginais. Les grottes sont atteintes en 5h30, j'ai d'ailleurs halluciné en les voyant. Dernières descentes, et là le plus dur, comme à chaque course, commence: les 2 derniers kilomètres, de plat. Ma morphologie n'est pas faite pour le plat, je le sais. Je me fais remonter par 5 concurrents, et pourtant je pousse de toute mes forces sur mes cannes... Que c'est dur de résister!!! Je remets comme au début Africa, qui va m'accompagner jusqu'à l'arrivée. Dernière petite descente technique, il commence à y avoir du monde à l'arrivée! Mes parents et ma chérie sont là! C'est presque l'arrivée, plus qu'un demi tour de stade, et 2 personnes à 10 secondes devant moi. Je lance le sprint de derrière, et j'arrive finalement à en passer 1 sur le fil, le second arrivant à donner le dernier coup de collier.
253ème sur 558, 5'53'04, 8 minutes derrière mon frère, bref, résultat tout à fait satisfaisant. Je ne me suis pas tordu la cheville, j'ai appris à faire face à une défaillance, ce qui me servira lors de courses plus longues. Les douleurs à l'arrivée ne sont que musculaires, bref, superbe course.


Encore un grand merci aux organisateurs pour leur dévouement et leur soucis de nous donner le meilleur parcours possible!

9 commentaires

Commentaire de superchoco posté le 23-03-2010 à 15:07:00

une course bien gérée malgré les soucis physiques, il fallait avoir un bon mental pour finir comme tu l'as fait surtout dans un trail pas évident comme celui-ci ! a+

Commentaire de franckproto posté le 23-03-2010 à 16:40:00

salut
je suis le maillot vert on a du finir ensemble je suis 251 em en 5h52

Commentaire de vogoy' posté le 23-03-2010 à 17:13:00

en 10' tu as un condensé de ce qui peut arriver en trail:)
bravo, tu as fini au courage et pour le VTT, cela doit passer :):))

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 23-03-2010 à 17:39:00

Mauvaise limonade ce coca... :-(
Beau CR et photos qui me remettent agréablement dans le bain...
Bravo pour ton finish et merci pour ton récit!!

Commentaire de Jay posté le 24-03-2010 à 09:39:00

bravo pour ta course au courage et à la tête pour passer ces moments difficiles .

Beau classement au final ce qui promet de belles courses dans la suite de ta carrière de trailer :-D

bon récupération et à bientot en course ou au bistrot ;-P

Jay

Commentaire de raspoutine 05 posté le 24-03-2010 à 19:13:00

Une belle course avec un beau récit et de belles photos. Pas facile de gérer tous les petits tracas du trailer, tu t'en es bien sorti. Félicitations.

Commentaire de lulu posté le 25-03-2010 à 10:41:00

BRAVO pour ta course et qui c'est à l'an prochain sur les crêtes du sommet !!??

Commentaire de Jean-Phi posté le 25-03-2010 à 13:49:00

Hello Murwar, sympa ton CR et félicitations. On a fai tun bout de course ensemble, je suis même juste devant toi sur une photo de ton CR :lol: (casquette blanche et buff kikou).
Tu as terminé la course et c'est une belle réussite. Encore bravo !

Commentaire de llouan posté le 25-03-2010 à 20:41:00

Bravo pour ta course et ta volonté pour continuer, malgré la grosse defaillance que tu aurais pu avoir.Cette experience te servira pour des courses plus longues j'en suis sur.

et bravo pour ton recit et des belles photos.


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