Récit de la course : 100 km de Millau 2005, par koline

L'auteur : koline

La course : 100 km de Millau

Date : 24/9/2005

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 3830 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

***J' en ai pris des leçons...J' ai appris énormément sur ce 100 bornes millavois.
Déjà sur ma nouvelle allure en Ultra :
mon travail estival a payé :-)) J' étais à 6'20 au km à l'aise. Plus exactement dans une échelle de 6' à 6'30 /km.
Ensuite, j' ai utilisé la méthode Cyrano mais revue et corrigée à mon allure. Tous les 2,5 km : j' ai marché pendant 15 secondes environ.
Avant d'attaquer une côte, je profitais de la vitesse de la pente descendante qui précédait. Résultat, je montais en courant jusqu'à la moitié, après je marchais à 6 km/h jusqu'au sommet.

**Fin du marathon :
à 2 km de l'arrivée environ, je me suis payée un gros coup de pompe comme sur mon dernier marathon de paris (en 2003 : au 41ème km, ischémie dûe à une hypo). Toujours cette impression de recevoir un gros coup de poing dans le pancréas. Plus de souffle, pliée en deux.
J' avais les boules, je savais que je perdais du temps....
C'est là que j'ai laissé partir Cagouille (jean louis du forum Irina) en pensant pas grave, je le retrouverai plus loin. Tu parles Charles, je suis arrivée clopint clopant à bout du marathon en 5h11 alors que je pensais mettre moins de 5 h !!!

Et surtout avec une idée fixe en tête : j' abandonne ! Marre, mal partout, tête qui tourne, plus de forces...pas la peine de poursuivre. Je vais quand même pas mettre (dans le sens de supporter ce calvaire) 24 h pour boucler ce 100 km. Et puis surtout, j' ai perdu mon sourire....dans ces conditions impossible de poursuivre ! Sans joie de vivre, je ne continue pas !!!
Mais même pas déçue, plutôt soulagée d'arriver à Millau pour rendre mon dossard.
J' ai peur de me faire engueuler par mon accompagnatrice mais je lui dis franco ma décision.

Et sa réaction ? Taratata.... " Calme-toi, attends un peu. Récupère et puis tu vois...." Okaye :-)) de toutes façons, je ne voulais pas rendre mon dossard avant d'être sûre à 100 % et d'avoir fait le bilan de ma forme après avoir pointé au gymnase. Je n' avais qu' une idée en tête : m' allonger sur la pelouse, profiter de sa fraîcheur et de l'ombre :-))))))).
Au point où j' en étais... je ne me suis même pas refusée ma gorgée de bière !!!! Punaise que ça m' a fait du bien ce fond de verre :-D J' ai mangé, bu, me suis rafraîchie et puis surtout, j'ai profité de la pelouse pour m' étendre, les jambes relevées contre un poteau.
Complètement détendue, j' ai récupéré peu à peu mes forces.
Au bout de 15 mn, je me redresse toute ragaillardie :-)) Un peu d'arnigel sur les jambes. Ce froid me fait beaucoup de bien !

" Simone, je repars :-))) " . J' ai retrouvé le sourire. Elle aussi et elle me met en garde. Maintenant, surveile-toi bien, plus de coup de pompe sur la 2ème portion. Incroyable. J' en suis intimidée. Osant à peine y croire. Je rejoins Gilles Audoin à la sortie de Millau. Lui qui m' avait priée de ne pas abandonner. Je suis si contente de le retrouver ! Mes petits pas se font de plus en plus précis. Je commence à y croire. Je vais peut être retrouver lafrite (Géraldine arrivée en 5 h au marathon).

On se sépare avec Gilles peu avant la côte de Creissels et là, je ne sais pas pourquoi ... Je me transforme en furie. Punaise, j' ai la rage. A cause de mon coup dur. A cause de la côte qui m' attend. Je grimpe en courant durant 500 m environ. Ce sera toujours ça de pris ! Et puis, je marche de nouveau à 6 km/h à grande enjambée.
Un coup d' oeil au forunner : degré de pente à 8 %. M'en fiche, j' ai l' oeil du tigre. Les gens que je remonte n' en reviennent pas. Ils ont laissé une morte-vivante, ils voient passé une furie !

Et ce sera comme ça jusqu'à la fin.... J' ai retrouvé mon sourire :-))))))) C' est un bonheur indicible. Les jambes tournent du feu de dieu. Je suis obligée de m' autocontrôler par peur d' un autre coup de pompe. Je cours à 5'55 au km avant chaque ravitaillement (Georges et st Rome). Au premier, je retrouve lafrite qui souffre de cloques aux pieds. Elle est très handicappée mais déterminée ! M' étonne pas cette petite, c' est de la dynamite !!!! Et elle va nous surprendre encore :-D

Le col de Tiergues ? Pas dur...même pas mal ! Je cours, je marche toujours au même rythme... j' arrive au sommet sans avoir eu le sentiment de forcer, encourageant les coureurs qui s' en retournent sur Millau. J' admire les performances et la gestuelle sportive des premières. Certaines me renvoient mon sourire et mes encouragements : wouawwwwww ça fait du bien après ce que je viens de vivre !!! Je croise Steph34 : tope dans la main ! Quelle joie de le croiser, il pète le feu lui aussi !!!

Puis le plateau...c'est un endroit que j' adore. Celui que je préfère sur le parcours. Il fait calme, la nuit n' est pas encore tombée. Je me fais super plaisir et surtout j' apprécie mon état de forme du moment.
Oh que oui, après avoir tant souffert...c'est du bonheur :-D

J' attaque la descente toute relâchée. Détendue, heureuse et ...ça se voit parait-il :-))

Et là, je rattrappe les jumelles qui ont une accompagnatrice un peu grande gueule sur les bords. D' ailleurs, on entend les trois à 1 km à la ronde. D' un autre côté, tout le monde a le droit d' exprimer sa joie non ?
Pourtant, j' ai envie de dépasser tout ce petit monde pour me retrouver tranquille dans le calme de la campagne. C' est tellement beau autour de moi !

Peu à peu, ma foulée s' allonge, toujours en souplesse. Et voilà, l'autre expérience :
1ère fois que je me retrouve autant confrontée à l' esprit de compétition ! Je ne savais même pas que ça pouvait exister à ce point. Le trio ne supporte pas de me voir passer sans effort surtout après m' avoir vu finir à l' arrachée, péniblement au marathon.

Alors, vous savez quoi ? J' ai résisté. Résisté à la pression non pas des coureuses. mais à celle de leur suiveuse qui s'est chargée du sale boulot. Me frolant avec son vélo. Essayant de pénétrer mon espace de coureuse. La mienne d' accompagnatrice n'étant pas en vue.... mes pensées du moment :
" Okay ça va chauffer, tu cherches mon point de rupture mental. Mais tu ne l' auras pas ! J' ai fermé à double-tour et
c' est moi qui vais t'avoir à l' usure...Parce qu'avec ce que je viens de vivre, pas question de céder !!! ".

Deux tentatives pour me faire ralentir pendant que la jumelle la plus athlétique (certains s'en souviendront : belle fille !) tente de revenir.

De temps en tremps, la suiveuse s'arrête pour se laisser rattraper par ses coureuses. Puis revient à mes côtés, hurle dans mes oreilles des encouragements aux autres coureurs. On dirait vraiment que nous formons une équipe : l' accompagnatrice et sa coureuse. Alors que c 'est presque un combat, du corps à corps mais mental. C 'est inouï ! Je ne pensais pas que cela puisse exister dans l' ULTRA !!!!!!!

M' enfiche, je ne cèderai pas. Pas un regard, même en oblique de ma part. Pas une parole. Les yeux rivés sur la route. Hyper concentrée. Le souffle léger comme la foulée. J' allonge encore. Je reste souple, bien posée dans mon axe. Me souvenant de mes précédents cours de Tai Ji.
Je respire détendue et suis heureuse de courir. Ca se voit, ça se voit tellement qu' au 3ème essai, la suiveuse jette l' éponge. J' ai gagné. Je vais pouvoir savourer ma paix intérieur et en plus, j' arrive à st Affrique et sans fatigue :-D.

Lorsque j' en repartirai après 10 mn de pause, les jumelles y parviendront à peine. L' épisode est clôt mais j' ai encore appris sur cette portion de mon aventure millavoise.

Ensuite et jusqu'à la fin, ce ne sera que du bonheur : je revois mes copains et copines :-D
D' abord Cagouille, les bras lui en tombent . Il m' avait quitté, j' étais mal en point. Il me retrouve avec une pêche d' enfer. Je lui propose de me suivre, de prendre ma foulée. Son accompagnateur l' invite à me suivre. Je grimpe sans mal et marche à grandes enjambées. Il ne peut pas et finira à son rythme et content d' arriver ;-))))).
Puis, je retrouve ma lafrite. Qui me hurle quelque chose comme :" vas-y koko :-D moi, je file voir un médecin ". J' en ai des sanglots au fond de la gorge ! Punaise, elle est arrivée à St Affrique !!! Elle va le terminer même en rampant s' il le faut, comme elle le disait, mais elle va le finir son 1er 100 bornes. Je le savais :-)) .

2 km plus loin, je croise la bande à yoyo :-D ah la lalalalalala quelle joie de les croiser Tous ! CA décuple mes forces ! Ils m' avaient dépassée,
j' étais chancelante presque... Je les rejoins après 73/74 km, toute sourire avec des jambes qui moulinent régulièrement. J' alterne toujours marche/course. Ils ne veulent pas suivre...bon pô grave les potos...Je vous aimeuhhhhhhhhhhhhhhhhhh :-D Quel bonheur de les avoir revus !!!!

Voilà le col de tiergues passé, pure formalité. Bon sang que je me sens bien :-D J' ai même des craintes pour la suite : pourvu que ça dure !!! Eh bien ça va durer jusqu' à l' arrivée.
Dans le dernier km, il m' aura manqué l' ami qui m' attendait l' année dernière.... Et c 'est en pensant à lui que je grignotterais ces derniers mètres, remerciant intérieurement tous ceux qui m' ont soutenue, pensant à ceux et celles qui courent encore...

Le podium est franchi allègrement et c 'est fini : 13 h 20 mn et 11 s !!! Même pas mal, un peu essouflée de l' accélération, je vole vers le ravitaillement de l' arrivée et m' affale avec bonheur (encore :-D) sur la 1ère chaise. Ouf je reviens de loin quand même ! Quand je pense que j' ai voulu abandonner sur Millau...


Koline
"...toute cette immensité de l'être et ce foisonnement de l'être, toute cette passion d'être et tout ce pouvoir d'être..."Saint John Perse

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