Récit de la course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise - parcours de repli 2008, par manu26

L'auteur : manu26

La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise - parcours de repli

Date : 6/7/2008

Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)

Affichage : 2557 vues

Distance : 46km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Le récit

TGV 2008 

 

 

Vous en faites certainement beaucoup aussi les 10 derniers jours en alimentation : plein de sucres lents, éviter la viande rouge, on compte les feuilles de salades, une cure d’anti-oxydants, attention pas trop de fibres les dernières heures, beaucoup d’eau, le tofu que t’as intérêt à rendre goutu pour pas sombrer dans la dépression, les bonnes germes de blé…

Tout est bien.

Et puis, la veille, UNE PUTAIN DE REBLOCHONNADE AVEC UNE MONDEUSE ACIDE ET DU GENEPI.

 

Ouais, ce 5 juillet au soir à Champagny en Vanoise, théâtre des ballades fétiche de mon enfance, on s’est enfilé une putain de reblochonnade avec une mondeuse acide (pléonasme ?) et un excellent Genepi., Vincent les yeux revolvers, Olivier, Thomas mon neveu et moi.

Florent et Mathieu mes autres chers neveux avaient l’ alibi de nous accompagner. Mais nous ?…

 

Sabotage ? 

Différence entre un VRAI sportif et le gentil sportif ? 

L’excuse toute trouvée au cas où ?..

Mystère.

 

De même : ça ne vous arrive pas la semaine qui précède la course de bien calculer vos horaires prévus aux ravitos, la moyenne kilométrique à tenir et autres trucs obsessionnels et puis, d’un seul coup, s’en foutre totalement et préférer taper la discute pendant 20mn avec un bénévole qui connaît votre patelin ou votre grande tante ?

 

Bref.

Lever 4H00. Y’a que moi qui ai bien dormi : grâce au Génépi. Les autres beaucoup moins : à cause du Génépi.

 

Le parcours est donc escamoté pour raisons climatiques et complications des rapatriements éventuels coté Maurienne. La suite donnera raison à l’équipe organisatrice. D’après Olivier, alias Joss Randall , ça fait 52kms et 2485mD+.

 

 

Le temps de toucher la main des deux serre-files UFO-Kikourou-UTMB (on n’est jamais trop prudent). Encore des Olivier.

Top à 6H00. Je me place dans le dernier quart. Ça bouchonne assez vite parce que ça se réduit assez vite. Un truc : les bouchons, faut pas croire, ça gêne aussi les pas très bons comme nous. Le type qui roule à 100 sur l’autoroute, il apprécie guère plus qu’un Fangio le ralentissement à 5km/h.

 

L’ensemble de notre équipe technique nous manifeste son soutien à deux reprises avant le début des choses sérieuses qui signent la fin de l’accès voiture. Merci les neveux. Thomas est probablement derrière, Olivier et Vincent possiblement. Et Bunch le patron de Thomas il est où ?

 

Au début, je suis toujours hyper-bon à la marche. La première heure. Il y a un plaisir coquin à doubler ceux qui s’évertuent à trottiner. Et puis après ça se gâte. On verra ça plus tard.

Le beau temps fait regretter l’escamotage du parcours. Pas un nuage, les premières gouttes de sueurs qui font scintiller un peu plus le décor. Tout est bien.

Tout est bien mais je suis toujours aussi peu à l’aise sur les portions large et montantes à 10-12% : dois-je courir, marcher, alterner ?…  Je fais au feeling, sans être sûr que c’est la solution.

 

Je pense à Thomas que j’ai perdu de vue dès le départ et que j’ai lâchement abandonné à son baptême de trail. Vilain parrain. Je me suis gardé de lui dire, mais quand on n’est pas plus sportif que ne l’était son oncle et qu’on s’entraîne « 1 fois et demie par semaine », eh bien on n’est pas rendu, même pour un 50kms / 2500mD+. Je sens bien qu’il est armé mentalement, mais ça ne suffit pas toujours.

 

Les 1100mD+ défilent assez vite. Privilège assez rare sur les courses : on voit descendre les premiers. Je regrette l’absence de technicité du terrain parce que c’est là que la référence Dawa aurait été un spectacle (à ce propos, le jeune Gispert Hernandez m’avait totalement scotché en descendant le Montcalm l’année passée).

On traverse quelques modestes névés qui ne me font pas regretter d’avoir laissé les bâtons.

Petite boucle au sommet et direction le refuge de Péclet –Polset / 1er ravito. Je m’arrête juste pour mettre mes gants_pour_pas_se_ruiner_les_mains_en_cas_de_chute.

La descente est tranquille mais sa longueur incite à ne pas envoyer du gros.

 

Je pense –ou croix reconnaître des gens des forums, mais quand on n’a vu que les avatars… Peut-être Agnès94, là. 2 autres j’en suis sûr mais quels sont leurs noms déjà ?  Je reconnaîtrai Béné à la fin de sa course. Je suis plus timide que je m’en donne l’air et je dis rien. Si ça se trouve le type devant c’est Khanardo. Un mec lui lance « ça va Alain ? ». C’est lui. Je m’présente. Une bise. Une promesse de cave. L’éventualité d’une bière à Pralo. Un numéro de tel erroné (pardon Alain j’étais peut-être pas tout là). Il a les intestins qui lui parlent du pays. Si tôt !…

 

5 minutes à peine et un type juste devant moi s’en prend une bonne mais il doit maîtriser le Mae Ukemi parce que techniquement il réalise le roulé-boulé parfait.

 

Le temps se couvre. De plus en plus. Les mains sont moites sous les mitaines. Je commence à applaudir des fesses. La pluie ne me fera jamais renoncer, mais la foudre c’est ma phobie.

Aurait-je le temps de rejoindre le centre de Pralo avant les premiers éclairs ? Non.

Vla que je cours la tête rentrée dans mes épaules comme une tortue dans sa carapace. C’est bien connu ça protège du tonnerre… Par contre, le monsieur devant est amusant : il n’a pas l’air d’apprécier l’orage bien plus que moi, mais pour se protéger il cache sa tête sous ses bâtons en fer pliés en 4 !...  « Tombez raides avec RaidLight ». Il me fait tellement peur que je le double à fond pour ne pas assister au spectacle de son corps prochainement calciné. Putain si c’est comme ça à Pralo, j’arrête. Ça sera ma première. Faut bien que ça arrive. J’assume ma peur.

Au deuxième ravito en 3H33 docteur, km30 au centre ville, il pleut encore sévèrement et donc je ne sais pas quoi faire. Je retrouve Flo et Mathieu qui m’encouragent plutôt à poursuivre. Sont drôles eux !  Des mecs arrêtent. Je demande à Sylver l’animateur (lui par contre il s’est pas arrêté du W-E. Une bombe) si ça pète en haut. Réponse de Normand. Il me dit que si l’orage se déclare là-haut, la course sera arrêtée. Certes, mais c’est pas l’arrêt de la course qui stoppe l’orage !  Même question à Christophe Gotti : kif kif.

Ce qui a de sûr c’est que je prend pas les bâtons en FER. Je suis père de bientôt quatre enfants qui ont encore besoin de moi…

23 minutes d’hésitation. Pour un peu j’appellerait ma chérie pour lui demander son avis.

 

Aller, j’y vais. Il est quasi 10H00.

A la marche dès le début.

Et, grande première en course, je branche le MP3 –des fois qu’on entendrai l’orage. Et là, ça déchire grave dans la montée du Bochor : Jean Ferrat, Etienne Daho, Régine, un peu d’Aubert quand même… descente sur le 3ème ravito.

Et c’est dans la montée qui suit que j’explose. Je ne sais pas le temps que j’ai mis pour faire les 750mD+ qui nous séparent du refuge Félix Faure. Peut-être deux heures. J’ai bien regardé mon allure : c’est du 2.5 à 3km/H et je m’arrête 20 secondes tout les 50 mètres. Je sais que ça peut passer –ou pas.

J’ai une question : tout les coups de barre sont-ils des hypos ou simplement la signature des limites « naturelles » du corps ? 

Autrement dit : aurai-je pu éviter ce sale coup en m’alimentant un peu mieux ou alors plutôt en m’entraînant un peu mieux (je n’ai mangé que des gommes pie qui chante, une pâte de fruit, et bu en bonne quantité ma boisson énergétique avec du coca). En cours de course, ces questions plombent parfois autant que la fatigue elle-même.

Rien de tel qu’une belle frayeur au milieux de ces questions pour l’heure inutiles : le type devant moi vient de se –me- faire une peur bleue. Il a bien pris appui dans le vide avec son baton sur sa gauche où 30 bons mètres caillouteux à pic l’attendaient… réflexe in-extremis, et hélico remis aux calendes grecques.

Mais bienheureusement, le paysage me renvoie à mes souvenirs de gosse. Ma sœur, mon beauf et les enfants. Principalement l’aiguille de la Vanoise qui ressemble à une banane debout de loin et qui se métamorphose en pierre longiligne et complexe au fil de son approche. C’est ça qui a de bien dans la montagne, c’est comme les gens. Jamais pareils d’où qu’on les regarde. Enfin si, c’est notre regard qui est imparfait parce qu’il ne peux pas être partout. La montagne, elle, ne bouge pas.

Et comment imaginer le couloir des Italiens derrière la Grande Casse qui semble campée d’une manière si monolithique sur ce versant-là ?..

 

On trouve un peu de neige. C’est chouette de faire de la ramasse sur 15 mètres.

 

Dernier ravitaillement au refuge.

5 minutes avant, j’ai bouffé un Doliprane en culpabilisant un chouïa. C’est comme ça.

Putain ce que c’est efficace !  j’avais des débuts de tendinites externes au genoux : plus rien.

 

Et là, je fais une descente incroyable, comme intouchable. Tout revient. 50mn pour rejoindre Pralognan. C’est ma 2ème descente au hit parade, après celle des Tseppes à Vallorcine en 2006.

Pralo-Refuge du col-Pralo : le pire et le meilleur en 3H40.

Je boucle le tout en moins de 7H39.

 

Après entrée de la nouvelle configuration de course (si c'est bien 52kms hein !), mon estimateur de performance si fiable qu'il ne me laisse si peu de surprise, donnait 7H23. La différence, c’est peut-être bien le temps incroyable de mon hésitation au 30ème kilomètre.

Mais faire le Ventoux, le Roc et le TGV en 1 mois et demi, c’est trop pour un type qui n’est pas vraiment un stakhanoviste.

 

Olivier est arrivé en 6H16. Vincent en 7H01. Je les croyais derrière !  Ils ont la pêche. La petite Trotte à Léon les attend.

Buntch arrive en 8H23.

Et Thomas arrive en 9H13. Les bâtons en guise de cannes. Rescapé de guerre. Un mental rare.

Mon neveu, ce héros.

 Manu

 

PS: Remerciements appuyés aux laboratoires Sanofi-Avantis sans lesquels, privé de Doliprane, je n'aurai possiblement pas fait la descente finale que j'ai fait.......

7 commentaires

Commentaire de millénium posté le 09-07-2008 à 06:52:00

excellent récit pour une course bien courageuse....Et je viens de vivre le même "coup de barre"...
Mélange des deux (manque d'endurance et hypo...).
On a encore du boulot , mais on y arrivera !
bravo

Commentaire de akunamatata posté le 09-07-2008 à 08:30:00

hello Manu,

Vraiment attachant et sympa ton recit, on suit bien le fil et les rebondissements sont nombreux.

Commentaire de hagendaz posté le 09-07-2008 à 08:36:00

je ne pense sincèrement pas que cela soit 1 doliprane qui change tout, cela t'a surement redonner confiance et moral aussi, tu as fais le reste.
bravo à toi
désolé de ne pas t'avoir reconnu aussi.

Commentaire de béné38 posté le 09-07-2008 à 09:27:00

"je commence à applaudir des fesses" !!!... ça me fait trop marrer cette expression !
je ne t'ai reconnu qu'à la fin de la fin, dans la dernière descente, heureusement parce que sinon on aurait parlé du pays et de ta belle-soeur, et là tu aurais mis plus de 8h :-) beau récit bien sympa ! A bientôt dans le Vercors peut-être !

Commentaire de agnès78 posté le 09-07-2008 à 10:33:00

ehehehe... merci pour les encouragements de la fin de parcours... comme béné allait à toute bombe, même pas pu m'arrêter pour te faire la bise! Merci pour ce beau CR plein d'humour et BRAVO pour la course! Au plaisir de te rencontrer à nouveau.
Bises
agnès

Commentaire de frankek posté le 09-07-2008 à 18:02:00

bravo pour ta course ! sympa ton réçit ! récupère bien !

Commentaire de philkikou posté le 12-07-2008 à 09:37:00

...merci pour le récit avec un cachet d'humour...
50'la dernière descente : t'as dû en enrhumer pas mal !!!

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