Récit de la course : La Ronde du petit Sablé 2008, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : La Ronde du petit Sablé

Date : 5/4/2008

Lieu : Sable Sur Sarthe (Sarthe)

Affichage : 1496 vues

Distance : 140km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Une ronde d’enfer !

Une fois n’est pas coutume, voici un CR de vélo : une première pour moi. Les puristes voudront bien excuser mon ignorance des termes techniques du cyclisme !

 

Toujours dans la préparation papynou pour Embrun, après les 10km et semi de mars qui se sont plutôt pas mal passés, voici venu, avant le marathon de fin avril, le temps de ce qu’appelle le papynou la « PCP » pour « Préparation Cyclosportive de Pré-saison ».

 

La seule cyclosportive qui convenait géographiquement dans le calendrier était la « Ronde du petit Sablé » qui se déroule autour de Sablé sur Sarthe avec la vallée de la Sarthe comme fil rouge.

http://www.occsable.com/rps/parcours-denivele.php

 

Au programme 155 km. La course est annoncée « de plaine », mais avec quand même 1000 m de dénivelé, fait de petites bosses pas bien raides et pas bien longues (1500 m maxi) mais très répétées par moment.

 

Je dois bien vous avouer que ça fait plusieurs jours que j’appréhende cette course et que j’ai franchement les ch’tons ! Il faut dire que je ne suis pas un grand équilibriste sur un vélo et que je roule toujours tout seul ou avec mon club de cyclotourisme par petit paquets de 10 environ dans lesquels il règne un esprit amical. Là, le lapin et le papy m’ont tellement annoncé l’enfer et que des méchants qui en veulent à ma carapace que je m’attends au pire et je ne fais pas le fier.

 

Mauvais présage ? : La veille au cours d’une sortie d’entrainement, je me suis vautré comme un crétin à 50 m de chez moi en voulant doubler un camion poubelle, résultat un genou en vrac et surtout une bonne excuse pour ne pas aller à la cyclo ?! Ce matin au réveil, le genou est toujours enflé mais la douleur ne se produit qu’à la marche et les quelques tours de roue faits devant la maison me laissent à penser qu’une fois chaud, je ne devrais pas être trop gêné car les croutes n’ont pas eu le temps de se former donc ça ne me tire pas dessus. Autre inquiétude, la météo. Encore une angoisse : s’il pleut !? Je vais être debout sur les cocottes pendant 155 km !

 

Bon, allez, arrêtons de se plaindre et en avant. Ne connaissant pas du tout le « milieu », je prévois large et j’arrive sur zone 1h30 avant le départ. Et ce que je vois ne me rassure pas beaucoup ! En effet, il n’y a point de bedonnants comme en cyclotourisme, bien au contraire, il y a pas mal de jeunes, avec des cuisses comme des barriques, déjà huilées qui brillent sous le soleil blafard de cette fin de matinée. Et puis, leurs maillots : waouh ! que des clubs de vélo-sport pas de cyclotourisme ! Et ça vient de loin : Paris, Versailles, Meudon, Chartres, Dreux, Blois, Tours, Nantes aussi et même Grenoble (une pensée au Blueb et à Vizcacha en passant), etc… et avec des voitures comme à la télé avec la pub et la maxi galerie pour ranger les vélos et les roues dessus ! Pétard, je suis un poil impressionné quand même.

 

Bon, si je continue à stresser comme ça, je vais me retrouver à FCMax avant même de partir et je décide de ne plus regarder autour de moi, de rentrer dans ma bulle et de me préparer selon le programme que je m’étais fait. 1 h avant le départ, je mange une grosse salade de blé et je commence à me préparer. J’accroche pour la première fois un dossard de « cycliste » sur mon tout nouveau maillot. En effet, je vais étrenner ma jolie tenue de l’ALPAC (mon club de cyclo). Avec ça, j’ai presque l’air d’un coureur, le gabarit en moins ;-). Et surtout j’ai l’air moins tarte que si j’avais mis mon vieux maillot DK et mon cuissard à trous-trous ;-) Déjà que je vois des regards moqueurs sur mon vélo DK (j’en ai vu aucun autre !) ! Arf ! Seules mes roues de champions (Mavic R-SYS) « impressionne » mon voisin de parking ;-) A 30’ du départ, je parts m’échauffer 5 km en essayant de bien tourner les jambes et en finissant par quelques accélérations comme me l’a conseillé le lapin. Les jambes ont pas l’air trop mal et le genou ne me gêne presque pas !

 

  

La tortue et son DK 9.2 

 

500 coureurs au départ, répartis par sas de 100. Coup de bol, je suis dans le deuxième sas et je ne suis pas trop loin de la tête de la course. Pendant toute ma préparation, j’ai réussi à oublier mon appréhension, mais en rentrant dans le sas, ça me reprend ! Faut dire que ça ne rigole pas du tout ? J’essaie 2 ou 3 blagues histoire de me détendre, mais en retour je n’ai que des regards réprobateurs et des coups d’œil sur mon vélo et je sens bien qu’ils se disent : «  c’est qui ce clown ? » ;-)

 

Je me rappelle une dernière fois les consignes du lapin que j’ai gravées en lettre d’or sur mon neurone :

1/ ne jamais lâcher les cocottes

2/ toujours regarder devant soi, jamais au grand jamais sur le côté

3/ rester callé 80 cm derrière le précédent, légèrement décalé pour pouvoir tout anticiper !

Côté tactique, je me rappelle aussi les consignes du papynou. Je ne suis pas venu ici pour faire un temps (on s’en serait douté, non ? ;-) ) mais pour m’accrocher le plus possible au début et essayer de chopper un bon groupe afin de ne pas me retrouver derrière dans un groupe trop faible où je ne pourrais pas solliciter le palpitant aussi fort.

 

Midi pile,  les fauves sont lâchés. Et l’expression prend ici toute sa valeur. En effet, ça part à donf de chez à donf ! au bout de 500 m, il y a déjà un gars par-terre. Je n’ai pas eu trop le temps de voir, mais j’ai vu un truc bizarre blanc et pointu qui sortait en haut de son maillot. A mon avis, c’était sa…clavicule qui n’a pas appréciée le contact avec le bitume ;-( Bon je n’ai pas eu le temps d’avoir peur car à ce moment là ma seule préoccupation est de ne pas me faire balader. Ça  remonte de droite, de gauche. Je me surprends aussi à slalomer pour doubler des coureurs plus lents, véritables chicane volante. Je trouve que ça roule quand même super vite. A un moment, j’ai l’idée saugrenue de regarder mon compteur : « 48 km/h ». Tu m’étonnes que je trouve que ça roulait vite. Pendant 1 heure, ça va être comme ça. Le compteur, hors agglomération, ne redescendant quasiment jamais en dessous de 38/40 km/h sur le plat. Et toutes les bosses sont montées « au sprint ». Au km 20, je me choppe déjà des crampes aux mollets ! Vite, j’avale une quinine et essaie de dérouler un peu plus. Ouf, les crampes passent et je ne serais plus embêté.

 

Comme me l’avait annoncé le lapin, la route est ouverte à la circulation mais le peloton prend toute la route ce qui fait qu’à chaque fois qu’une voiture arrive en face, ça freine sec et ça serre dur.

 

Mon apprentissage se fait à chaque km. Un truc qui m’a bien surpris au début, ce sont les traversées de village. Le peloton ne ralenti absolument pas au contraire, il relance après chaque virage serré et à chaque fois, comme je ne me mets jamais en danseuse je perds quelques places, mais je reviens bien. Au début, j’ai monté les bosses comme tout le monde, c'est-à-dire sur le 51, mais bien vite, je suis revenu à ma bonne vieille technique de la moulinette sur le 42/15 qui me permet de remettre le grand plateau dès que le sommet est passé sans que les jambes ne fatiguent trop.

 

Bon, je vous passe les mecs que l’on voit régulièrement arrêtés sur le bord de la route pour incident technique et les pauvres gars qui se sont vautrés par terre. Et je continue à me bagarrer pour suivre le groupe. Une première fois, je me fais lâcher bêtement en ne m’abritant pas dans une ligne droite avec le vent dans la poire. Je me suis bien mis minable mais je suis revenu, avec 30 mecs dans la roue ;-(

 

Une deuxième fois après une traversée de bled en côte, je me retrouve au moins 200 m derrière. Là encore, je repense aux consignes du papy, donc quitte à exploser, je me mets minable de chez minable, je suis à 40/42 km/h et personne ne prend le relais. Tant pis, j’appui à me faire péter les quadriceps car je vois que je bouche doucement le trou. Et puis après environ 10’ d’effort, je rentre dans les roues du groupe et je m’aperçois que cette fois, personne n’a pu suivre ! Yes, je ne suis pas mécontent ;-)

 

Je vais rester qq km au chaud dans le paquet, histoire de me remettre de mes émotions. Et tout d’un coup, au bout d’1h30 de course environ, le groupe d’une cinquantaine dans lequel je suis se stabilise et ça devient moins dur. Le rythme se calme un peu et je suis presque « facile » dans le paquet. Ma décision est prise, je vais essayer de terminer avec ceux-là. Jusqu’au 125 km, la course sera ainsi une succession d’accélération et de passage plus cool (30/35 km/h environ). J’ai toujours 3 gros soucis : les traversées de village, les bosses et les descentes. Dans chaque bosse, il faut que je me fasse misère pour rester dans le groupe. Au bout d’un certain temps, je vais mettre au point une technique assez efficace. Plutôt que de rester vers la fin du groupe en permanence et comme sur le plat, je suis relativement à l’aise pour suivre, j’en profite pour remonter les ¾ du paquet dès que c’est plat, comme ça quand arrive la bosse, je me laisse tranquillement repasser et je fini dans le groupe ;-) pas bête ! ;-)

Dans les traversées de village, je suis de plus en plus à l’aise et même si je ne me mets toujours pas en danseuse, j’arrive à relancer, assis sur la selle, aussi fort que les autres. Pour les descentes, je m’enhardi un peu, mais je reste toujours vigilant en évitant de trop me dire : « si l’autre devant moi tombe à 55 km/h, je fais quoi ? » ;-) Autre problème que je n’arrive pas à résoudre en revanche, je prends sans arrêt du vent. A chaque fois je suis du mauvais côté du peloton et je me prends le vent dans la poire !

 

Il ne reste plus que 30 bornes, je n’ai pas osé toucher les boutons de mon compteur, donc je ne sais pas à quel moyenne on est, mais largement au dessus de 30, c’est sur ! On se croirait comme à la télé, y’a même un motard qui nous ouvre la route et qui fait se pousser les voitures qui arrivent en face. Et chaque carrefour est sécurisé par un bénévole ce qui fait qu’on grille tous les stop et qu’on ne regarde pas au carrefour !

 

Une nouvelle bosse plus longue et plus raide que les autres, m’oblige à taper dans la butte, et après une descente assez courte où je n’ai pas le temps de récupérer comme sur le plat, on attaque une deuxième bosse avec un panneau « meilleur grimpeur à 1500 m ». Bon d’accord ce n’est pas le Tourmalet, mais au moment où je veux appuyer sur mon 42/15 pour suivre, je me rends compte que ça ne répond pas du tout. Je monte jusqu’à 42/25, toujours rien, impossible de tourner les jambes. J’essaie de me mettre en danseuse dans un style que j’imagine pitoyable : rien, nib, walou, que dalle quoi ! C’est comme si on m’avait enlevé les quadriceps ! Je termine la bosse comme je peux, mais le groupe est au moins 200 m devant quand je passe la ligne du « MG ». Je me fais le challenge d’essayer de rentrer encore une fois, mais contrairement à tout à l’heure, après plusieurs heures de course, j’ai moins de jambes pour rentrer vite et en force. Je reçois rapidement l’aide d’un gars vachement sympa avec qui on va se mettre minable en se relayant pendant au moins 10 km. On remonte plein de concurrents qui ont lâché prise du groupe alors qu’on est sur le plat, ce qui me laisse à penser que, sentant l’écurie, les costauds du groupe ont du embrayer devant. Mon camarade de poursuite me dit « on va pas rentrer ». « T’occupes et appui » le dis-je en passant un relais énergique histoire de lui montrer que je n’ai pas renoncé. A un moment, je crois qu’on va rentrer, on est à 100 m du paquet. Derrière nous deux qui bossons devant, il y a tous les gars qu’on rattrape qui s’accrochent au wagon. Je pousse une gueulante pour que ça tourne, mais apparemment, les gars veulent juste profiter des locos pour rentrer à la maison. Je ne peux vraiment pas aller plus vite et mon camarade non plus visiblement. Et je vois l’écart avec le paquet à nouveau grandir. Une nouvelle bosse très courte mais assez sèche va définitivement avoir raison de ma volonté et de mes jambes et je décide de laisser tomber. Il reste 15 bornes environ et je suis « mort ». Le papynou serait content, je pense, car je crois que j’ai tout mis, mais ça n’a pas suffit.

 

Pour les 15 derniers km, les morpions qu’on trainait, voyant qu’on a lâché la poursuite, se décide à passer un peu et on va rentrer à un bon rythme quand même pour finir à 1’ du paquet. Je passe la ligne en serrant la main du type vachement sympa (il y en avait au moins 1 ;-)  ) avec qui on a fait cette poursuite.

 

Résultat : 4h38 pour 155 km (1000 m D), soit 33.45 km/h de moyenne. Sur la ligne, on nous annonce dans les 200/250 premiers. Aucune idée de ce que ça représente comme « performance », mais d’habitude je fais 27/28 de My tout seul, voir un peu plus quand je sors avec les cyclo de l’ALPAC. Donc, c’est une moyenne qui me convient tout à fait et surtout l’objectif qui était de se faire violence est atteint et je suis entier ! Pour info, j’ai regardé le début du classement, le premier termine en 37 de My ! Pfiout, il a un moteur ou quoi ?

 

Bilan sportif : franchement, l’appréhension du départ s’est vite dissipé (heureusement qu’il n’a pas plu !) De toute façon, on n’a pas le temps d’avoir peur. J’ai même trouvé ça assez « rigolo » de toujours être à la bagarre et de devoir rester hyper concentré.  Mais que ce fut dur, tant physiquement que nerveusement car c’est vraiment une attention de tous les instants. Une seule fois, j’ai mis les mains en haut du guidon dans une bosse car je suis plus à l’aise en montée dans cette position et j’ai failli me vautrer car ça a freiné devant !

 

Bilan physique : hormis mon éternel mal de dos quand je fais plus de 2h de vélo, je termine avec les paumes de mains en feu (la position permanente en appui sur les cocottes probablement), et les fesses hyper douloureuses (non pas l’assise, mais les muscles ?). Sinon, j’ai un peu mal aux papattes, mais pas autant que je le craignais, et le genou a tenu sans problème (il faut dire que je n’ai pas trop eu le temps d’y penser pendant la course !)

 

Bon cela dit pour regarder le paysage et prendre des photos souvenirs, l’UTMB est un rythme qui me convient mieux ;-)))

 

Merci aux CAPistes qui ont tenu jusqu’au bout de ce CR de vélo !

 

Kenavo, les poteaux,

 

Bien amicalement,

La tortue

 

2 commentaires

Commentaire de robin posté le 07-04-2008 à 15:24:00

hello la tortue,

Sympa ce CR. Perso , j'y connait rien au vélo à part pour aller au boulot et c'est pas là que je bats des records de vitesse ( sauf peut-être au retour ! ).

Merci et bonne récup !

Commentaire de le_kéké posté le 10-04-2008 à 15:47:00

Super ce récit la tortue, j'ai adoré cette découverte du monde du cyclo.
tu t'en ai tiré comme un chef et je suis vraiment impressionné ...

A+
Philippe

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