Récit de la course : Ultra du Déconfinement 2020, par centori

L'auteur : centori

La course : Ultra du Déconfinement

Date : 6/6/2020

Lieu : Caen (Calvados)

Affichage : 1010 vues

Distance : 90km

Matos : salomon S-Lab Ultra Pro

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le récit

Me Voilà Ultra Trailer

 

Introduction.

Début mai 2020 alors que le déconfinement se profile, un de mes amis de lycée me parle d'un projet de 90km pour le 6 juin 2020, l'idée est de fêter la libération par une course grandiose autour de CAEN. Bien sur il s'agira d'un OFF puisque toutes les courses sont annulées.

Je vais euh disons, flipper pendant 48h avant de dire OUI.

Mon plus gros trail est de 53km alors forcément le gap est immense avec un 90km mais l'occasion est belle de franchir un cap incroyable et boucler un parcours superbe dans la Suisse Normande.

 

Préparation.

Le parcours projeté fait 90km et environ 1500m d+/d-, je me suis vraiment bien entrainé pendant le confinement, j'ai tourné à 70km la semaine pendant 7 semaines d'affilé ce qui est énorme pour moi.

Alors je vais décider de continuer ce régime de course à pied en y rajoutant du d+. J'habite dans la plaine de CAEN alors pendant le confinement j'aurai fait environ 50d+ par sortie de 10-12km autant dire RIEN !

La reprise du D+ sera terrible, mal aux jambes, des gamins qui se moquent de moi, mais les sensations reviennent.

Un petit tour du coté du Mont Saint Michel et 36km parcouru sans problème 15 jours avant la date fatidique.

Une sortie avec un ami en Suisse Normande pour lui faire découvrir les merveilles de cette région méconnue. Et enfin, le moment est venu.

 

 

La Nuit.

5 juin 2020, c'est la finale de Koh Lanta, tant pis je me couche à 21h00, je suis fatigué, la semaine a été rude au boulot, je me dis que je vais dormir sans problème et je ne pourrai donc voir le triomphe attendu de Claude.

Là, je vais gigoter, tourner, retourner, et descendre prendre des nouvelles, et voir Claude se faire idiotement éliminer, pas question néanmoins d'assister au triomphe de la médiocrité. Je réussi à dormir un peu, mais vers 23h30, je tourne toujours.

Pas envie de dormir, que neni, surtout du stress, et comment ça va se passer ? Et est-ce que je vais y arriver ? C'est sur qu'en ne dormant pas, les chances que ça se passe mal augmentent...

 

Réveil. 6 juin 3h40.

Je suis réveillé à 3h00 puis à 3h36, cela évite le réveil et donc de stupidement réveiller Mme qui n'a rien demandé et surtout pas d'aller courir dans les bois à pas d'heure.

Petit déjeuner efficace selon le protocole habituel: 2 grands verres d'eau – thé – 4 tranches de pain avec de la compote, une tranche de jambon et une petite banane.

 

Une douche et je suis fin prêt. Je suis inquiet forcément, mais je me sens étonnament bien.

 

Départ 5 heures et section 1.

Je retrouve la fine équipe montée par Gael, celui-ci nous remet le T-shirt préparé pour l'occasion. Nous sommes 8 au départ, mais tous n'irons pas au bout des 90km. Seuls 5 d'entre nous doivent aller au bout, des coureurs feront 40km, d'autres nous rejoindrons au 40eme et d'autres encore au 70eme km. C'est donc une fine équipe de 8 coureurs qui s'élance à 5h pile en direction de Bretteville sur Odon.

Nous partons de Caen à la prairie, l'objectif est de remonter toute la vallée de l'Odon.

Ce qui est remarquable avec la prairie c'est que l'hippodrome situé au coeur de Caen, à peine à 1km du centre ville permet immédiatement de s'extraire de l'environnement urbain et d'accéder à des chemins.

5h le 6 juin, il fait encore un peu nuit, certains d'entre nous ont eu la bonne idée de prendre une frontale cela aidera environ 15 minutes.

5h25 nous passons à Bretteville sur Odon, David mon associé fait une sortie plus que matinale pour nous salluer et courir quelques minutes avec nous c'est vraiment hyper sympa de sa part.

Nous poursuivons en direction de Verson, Baron sur Odon, Tourville etc... a deux pas de Caen nous profitons des chemins en sous bois au bord de l'Odon. Je retrouve là les chemins que j'explorais il y a quelques années quand mes parents habitaient à verson. Je connais bien le secteur du moins jusqu'à Tourville sur Odon.

Le rythme est facile environ entre 5'30 et 5'50 au kilo sur le plat, un peu moins forcément dès que cela monte.

J'apprends à connaître quelques membres du groupe avec qui je discute, je ne connais en effet que deux coureurs, Gael et François (Bertrand et Yannick que je connais aussi nous rejoindrons plus tard), discuter fait partie du plaisir de courir ensemble, se découvrir – échanger – partager sur des sujets trés différents. Avec Gael ce sera forcément les histoires du lycée, et le devenir des copains de l'époque avec des trajectoires parfois trés surprenantes.

 

Nous voilà arrivé à Parfouru sur Odon. 26Km 2h50 cela avance bien. Nous profitons de l'aire Camping car pour faire le plein d'eau et manger un bout. Cette petite pause de 8 minutes fait du bien.

Et nous pouvons repartir direction Aunay sur Odon.

Nous continuons notre bonhomme de chemin le long de l'Odon pour découvrir les bois environnants et des villages ou je ne suis jamais allé, comme quoi parfois l'on va bien loin alors que des paysages sympas sont à portée de main. Epinay sur Odon, Longvilliers et voilà Aunay sur Odon qui se profile.

A partir du 30eme km j'ai la sensation que le rythme forcit, le Km35 parcouru en 5'18 me donne raison, je demande à Gael de lever le pieds, je sens ne pouvoir tenir ce rythme sur toute la distance. J'ai eu le sentiment que tel ne fut pas le cas et pourtant le rythme va bien baisser.

Et nous voilà Aunay sur Odon 40km en 4h20 le rythme est bon, je me sens bien et pourtant c'est déjà presque un marathon que nous avons couru.

Gael nous a organisé un ravito digne des plus grandes courses, du salé, du sucré, des boissons, tout ce qu'il faut pour se refaire une santé avant la partie 2.

Des coureurs arrêtent à Aunay, ils ont d'autres projets dans les jours qui viennent, des coureurs nous rejoignent, ou plutôt des coureuses.

 

 

Section 2: Aunay => 3 Monts.

Nous repartons vers les hauteurs en direction de la forêt de Campandré Valcongrain, changement complet d'environnement. Terminé les sous-bois en bord de cour d'eau, place aux hauteurs enfin si l'on peut dire les sommets environnants Aunay culminent à 250m d'altitude...

Au niveau sensation, je suis vraiment mieux, le ravito aura permis de recharger les batteries, évidement, je ne suis pas en tête de peloton mais tout va bien.

Un petit stop dans les brousailles pour s'alléger, cela fait du bien, et c'est reparti, nous évoluons en forêt et un terrain que je connais un peu pour le pratiquer depuis 2020 aprés avoir piqué sur strava un fameux parcours autour de Thury-Harcourt.

Je crois quand même que la fatigue commence à être là lorsque nous arrivons vers Hamars, il faut aller à gauche et prendre la fameuse côte de Hamars ma tué, et on tourne vers la droite pour un rallongement et aller au même endroit ! Je gromelle un coup et me retrouve en fin de peloton.

Enfin, Harmars aprés cette foutue côte, nous sommes censé faire le plein d'eau au cimmetière, sauf et bien il n'y a pas d'eau !

Heureusement un habitant nous proposera gentiement de faire le plein et nous voilà sauvé. Harmars 53km le point ravito était bien placé.

 

J'annonce d'ailleurs à qui veut l'entendre que mon record de nombre de kilomètre parcouru est désormais battu et le sera à chaque kilomètre qui passe.

 

 

Ensuite c'est direction les hauteurs de Curcy sur Orne, en traversant la forêt et j'avoue que je commence à trainer la patte.

Tout d'abord je commence à avoir des douleurs trés intense dans ma foutue épaule, un an et demi aprés, cette fichue double fracture me fait vraiment encore mal ! J'ai comme une sensation d'un couteau qui racle sur l'os, vraiment pas sympa.

Alors avoir cette douleur a l'épaule c'est pénible mais heureusement elle n'est pas continue. Elle me fera trés mal sporadiquement jusqu'à l'arrivée, disons que ça occupe, et cela relativise les jambes lourdes.

 

J'ai aussi une bonne fatigue, cette fois je suis en fin de peloton lorsque nous arrivons au km60 et pourtant je trotinne encore pas trop mal puisqu'il sera couru en 5'19'' c'est probablement ce qui va m'achever, 4km plus tard, je n'avance plus à grand chose et je sens que je manque de carburant, je quémande une Pompote pour essayer de me refaire.

Bon évidement ce n'est pas immédiat, je repart mais je me fais larguer et au KM66, je me retrouve comme un con tout seul à un croisement sans âme qui vive aux alentours.

Fort heureusement, François revient me chercher, je récupére le groupe et arrive au ravito du 70eme km.

 

Section 3 – Le ravito.

Le ravito c'est fantastique, on arrive chez des amis de Gael. On se présente sans serrer la paluche à quique ce soit, et en même temps qui en aurait envie vu notre état de saleté.

Il y a de TOUT comme pour un ravito de grande course.

Je sors mes sandwich jambon beurre, ou saumon, et je baffre. Je sens quand même que je suis trés entamé, et François me dit même que je suis trés blanc. Pas trés encourageant, mais réaliste.

 

A ce stade je ne sais pas encore si je vais reprendre, je me dis que 70km c'est déjà énorme, et je m'isole et fait une micro-sieste sur la pelouse. L'idée est de me reprendre tranquille à l'écart et voir ce qui se passe. 10 minutes allongé et ça va mieux.

L'équipe décide de repartir, mais je ne suis pas prêt, ils me laissent.

 

A ce stade des sentiments contradictoire:

1: pas cool.

2: je ne suis pas en état, je comprends, ils préférent y aller que me mettre la pression.

3: Ca m'incite encore plus à finir, je suis venu pour 90km donc je vais y aller mais à mon rythme.

 

Du coup, je demande mon chemin, à droite puis à gauche le long de l'Orne, et sinon direction CAEN. Ok Ca va le faire.

Je continue à prendre mon temps, je refais le plein, profite de la gentilesse de la maitresse de maison, et une fois prêt je m'éclipse. Toute l'équipe est partie depuis 5 minutes, je me dis que je ne les reverrai pas.

 

Section 4 – La fin en solo.

Aller c'est reparti, en descente, Gael à dit à droite puis en bas à Gauche. C'est vrai que c'est logique puisque j'arrive alors au bord de l'Orne, laquelle va vers CAEN donc il suffit de suivre le fleuve et je suis sur d'arriver à bon port.

Mais c'est dur, ça tire de partout, j'ai besoin de rééchauffer les muscles qui se sont tendus aprés ces 20 minutes d'arrêt et je me traine mais au moins je profite d'être au bord de l'Orne dans un secteur que je ne connais pas alors j'apprécie le paysage, il y a quelques pêcheurs ils ont bien raison de profiter de la quiétude du moment et de l'isolement.

Sur les kilomètres plats, je vais retrouver quand même un rythme assez propre malgré un état de fatigue assez prononcé, 5'40-5'50 au km cela reste trés convenable.

 

Le parcours va a ce stade délaisser les chemins pour prendre la route le long de l'orne, il y a un chemin, mais je ne suis pas d'humeur à chercher alors je suis le fleuve et basta. C'est un peu longuet néanmoins, je me fixe des objectifs de virage à passer, j'essaye de gagner du temps dans ma tête en regardant alentour. Si cela peut éviter de se concentrer sur la fatigue c'est autant de gagné.

77eme KM on traverse l'Orne, je ne sais comment mais je suis devant l'équipe de fou furieux, ils me doublent forcément. Ils ont du suivre le chemin et faire un peu plus de route pour être ainsi derrière. Les voir passer me casse ce qui me reste de jambes, je marche, enfin j'use aussi comme prétexte que le pont enjambant l'Orne monte trés légérement.

 

Et ensuite j'enquille la voie verte. Encore 12,5km en direction de CAEN, la distance est marquée tous les 100m au sol c'en est presque déprimant. Je tourne en 6' au km environ, je me force à avancer, foutue fatigue.

Je me motive en me prenant à contextualiser ce que serait un parcours de 12km au départ de la maison, je me dis Ouais c'est rien, et j'avance mon parcours virtuel en même temps. Cela ne marche qu'un temps, allez je me dis je courre jusqu'au 80eme km et je marcherai un peu....

je tiens je tiens, 80eme KM, je marche et BAM je vomis !

Ça soulage...

je marche un peu, je repars...

 

Mais là ca va vraiment devenir compliqué, j'alterne marche – course lente, de 6'30 au km à 9' ! Putin c'est lent, mais il faut avancer et dieu que c'est monotone cette foutue voie verte !

Passage sous le périphérique de CAEN, je visualise, bordel c'est chiant et cette foutue arrivée est encore loin.

Bretteville sur Odon, je suis sur la voie verte et les cocos sont juste à coté 100m de devant, ils ne vont pas plus vite que moi, ça me motive, je tâche de ne plus marcher, bon forcément, je vais devoir lâcher l'affaire et ils vont partir, mais pas tant que ça.

1km de l'arrivée, faut que je m'arrête, un coup dans les herbus et hop la pause qui s'impose, dernier délestage avant l'arrivée.

 

Dernier KM euphorique, mon petit Gars Pierre est là avec sa trotinette, il me dit que je n'avance pas aussi vite que d'habitude.... et que 90km c'est pas mal, mais que 100km c'est quand même autre chose et que je pourrai faire vite fait bien fait 10km de plus pour faire un compte rond...

Je décline son aimable invitation, et il se marre.

 

 

Purée c'est fini, un coca qui était bien au frais dans la glacière. Je me change. Bon sang 90km je n'en reviens pas ! 37Km de plus que que mon ancien record.

Wouah, merci Gael de m'avoir proposé ce défi étonnant et vraiment sympa.

Me voilà Ultra-Trailer ! Wouais j'ai eu tellement de mal à passer ce cap, je suis vraiment content.

Cela a été difficile, mais je sais maintenant que je peux le faire et qu'en plus le protocole nourriture est efficace.

Je pourrai donc le refaire et tenter d'autres aventures.

 

 

Chacun pourra remarquer que l'organisation parfaite de Gael alla jusqu'à un T-shirt commun superbe porté pendant la course.

Le parcours sur STRAVA

Section 5 – La récup.

Cette partie de la course est tout aussi étonnante pour moi que la course en elle-même.

Tout d'abord impossible de faire la sieste en retrant à la maison, j'étais trop excité. Là c'est assez classique aprés une grosse course impossible de dormir. Je m'attendais néanmoins à m'effondrer mais cela ne sera pas le cas.

 

Pas moyen de même de me coucher de bonne heure, comme si le corps courrait encore.

Dimanche matin, ça va pas mal, les jambes sont bien, pas d'ampoules, les genoux sont un peu raides, mais sinon les muscles sont ok. Je me paye même le luxe de faire un peu de jardinage.

A midi, je mange mais comme 4, j'ai fait comme un sort au couscous.

 

Ce n'est que le début d'une semaine pendant laquelle je vais manger vraiment plus que d'ordinaire, comme s'il fallait récupérer les 7000 calories brulées pendant cet effort hors norme, et comme si la machine continuait à fonctionner à pleine cadense.

Le mieux c'est que malgré ces agapes, je vais perdre du poids.

3 jours de repos et je rechausse les chaussures et là c'est une fatigue de dingue qui me tombe dessus, je dors debout un truc incroyable. Comme si tout lachait d'un coup et que ça disait STOP !

Je vais être comme ça 3-4 jours à me trainer, une sensation bizarre d'épuisement à ne rien fiche.

Et finalement d'un coup ça va passer aprés 10 jours, je réussi à claquer une sortie de 9km en 4'17 au km tout l'inverse d'un ultra.

Je me dis que je suis prêt pour un nouveau challenge.

 

Franchement je suis content.

 

PS: a quand un Ultra du D-Day tous les ans dans le cadre des courants de la liberté ?

1 commentaire

Commentaire de Matt38 posté le 25-06-2020 à 10:41:51

Bravo et félicitation, je suis un Caennais partis de Caen pour Grenoble depuis de nombreuse années.
J'ai imaginé un trail des plages de débarquement en off. Suivant la trace ici :https://tracedetrail.fr/fr/trace/trace/72541

cela peut te donner des idées !

Bienvenu dans le monde de l'ultra !

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