Récit de la course : Forest Trail 31 - 42 km 2016, par Pastisomaitre

L'auteur : Pastisomaitre

La course : Forest Trail 31 - 42 km

Date : 6/2/2016

Lieu : Levignac (Haute-Garonne)

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Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

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La forêt à la frontale, que du bonheur

J’attendais avec impatience ce premier grand RDV de la saison, un bon trail d’hiver comme on le aime au moment de la journée que je préfère pour courir, la nuit.

Je me suis bien préparé depuis ma « coupure automnale », en enchainant sorties longes, fractionnés et travail du D+, le Forest est le début des choses sérieuses en cette année 2016 durant laquelle je vais passer en mars la barre des 50 kms en montagne sur une course, et durant laquelle je passerai le cap de l’Ultra en août prochain. De toute façon, j’ai payé mon inscription au GRP, je peux plus reculer maintenant .

Je ne connais pas le parcours de cette Supernova,  je ne connais pas très bien le secteur, bien qu’habitant à une trentaine de kms du village de Lévignac où sera donné le départ.

42 km sont donc annoncés, pour 1000 D+, un dénivelé raisonnable, ce qui veut dire qu’on aura beaucoup de temps pour courir, il y a pas mal de passages en forêt, de grosses côtes bien raides, des bords de lac.. En tout cas, ce que je connais ici, c’est l’orga au top et l’ambiance phénoménale de la course, plein les yeux de ce côté, que ce soit au départ ou à l’arrivée.

 

J’arrive donc 1h avant le départ, je récupère le dossard et me prépare tranquillement à la voiture en contrôlant plusieurs fois la frontale, et file direction la halle de Lévignac, je rejoins assez vite le SAS de départ qui se rempli doucement.

18h30, après un rapide brief, le départ est donné ! Lentement au début car les enfants d’une association ouvrent la marche, puis on part plus vite dans les rues du village, toujours trop vite comme souvent en course !

On commence par traverser les rues du village, beaucoup d’encouragement du public à ce niveau-là, puis on enchaine avec une piste en bord de rivière qui se transforme en monotrace le long d’un champ. Impossible de doubler ici, on s’adapte si on est derrière quelqu’un de plus lent. On arrive ensuite sur une route qu’on va suivre quelques kilomètres avant de commencer les vrais chemins comme on les aime. On gagne sa place sur cette portion car on peut facilement doubler, une bonne montée sur le bitume échauffe les cuisses puis on attaque la forêt.

 A partir de là, quelque montées / descentes s’enchainent,  je double quelques coureurs, d’autres font de même avec moi, je double un coureur avec qui nous échangeons quelques mots sur la qualité de nos frontales, puis je commence à suivre 2 coureurs avec qui je resterai une bonne dizaine de kms, nous échangeons quelques mots sur le problème de balisage de l’année d’avant sur la Nébuleuse (j’y était ! j’ai fait 22 pour ce qui connaissent l’histoire), un des 2 coureurs (Maxime il me semble, qui a dû abandonner d’après ce que j’ai pu voir sur le résultat final, pas de blessure j’espère) me demande si je veux passer devant, je lui dit que leur allure me va très bien, de même avec le 2d coureur (Olivier), mais nous gardons le même rythme et restons à trois. Apparemment on aime bien envoyer en descente car on file à toute allure à chacune d’entre elles ou on double souvent des coureurs plus prudents. On rattrape un groupe de filles faisant partie du même club qu’un de mes camarades. On enchaine quelques montées / descentes à travers champs et bois, un environnement génial, j’adore sentir le vent et entendre tous les bruits de la nuit noire, en regardant la lueur de la frontale devant mes pieds, sensations géniales pour ceux qui la connaissent pas, de mon côté j‘ai l’avantage d’avoir l’habitude car m’entraine exclusivement à 5h du matin, la frontale et donc un sixième sens pour moi.

On est au km 16 environ, une étendue noire apparait à ma droite, je me souviens avoir vu un lac sur la carte du parcours. Effectivement nous sommes en train de le longer. Je suis troisième d’un groupe d’une bonne vingtaine de personnes, les 2 coureurs que j’accompagne depuis presque 10 kms sont toujours là, une coureuse (du groupe de celle que nous avions rattrapé) ouvre la marche sur une belle monotrace le long du lac, les coureurs devant sont loin, je n’aperçois pas de lueurs. Nous faisons entièrement confiance à la demoiselle qui ouvre la marche, car je la vois hésitante de temps à autre quant au balisage mais nous la suivons les yeux fermés ! merci à toi de ne pas t’être trompée !

J’aperçois une bonne montée en face de moi avec des warnings en haut, on est au 19eme km, il me semble avoir lu que l’Abbaye Sainte Marie du Désert (un des 2 ravitos) se trouvait à ce niveau-là, je pense alors que c’est les lumières que je vois la haut, je passe en tête de mon petit groupe et fini finalement par gagner du terrain presque sans faire exprès, je me sens en canne ! J’attaque la belle montée dont le pourcentage de pente va crescendo, je cours longtemps et double pas mal de coureurs qui avaient déjà commencé à marcher, je sens un coureur derrière, qui se met à marcher en même temps que moi. On échange quelques mots durant a montée, on parle des courses faites ou à faire, des objectifs de la saison etc.. on arrive en haut de la grande côte, on peut voir toute une file de frontales dans le champs en contrebas, il y du vent fais qui souffle bien fort. On court sur une petite route puis filons à travers champs, on aperçoit au loin une église éclairée, mon camarade de route du moment me dit que c’est l’abbaye Ste Marie du Désert, il n’a jamais fait la Supernova mais a bien étudié le parcours apparemment (mieux que moi). On descend à travers un petit bois puis commençons à remonter dans ce qui semble une sorte de bois de sapin artificiel (plantés en lignes). C’est dans la montée que je perds mon camarade de route. J’arrive à l’Abbaye, endroit très sympa, je pointe, je vois une petite fille avec un panneau « je t’aime papa », c’est trop sympa, je pense à la mienne qui doit dormir à l’heure qu’il est..

Je passe vite fait au ravito, j’y traine pas en général car j’ai ce qu’il faut sur moi.  Un bout de pain, saucisson, fromage et pain d’épice et repars à pieds en mangeant, dans la petite descente qui suis, je manque de m’étouffer avec mon saucisson mais repars en vie finalement, et je recommence courir dans la descente à travers les arbres. On est au km 24 et, je le sais pas encore, mais je serai seul le restant de la course, presque 20 kms seul avec ma frontale et la forêt. Que du bonheur.

Je traverse un ruisseau juste après l’abbaye et trouve un gars assis par terre, contemplant le paysage avec sa frontale. Je lui demande si ça va. Il me dit qu’il s’est tournée le genou et qu’il attend un peu avant de remonter à l’abbaye pour abandonner et se faire rapatrier. Bon rétablissement mon gars !

Une bonne côte sur le bitume ou j’alterne course et marche, puis un bénévole me dirige sur la gauche (je ne remercie pas assez les bénévoles, ils sont partout, ils sont sympas, ils encouragent ! vous êtes géniaux ! bon c’est sûr, vous avez toujours la bière à la main et la saucisse grillée sur le feu de camp, pas à plaindre ! ^^). Je cours dans un champ puis arrive au bord d’un second lac qu’on va longer d’un bout à l’autre. Je vois des frontales loin devant, je vois des frontales derrière. 2 personnes vont me doubler, je reconnais la demoiselle qui ouvrait la route devant moi 10 kms auparavant, je ne vais pas essayer de les suivre, je cours à mon rythme.

Je rentre dans le dur, j’ai mes douleurs habituelles qui arrivent, fidèles au RDV à ce kilométrage : légère tendinite à la hanche droite et haut des cuisses / fessiers qui commences à tirer. Habituel, je sais que la période 25 è 35 kms est difficile physiquement pour moi, c’est comme ça.

Mais ça va, j’en chie un peu mais ça va.

Je grimpe une bonne côte sur le bitume, je marche un peu, je cours, j’alterne. J’arrive à un endroit un peu flippant qui m’a marqué sur cette course. Beaucoup de vent aux abords du sommet de la colline (point culminant de la course d’ailleurs) et un fort sifflement venu d’ailleurs, très étrange. J’aperçois la silhouette d’une immense antenne TV à travers les arbres, le vent ‘y engouffre et crée ce sifflement.

Une belle descente et je rentre vraiment dans le moment un peu dur des 30 kms, courir dans la descente deviens un peu douloureux. Aïe ! C’est le moment où on regarde la montre où on se dit « comment je vais arriver au bout aujourd’hui ? » quand on voit qu’il reste 15 bornes. En fait, on dit ça à toute les courses, le plus important c’est le mental !

Vient ensuite un sacré montée bien raide ! très raide. Je marche tranquillement, je rêve de bâtons, mais ils m’auraient gêné aujourd’hui, trop roulant. Encore des bénévoles  qui me font zigzaguer puis je repars pour une belle descente ou je marche un peu. Je sens une frontale derrière moi, je cours un peu, j’ai quand même pas envie de me faire trop doubler, faut pas déconner.

J’aperçois un village de l’autre côté, tout en haut d’une très grande colline, très haut ! je me dis que ça doit être Castera, le deuxième ravito ! C’est bizarre, ça paraissait bien plus plat vu sur la carte..

Le gars derrière moi fini par me doubler, puis par trébucher devant moi ce qui me fais un peu sourire, mais me distance finalement, tant pis.

J’attaque la montée bien raide, je monte tranquillement, j’ai mal aux fessiers mais c’est normal après tout, j’arrive en haut et je vois qu’il faut faire le tour du village. Beau village perché, un immense bâtisse éclairée devant moi, puis une église an dessous de laquelle je passe, on dirait un vieux village fortifié. Puis viens une salle des fêtes, je pensais au début qu’il y avait une fête, un mariage ou quelque chose comme ça. En fait c’était le ravito.

Accueil habituel, applaudissement, enfants qui crient ! Merci à tout le monde c’est vraiment trop sympa.

Je prends un coca au bar, servi dans un gobelet en plastique. C’est interdit normalement mais si gentiment proposé par la bénévole. Trop la flemme de tomber le sac pour y cherche le gobelet réutilisable.

Je reste ici 2 mn à m’étirer. Lorsque je sors, je prends un coup de froid phénoménal, trempe de sueur, je viens d’une salle chauffée et sors dans le froid et dans le vent, failli vomir sur le moment. J’ai mal mais je cours, ça me réchauffe.

On est au km 34/35 à peu près, vient une belle descente et un passage plat sur route sur 2 kms, je cours, je marche, j’alterne, j’ai mal aux jambes. Je me fait doubler par 2 gars mais reste finalement « dans leur roue ». Ils e mettent à marcher, je les redouble. Une bénévole accordéoniste nous fait partir dans la forêt, encore un beau chemin qui monte comme il faut. Un gars arrive vite derrière moi. Ça m’étonne toujours les gars qui sont derrière depuis 35 kms et qui doublent comme un bolide à ce niveau-là de la course. Il faisait quoi jusque-là, il dormait ?

Un autre gars arrive, je lui demande s’il veut passer, il me dit que non, je me tourne et vois la frontale éteinte. Panne de frontale, c’est con ça ! Du coup il doit pas lâcher le gars devant lui s’il veut y voir quelque chose. Finalement je l’ai distancé sans faire exprès, à la guerre comme à la guerre, je me remets à courir, je retrouve les cannes. C’est la fin du coup de mou! je cours dans les bois sur ce beau chemin puis nous arrivons au bout, de gros projecteurs braqués sur moi et les 2 gars devant que je rattrape peu à peu, on est totalement ébloui. A peine les projeteurs passés que 2 gars déguisés en loup nous sautent dessus. Petit coup de pression, belle blague les gars.

Je double les 2 coureurs et accélère, je me sens bien. On rejoins la route puis un croisement que je reconnais, c’est le point où nous retrouvons le parcours de l’aller, que nous allons suivre jusqu’à la halle de Lévignac.

Lumières du village, voix du speaker, on y est presque.

Je cours sur la route, j’accélère je suis bien. Je pique à gauche, je prends un chemin qui longe la rivière, je double 4 ou 5 gars qui marchent ou courent pas trop vite. Je sens des pas derrière. Ah non personne me doublera maintenant!! J’accélère encore, sors du chemin, attaque l’entrée du village tel un gladiateur (lol) et vole littéralement vers l’arrivée. Finalement j’aurais pu faire plus ! Je pète la forme.

Petit pont en bois qui rentre dans la halle et.. C’est fini ! 5h03 de bonheur.

Le speaker lit mon nom sur l’ordi et fait un blocage avant de se tourner vers moi. C’est un collègue de travail. Je le savais je l’avais repéré au départ.

On échange quelques mots.

Bière + sandwich saucisse.. je savoure l’ambiance puis repars dans le froid, trempe jusqu'aux os jusqu’à la voiture.

Superbe course, exceptionnelle, à refaire chaque année. Orga au top je me suis régalé.

5h03, 63ème sur 250 partants annoncés, de bonne augure pour la suite.

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