Récit de la course : Off - Ascension du Mont Blanc - Montée au sommet puis redescente à Tête Rousse 2006, par L'Castor Junior

L'auteur : L'Castor Junior

La course : Off - Ascension du Mont Blanc - Montée au sommet puis redescente à Tête Rousse

Date : 11/7/2006

Lieu : Les Houches (Haute-Savoie)

Affichage : 12718 vues

Distance : 22km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Le toit de l'Europe...

La montée depuis Tête Rousse
Après une nuit courte mais confortable à 3167 m, dans un dortoir du refuge de Tête Rousse, nous nous réveillons, à 1h00, pour entamer l'ascension vers le sommet du Mont Blanc. Le temps de prendre le petit déjeuner et de finir de s'équiper, il est déjà 1h40, et plusieurs cordées nous ont largement précédés. Comme prévu, Fred emmène Dominique et François, Gilles et Aurélie constituent une cordée autonome, et Olivier se charge de guider Roger et votre serviteur vers notre objectif.
Le "mur" qui m'avait tant effrayé la veille passe finalement sans grande difficulté, dans une ambiance magique avec les lucioles que sont les frontales de chaque cordée qui tapissent la paroi. De toute façon, Olivier gère la progression d'une main de maître, et parvient à nous mettre totalement en confiance. Même les passages un peu techniques, lorsqu'il faut s'aider des mains, ne posent pas de réelles difficultés.
Nous arrivons au refuge du Goûter vers 3h50, toujours dans la nuit noire que seule une lune pleine et particulièrement brillante vient illuminer d'une aura magique. C'est le moment de chausser les crampons et de prendre le piolet en main. Psychologiquement, on réalise enfin qu'on est parti pour atteindre le sommet.


Les premières lueurs du jour...


Vision onirique du Mont Blanc irradié par l'aurore.

Olivier est premier de cordée, et Roger ferme le ban. Ce dernier semble quelque peu fatigué, et la corde restera tendue l'essentiel de l'ascension, ainsi que nous le demande Olivier, sans le moindre mal.
Nous passons devant les dizaines de tentes installées à côté du refuge, doublons plusieurs cordées, puis atteignons le refuge Vallot vers 5h00, alors que le soleil commence à effleurer l'horizon, perpétuant une ambiance extraordinaire.


Le soleil point à l'horizon derrière Vallot.


Vue sur le dôme du Goûter.

Nous marquons un arrêt devant un sérac gigantesque, où j'indique à mes camarades le jeu merveilleux d'ombres chinoises que crée le soleil brillant sans nuages.


Jeu d'ombres chinoises sur le sérac.

Il est temps, alors, d'entamer la traversée des arrêtes sommitales, autre passage particulièrement dangereux du parcours, avec le fameux couloir. Un épisode de vent fort et froid nous pousse à revêtir notre quatrième couche coupe-vent et imperméable, mais les conditions restent, dans l'ensemble, idéales. La vue des autres cordées au loin, devant et derrière nous, a quelque chose d'étrange, comme si des nuées de fourmis convergeaient silencieusement vers un même lieu.


A l'approche des arêtes sommitales.

Le sommet
Nous atteignons finalement le sommet, plateau somme toute assez large, vers 7h20, en même temps que Gilles et Aurélie, mais un bon quart d'heure, semble-t-il, après Dominique et François que Fred a menés à un train d'enfer. Il doit y avoir cinq ou six autres cordées à cet endroit, bien loin de l'effet de masse que j'avais redouté un instant. Un alpiniste se mue à notre arrivée en pratiquant de parapente, et entame doucement sa descente vers la vallée. Impressionnant.


Dominique, photographe sur le toit de l'Europe.


Des îles volcaniques sur une mer de brume ?

Nous nous prenons dans les bras les uns les autres, tous fiers et heureux d'avoir réussi cette aventure, en particulier les quatre "primo-accédants" au toit de l'Europe que nous sommes, Dominique, François, Roger et moi. Alors même que j'avais affirmé de manière péremptoire qu'il était stupide de téléphoner depuis le sommet pour faire partager sa joie à ses proches, je suis le mouvement sans demander mon compte, et appelle parents et amis, comme le font la plupart des gens autour de moi. Je passe en particulier un coup de fil à ma grand-mère savoyarde, qui réside, au pied des Aiguilles d'Arves, à quelques dizaines de kilomètres seulement, à vol d'oiseau, de mon emplacement actuel. Elle a d'abord du mal à me croire, persuadée que je suis en train de faire le tour du Mont Blanc et non pas son ascension, puis finit, convaincue, par me dire que je n'aurais jamais été capable de faire ça à peine un an auparavant, lorsque j'étais encore vierge de toute pratique sportive. Elle n'a pas tort...
Une chose est intéressante à noter : depuis la vallée, voire certains "petits" sommets alentours, le Mont Blanc, de part son éloignement et sa forme ronde et douce, apparaît parfois comme petit dans ce vaste massif. Eh bien, depuis le sommet, on réalise vraiment à quel point il domine majestueusement l'ensemble de la région. Le beau temps au rendez-vous nous permet en effet de voire à des kilomètres à la ronde, et d'apercevoir la courbure de la terre à l'horizon.


On devine, au loin, la courbure de la terre.


Que tous ces sommets paraissent bien petits, d'en haut.


Aurélie et Olivier.


On devine, à gauche, l'ombre portée par le Mont Blanc sur les massifs avoisinants.


Seuls les avions nous dominent encore.

Je jette un coup d'oeil sur la voie des trois Monts Blancs (Aiguille du Midi, Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit et Mont Blanc), avec la ferme attention de pouvoir y accompagner un jour mon père, savoyard, qui ne connaît finalement cette montagne que pour en avoir fait le tour deux années de suite à l'UTMB. L'été prochain peut-être ?


La voie des trois Monts Blancs, à tenter un jour.

En tout cas, je savoure ces trente minutes passées à 4807 ou 4810 m d'altitude (tiens, mon GPS est parfaitement dans les clous...), en me disant que lorsque, fin août, j'entamerai le "mini" UTMB qu'est le Courmayeur - Champex - Chamonix, j'aurai cette sensation agréable de connaître ce autour de quoi je ferai le tour.
J'ai également une petite pensée pour notre ami la Tortue, qui mène à ce moment-là un combat difficile. Ho hisse la Tortue !!!
La redescente au refuge de Tête Rousse
La redescente s'effectue sur un soleil toujours seul dans le ciel : le temps a vraiment été de notre côté aujourd'hui, et aura certainement permis un taux de succès élevé pour ceux qui auront tenté l'ascension ce jour. Roger est devenu, par la force des choses, premier de cordée, tandis qu'Olivier, à l'arrière, s'efforce de nous assurer au maximum. Roger, qui, après une ascension éreintante, a pu reprendre un peu de forces au sommet, semble parfois manquer un peu de lucidité, et s'emmêle les pieds à deux reprises. Olivier décide alors d'intervertir nos positions respectives, lui-même restant, en gardien vigilant, à l'arrière. Le croisement avec les cordées montant au sommet sur les arêtes sommitales s'effectue de manière finalement assez souple, et nous pouvons, dès l'arrivée à Vallot, opter pour des descentes plus directes droit dans la pente, la clé essentielle restant la bonne maîtrise des pieds et crampons.


Le dôme du Goûter, vu à la redescente.


J'ai déjà oublié le nom de cette chaîne de montagnes...


La redescente droit dans la pente, avec la vallée en contrebas.

Dans cette descente, nous doublerons un groupe de trois alpinistes étrangers qui n'ont pas pris le soin ou jugé utile de s'encorder. Olivier, en bon professionnel, nous arrête et s'efforce de les mettre en garde contre les dangers d'une telle pratique, en vain. Il est vraiment dommage, voire irritant, de constater que certaines personnes se croient décidément plus fortes et plus intelligentes que les autres, mettant leur vie en danger, ainsi que celle des gens qui les entourent...
Nous arrivons au refuge du Goûter vers 10h20, où nous croisons des cordées qui partent seulement. Là encore, inconscience ou amateurisme, leur comportement est étrange, et les aura vraisemblablement, d'après Olivier, conduit tout droit à l'échec... Nous enlevons nos crampons, et entamons la partie finalement la plus pénible de toute cette sortie : la descente, via le "mur" minéral, vers Tête Rousse.
Roger et moi sommes particulièrement peu à l'aise dans cet exercice, et Olivier, malgré le calme olympien et la sérénité qu'il affiche en permanence, doit être souvent sur le qui-vive.
Nous parvenons tant bien que mal au fameux "couloir", où un petit embouteillage de cordées s'est formé. Celle de Fred va passer sans encombre, jusqu'à ce que Dominique glisse à deux doigts du bout du couloir. Heureusement, il se relève très vite, aidé par Fred et François. La cordée qui suit a visiblement moins peur de que nous de ce passage dangereux où le moindre faux pas peut coûter la vie : une femme, heureusement accrochée au filin qui traverse le couloir, tombe, et prend tout son temps pour se relever, semblant parfois même à deux doigts d'éclater de rire...
Notre propre passage s'effectuera heureusement de manière plus paisible, et les derniers hectomètres qui nous séparent de Tête Rousse ne poseront là encore aucun problème.
Nous prenons le temps de nous ravitailler tranquillement au refuge, afin de reprendre un peu de forces après cette sortie de près de 11h15'. Les visages sont marqués mais témoignent de la joie d'avoir réussi.


Dominique, Roger, Aurélie et Olivier. Les visages sont parfois marqués, mais tout le monde est heureux.


François, Gilles et Fred. Désolé pour le flou, je devais être marqué moi aussi...

La redescente, finale, vers le Nid d'Aigle s'effectuera en deux groupes : nos guides, Gilles et Aurélie, à l'aise sur neige et glacier, opteront pour une descente rapide par un névé, tandis que François, Dominique, Roger et moi préfèrerons la descente plus traditionnelle mais plus longue par le chemin emprunté à l'aller.
Nous disposons d'1h30' pour rejoindre le Nid d'Aigle, ce qui pousse François à partir sans crier gare. Je préfère le suivre au plus vite, car je suis généralement très mauvais descendeur. J'abandonne donc lâchement Dominique et, surtout, Roger, chez qui on sent encore une fatigue forte. Heureusement, les deux finiront également la descente dans les délais, et nous pourrons donc redescendre, tous les huit, aux Houches par notre itinéraire de la veille.
Les festivités
De retour à Argentière, nous retrouvons nos amis partis faire l'ascension du Buet. Tous sont ravis de leur journée, et semblent sincèrement heureux que nous ayons tous réussi à grimper au sommet. Nous fêtons toutes ces réussites dans le jardin du gîte, autour de bouteilles de champagne qu'Olivier tentera, en vain, de sabrer.


Olivier tente de sabrer une bouteille de champagne avec un piolet.


Il essaie à nouveau, mais en vain. Tant pis, nous le boirons quand même ;-o)


Alain et Anne-Marie dansent un rock sous les crépitements des flashs...


Quel rythme !

Fred nous abandonne rapidement pour rentrer sur Grenoble, et c'est donc à quatorze que nous finissons la journée dans un petit restaurant d'Argentière, pour marquer le coup.


Mélanie, Kloug, Anne-Marie et Roger au restaurant.


Emmanuelle et Alain jouent aux petits chaperons rouges...

Olivier nous abandonnera à son tour, car il doit accompagner des amis à lui le lendemain au... Mont Blanc, par la voie des trois Monts Blancs cette fois. Las, une météo moins clémente le contraindra finalement, le lendemain, à opter pour un autre sommet du massif.
En tout cas, ce week-end concocté de main de maître par Aurélie aura été un véritable régal, et une expérience extraordinaire pour tous les participants.
Personnellement, il m'a vraiment donné envie de poursuivre l'expérience, probablement en faisant appel à nouveau aux services de Fred et Olivier ( http://www.guide-alpinisme.com ), qui ont été des guides fantastiques.
En tout état de cause, je pense que n'importe qui, en bonne condition physique, peut tenter l'expérience s'il le souhaite, à condition de se plier à certaines "règles". En l'occurrence, je sais que je n'aurais pu réussir l'ascension sans l'école de glace et le premier sommet qui l'ont précédée. De la même manière, avoir des guides à l'écoute et dans lesquels j'avais toute confiance était également un facteur clé de réussite.
En bref, si cela vous tente, tentez le coup !
L'Castor Junior

10 commentaires

Commentaire de troll posté le 26-07-2006 à 10:41:00

MA-GNI-FI-QUEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE

Commentaire de Geronimo posté le 26-07-2006 à 11:10:00

Félicitations, comme dans un rêve.
Et quelles magnifiques photos !

Commentaire de Gadou 42 posté le 26-07-2006 à 16:57:00

vraiment bien ! ! et bravo pour cette réussite
quel envie tu me donnes ! ! ! ! ! ! ! !
le montblanc dans la lumiere du matin ! Sacré photo ! ! !

Commentaire de totoche58 posté le 27-07-2006 à 21:56:00

les superlatifs me manquent .Super récit ( comme d'hab ) et photos splendides qui donnent envie . Merci à toi .

Commentaire de robin posté le 28-07-2006 à 11:04:00

Hello,

tes deux C.R. m'ont scotché à mon bureau et m'ont fait découvrir un univers que je ne connais pas.

Superbes phtos

Commentaire de la linotte posté le 08-09-2006 à 11:35:00

Superbe récit et photos, que j'ai lu avec d'autant plus d'attention que j'envisage cette ascencion en 2007 avec des amis.
Quelle température au sommet et quels équipements (vêtements) avait tu sur toi ?

la linotte

Commentaire de LtBlueb posté le 09-09-2006 à 21:42:00

salut le castor,

superbes photos, superbes témoignages,
qui m'ont rappelé l'époque ou j'allais à l'assaut des sommets de neige et de glace
la voie des 3 mont blanc est effectivement grandiose

meme si le mont blanc m'aura laissé une impression grandiose, la plus belle fut la traversée des domes de neige : quelle arête !

la plus belle (que je ne ferai jamais) : la "verte"!

a+
L'Blueb

Commentaire de agnès78 posté le 20-02-2007 à 21:39:00

pfffffffiou... Si ça me tente???
Plutôt deux fois qu'une!
Encore des photos MA-GNI-FI-QUES!
MERCI, msieur!
bises
agnès

Commentaire de Bicshow posté le 16-09-2008 à 14:43:00

Belle course

Commentaire de maï74 posté le 01-10-2009 à 23:08:00

Merci Cédric pour ces fabuleux récits et non moins fabuleuses photos... Le Mont Blanc est à mon programme pour 2010 ! Biz

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