Récit de la course : Marseille-Cassis 2012, par vincevador

L'auteur : vincevador

La course : Marseille-Cassis

Date : 28/10/2012

Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 1142 vues

Distance : 20km

Objectif : Faire un temps

6 commentaires

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Marseille-Cassis, retour vers le futur

Flashback sur une course hors du commun tant il est vrai que je m'étais mis une pression particulière pour cette édition de Marseille-Cassis. La nostalgie ressentie ces dernières semaines allait faire place à l'ambition, à la perf à l'état brut. Je voulais cette fois un chrono, coûte que coûte.

Un chapelet de prières à Notre-Dame de la Garde ne suffirait pas gratter les dix minutes recherchées. J'en étais donc quitte pour un « je vous salut Marie pleine de grâce... Merci de laisser mon tendon tranquille... Amen ».

Douze kilos de moins que l'année dernière et une préparation soutenue, toujours avec l'appui de la team ESP consulting, du renfort d'un coach d'élite plus que calé en matière de run, de l'émulation avec le Président du club septémois et de mon plus fervent supporteur quand il le veut bien : moi-même.

Il faut dire que je n'ai pas lésiné sur les kilomètres, les petits dénivelés sympas - bifurquer et emprunter un raidillon plutôt que de rester sur les sentiers battus -, et quelques courses de préparation aux dénivelés subtiles...

A ce titre, l'Ironman d'Aix en Provence en relais avec deux frangins aussi super qu'héroïques et un semi bosselé à souhait restera dans les annales comme une aventure sportive et humaine extraordinaire.

J'enchaînais sur un 12 km bien raide et la traditionnelle Cabro d'Or. Juste le 5 km à fond la caisse, just for fun et pour dérouiller mes gambettes une dernière fois avant Ma course. Un moment de partage par ailleurs très agréable avec les néo-runners de la « Odalys Running Team ». Que du bonheur !

J'insiste souvent sur le retrait du dossard, mais je constate en fait que c'est à cet instant précis que j'entre dans ma course, et qu'aucun n'élément, météorologique ou autre, ne peut se mettre en travers de ma route. Ma détermination est alors sans faille. Quand en plus vous avez l'honneur de partir avec un dossard préférentiel, la détermination devient obsession.

Toujours impatient, je me levais le dimanche une heure trop tôt, m'étant couché deux heures trop tard.

Un café (sans lait : une hérésie !), une banane, une tranche de pain complet, et hop ! En voiture, non sans avoir préalablement vérifié une vingtaine de fois ne rien avoir oublié.

Je récupérais deux cong(én)ères transis, puis direction Marseille dans un froid polaire, avec quelques flocons ça et là et un vent à ne pas mettre un Kényan dehors.

L'organisation de cette édition exceptionnellement modifiée, je déposais avec hâte mon sac et rejoignais mon Président et quelques collègues pour une invitation à se réchauffer chez un concessionnaire automobile bien équipé en thermos de café, croisant au passage nos amis africains, bizarrement peu inquiet de ma présence dans les environs.

Totalement insensible au parfum des viennoiseries du buffet, j'étais dans le saint des saints de l'organisation du MC. Meneur d'allures, motards, journalistes, coureurs politiques de droite comme de gauche. Le gratin était bien là. Une poignée de main au directeur de course et à André Giraud, président fondateur de la célèbre course et nous voilà parti vers le sas 1h30. Et là : grosse pression.

Si je pensais ne pas avoir de stratégie, elle était devenue au fil des événements évidente. J'allais partir vite. En tout cas bien plus vite que d'habitude. J'allais ainsi me servir de mes dernières perfs sur courte distance - avec une fréquence cardiaque max passée de 155 à 170 en un an -, de cette opportunité de décoller avec les cadors et du puissant mistral que j'espérais avoir le plus souvent dans le dos, ma prise au vent étant optimale !

Ce dossard, je devais aussi en être digne, ne serait-ce que par respect pour les athlètes dont le précieux sésame sert aussi leur soif de victoire sur le temps. Si j'avais donc pris la décision de courir en bord de route afin de ne pas gêner le flux des innombrables runners qui allaient inéluctablement me dépasser, j'avalerais les 5 premiers kilos à bloc, sans me soucier des sempiternels faux-plats de Valmante.

Parti au grand galop après une accolade chaleureuse avec Mehdi Baala - quelques derniers encouragement de la part d'un grand champion, ça ne fait jamais de mal -, je me retrouvais rapidement, le premier ravito attrapé au vol, au pied de ma Douce.

Le couteau entre les dents, inutile de dire qu'il n'était pas question pour moi de marcher dans les 3 km d'ascension jusqu'au col comme sur l'édition passée. J'ai bloqué ma foulée et mon palpitant, collé mon nez sur le bitume sans un regard pour ma ville. Dans ma course, et seulement dans ma course.

Le Président l'a vite compris, je n'était pas là pour parler de la pluie et du beau temps et notre rencontre avec un collègue de l'USCS, n'y changerait rien. Si le mutisme, transpercé de quelques encouragements de mon Gérard me motivait, la gouaille de Jo n'avait aucun effet sur ma concentration. Tout juste répondais-je par quelques « Ouaip », « Oh fan », « sûûûr »....

Rarement la côte ne me parût si courte. Sitôt le bitume redevenu assez plat, je repartais de plus belle sur une foulée plus conquérante et une fréquence plus soutenue. Le ravito du col expédié en courant aussi, je me contentais de quelques gorgées pour réhydrater la machine. Le vent asséchait les papilles.

Deux quartiers d'orange pour remplacer les tubes de gel, et en avant au pas de course direction Carpiagne.

J'ai bien déroulé sur le long plateau, profitant des descentes pour relancer un peu. Seul un léger grésillement dans le soléaire me rappela de préserver une foulée basse pour éviter de trop frapper dans les guibolles.

Nous croisâmes quelques charmantes équipières qui s'abritèrent du mistral quelques secondes à mes côtés, puis la dernière descente vers Cassis se profilât. J'eu tout juste un regard pour le Cap Canaille, dominant majestueusement une mer déchaînée. C'était beau... Mais je n'avais pas le temps pour la contemplation aujourd'hui.

J'ai envoyé. Pris les virages à la corde. Doublé ceux que je pouvais doubler et essayer de doubler aussi ceux que je ne pouvais pas. Jusqu'à l'ultime mètre de dénivelé négatif, j'ai mis tout ce que j'avais dans les jambes... J'ai heureusement gardé les tripes pour la fin.

Dernier ravito. Boum ! Un coup de semonce. Le mini faux-plat me coupe littéralement les jambes. Le Président l'a tout de suite compris, et si je ne voyais de temps à autre que le bout de ses baskets, il se plaça aussitôt aux avant-postes pour tracer la voie.

Pas de coup au moral mais juste des jambes en bêton armé qui défonçaient le macadam à chaque pas. Immédiatement, le cerveau pris le relais : montée de jambe, posture... Un pantin aurait couru mieux que moi... Je rectifiais et continuais d'avancer sans être le seul dans ce cas.

Je m'arrachais quand même sur chaque raidillon en descente, mais fût obligé de marcher à allure forcée sur la dernière vingtaine de mètres de celui des Pompiers. Le Président me mettait dix foulées dans la vue, j'allais le chercher immédiatement. Je jetais ainsi mes dernières forces sur le quai du Port, le cœur au bord des lèvres. Il n'y aurait pas de sprint final cette fois-ci, le dernier 400 mètres à grande foulée me permis de tenir en joue les autres coureurs et ne laisser personne me gratter au finish.

Dans le dernier virage, je saisis fermement la main du patron pour passer la ligne. L'accolade fût à la hauteur de ma surprise en regardant les six chiffres digitaux du chrono officiel : 2 heures 13 minutes.

Mon poids n'a pas varié depuis Marvejols (P...n de 130 kg !). Ma santé en revanche si. Mon temps officiel est je crois de 2h12'35", soit plus de 27 minutes glanées sur 2011. Je me suis arraché pour moi et quelques êtres si chers à mon cœur.

Je jubile. Je suis heureux comme un minot. Je retrouve mon Bu qui a aussi explosé son scratch malgré une météo tonitruante. Je reste aux anges. Je n'ai pas retrouvé mes quelques amis à l'arrivée, ni mes kikous, ni même Raymond la Feraille... Mais je me doute qu'ils vont bien. On se verra une autre fois, sur la route... ou pas très loin !

Mon objectif de victoire sur le convecteur spatio-temporel est atteint - sans l'aide d'une DeLoréane -. Ma nostalgie bien rangée dans les cartons, ce retour vers le futur me permet de préparer dans les meilleures conditions mes combats de demain, mes combats de toujours, sur le temps... comme sur le poids.

Et maintenant le futur à un nom : il s'appelle Paris.

6 commentaires

Commentaire de serge posté le 30-10-2012 à 19:22:13

félicitations pour ce premier récit sur kikourou, plus qu'à faire de même avec Marvejols Mende et Marseille Cassis 2011

Commentaire de patmar13 posté le 30-10-2012 à 19:57:53

Un récit qui me prends les tripes, une volonté hors du commun et tout au bout de la bagarre, la victoire !!! Un bel exemple tu es Vincent! Chapeau bas pour ton chrono, ton récit et ton état d'esprit. A bientôt :))

Commentaire de KikourOtreize posté le 30-10-2012 à 21:02:31

Mille bravos Vincent, fiers de toi que nous sommes !! A bientôt sur la route pour d'autres combats. TES KIKOUS

Aurore&Gilou

Commentaire de monique13 posté le 31-10-2012 à 09:38:40

bravo pour ta course. tu as une grande force morale.

Commentaire de LtBlueb posté le 01-11-2012 à 23:25:50

chapeau tout simplement ! jolie recit

Commentaire de vincevador posté le 05-11-2012 à 10:13:22

Merci pour vos messages. C'est adorable.
Quant à Serge, merci encore... mais je ne trouve pas les autres fiches de course pour poster correctement Marvejols et le début de ce récit !!! ça viendra !

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