Récit de la course : Le Grand Trail du Saint Jacques 2012, par rico69

L'auteur : rico69

La course : Le Grand Trail du Saint Jacques

Date : 22/9/2012

Lieu : Le Puy En Velay (Haute-Loire)

Affichage : 2178 vues

Distance : 70km

Objectif : Objectif majeur

3 commentaires

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Records battus !

Ma participation au Grand Trail de Saint Jacques est un peu le fruit du hasard.

Nous (moi et Yannick un ami) sommes au départ du Marathon du beaujolais « cuvée » 2011. Yannick fait son premier Marathon (on finira ensemble en 3h36). En passant dans le village nous apercevons le stand du grand Trail de Saint Jacques. Et on se dit pourquoi pas ? Quelques mois plus tard nous sommes inscrits ! Et hop ce sera aussi le premier ultra de Yannick !

La préparation commence en juillet et je décide de travailler la puissance en montée (histoire d’être « facile ») et d’améliorer ma technique en descente (pour éviter d’être trop sur les freins). J’incorpore donc du dénivelé dans quasiment toutes mes séances (VMA seuil et longue). Vers la fin de la préparation je me rends compte que j’ai négligé un peu le foncier. J’ai du mal à faire mes séances longues vraiment tranquille (je suis très souvent au dessus de 80% FCM pendant ces séances). Mais peu importe je prends du plaisir et ne me blesse pas.

15 jours avant le Saint Jacques, je m’aligne sur le Trail de Combe Bénite assez costaud et technique (19km 1400m), toujours avec comme objectif puissance en monté et technique de descente. Je finis assez frais sans blessure et au final satisfait de ma préparation. Après je coupe progressivement pour faire du jus.

Yannick et moi arrivons la veille au Puy. Au retrait des dossards le vendredi soir je suis surpris de voir si peu de monde (pas de queue pour aucune des formules). C’est vrai qu’il n’y a pas non plus 10000 inscrits ! Ensuite c’est un peu la galère pour trouver un resto italien pour manger des pâtes. Les deux premiers sont complets et l’heure tourne. Finalement, on trouve notre bonheur dans un resto traditionnel. Un dos cabillaud avec double ration de riz (négocié avec le serveur super sympa !) fera l’affaire. Et puis au lit ! La nuit est agitée. Pas facile de trouver le sommeil, j’ai même rêvé que la neige s’invitait sur le parcours (sans doute le traumatisme de la Sainté 2010 !).

Réveil 5h45 p'tit dej’ dans la chambre et on se rend à pied pour le départ des navettes. Je crois reconnaitre Mamapat et Arthur qui prennent la même navette que moi mais je suis trop timide pour faire leur connaissance. La navette nous emmène tranquillement au domaine de sauvage, nous traversons dans un sens les paysages que nous devrons franchir à nouveau dans l’autre sens. Au bout du voyage, nous arrivons en fait un peu au milieu de nulle part par un chemin en terre. Il y a un grand corps de ferme, une grange (qui fait office de ravito de départ) et c’est tout ! Je me dis qu’heureusement qu’il ne pleut pas par ce que la grange est bien trop petite pour accueillir les 700 coureurs au départ. 

Je trouve un endroit à l’abri du vent pour patienter avec Yannick. On papote, on revoie la stratégie de course, l’objectif de - de 9h n’est pas remis en question même si le principal est de finir ensemble. On observe les autres coureurs et c’est clair y’a pas (ou très peu) de « touristes ».

Comme il n’est pas prévu de pluie, je décide de partir en short, T-shirt, un buff autour du coup pour ne pas prendre froid dans les premiers kilomètres. Dans le sac, des gels (1 par heure), 2l de boisons faiblement dosée, de quoi refaire le plein, et un coupe vent (au cas où).


H-15min, départ des relais (- de 80 équipes), on encourage, on fait du bruit et puis c’est à nous, les solos, d’entrée dans le sas. Bizarrement, je ne suis pas stressé. Le cardio ne va pas dépasser 80puls alors que d’habitude ca monte à 100 dans le sas de départ ! La distance ne me fait vraiment pas peur, tous les indicateurs sont au vert, je suis confiant.

Top départ, c’est parti pour 8km plutôt descendant jusqu’à Le Villeret. Et ça part plutôt vite, compte tenu de l’objectif. C’est roulant, c’est facile et à 10-11km/h j’ai l’impression de me trainer.

On croise à plusieurs reprises des pèlerins en sens inverse qui pour certains n’en reviennent pas de voir foncer sur eux un troupeau de plus de 600 coureurs. Je me mets à leurs places, ca doit faire un peu comme ci on prenait l’autoroute à contresens en mobylette ;-). Mais la cohabitation se passe bien et on s’encourage et se félicite mutuellement.

Après environ 25 mn de course le panneau « Arrivée 65km » planté sur le bord m’interpelle. J’ai un peu plus de 4 km au GPS. Soit les quelques centaines de coureurs autour de moi, ont tous jardinés pendant 4 bornes, soit l’orga s’est pris les pieds dans le tapis sur le balisage, soit on nous a caché un truc. Ca discute dans le peloton et on apprend que le parcours a été rallongé de 4 km. A ce moment et vue l’allure du parcours je me dis que 4km de plus ou de moins ca ne devrait pas poser de problème.

Les 8 premiers kilomètres déroulent tranquille, les chemins sont larges, un seul petit coup de cul de quelques hectomètres sera fait en marchant pour éviter la surchauffe. Malgré toutes ces précautions, on arrive bien en avance sur le tableau de marche au premier pointage (48min 8km).

Le trajet nous séparant du premier ravito passe également sans vraiment de difficultés. C’est en descente la plupart du temps. L’allure est toujours un peu rapide (au dessus de 10km/h de moyenne) mais les sensations sont bonnes (même si le cardio est un poil haut). Trop tranquille sans doute puisque je trouve le moyens de me vautrer sur un chemin plat et large où mon pied bute sur le seul caillou qui doit dépasser. Bilan je m’égratigne le genou et le coude gauche et je m’énerve contre mon manque de concentration !

Un peu avant le ravito de Saugues je prends mon deuxième gel. Nous atteignons le ravito en 1h52 (19,5km). J’en profite pour nettoyer un peu mes bobos, je fais le plein du camel et je mange (encore…) banane, chocolat, pain d’épice. Une petite pause technique, un coup de fil aux épouses et c’est reparti pour la vrai première difficulté de la journée : la montée vers le Vernet.

Quelques minutes après la sortie du ravito quelque chose cloche, j’ai une boule sur l’estomac, ca brasse. Je profite de la grimpette pour marcher un peu et essayer de faire passer cette sensation désagréable en buvant. Mais ca ne passe pas vraiment. Cette sensation de lourdeur sur l’estomac me coupe un peu les jambes même si j’arrive à garder un rythme correct. Je fais rapidement l’analyse de la situation et conclu que j’ai du trop forcé sur le sucré (gel + boisson sucrée + ravito). Je connais la solution : il faut boire, boire et reboire. Sauf que je n’ai pour l’instant que de l’eau (légèrement) sucrée sous la main. Tant pis je fais avec et en attendant je relève la tête pour admirer le panorama.

Yannick mène l’allure et m’encourage. Je suis dans sa foulée et je m’accroche. Dans la montée vers Le Vernet nous dépassons quelques coureurs. Nous arrivons au Ravito de Vernet en 2h46 (26,50km). Finalement, nous n’avons pas trop perdu de temps malgré mes soucis gastriques. On est encore en avance sur le plan… Au ravito, je m’hydrate au maximum et remplis à nouveau de camel pour diluer le mélange.

Je peux courir mais pas vraiment relâché. Cette lourdeur d’estomac, qui gentiment descend sur les intestins, est vraiment « ch…te ». Avant la grande descente vers Monistrol, je suis obligé de faire une grosse pause technique, ca ne va vraiment pas. Je suis convaincu que ca va passer mais ca commence à être long…

Dans la descente vers Monistrol, je passe devant et j’entends Yannick qui me lance « tu vas mieux là ? ». Effectivement, je retrouve un peu de sensation et du coup le rythme s’accélère un peu. On profite qu’en même un moment du paysage. C’est vraiment splendide. Dans la dernière portion de single track vers la passerelle, je reprends du poil de la bête. 

Après la passerelle sur l’allier, c’est le pointage de Monistrol :3h45 (34km). L’objectif était d’arrivée en moins de 4h tout va bien. On sait que le gros morceau est là devant nous : 12km et 800m D+ avec une température qui a bien grimpée depuis ce matin. Une fontaine, au pied de la montée, permet de faire à nouveau le plein du camel et de refroidir la mécanique.

Dans les premiers hectomètres de grimpette le ton est donné ça grimpe fort. Marche obligatoire en ce qui nous concerne. C’est maintenant au tour de Yannick d’avoir un petit coup de moins bien. Je prends le relais dans la première partie de montée et c’est maintenant lui qui se met dans ma foulée. Le paysage est beau mais que ça grimpe. Plusieurs coureurs sont complètement arrêtés, incapables de lever les genoux. D’autres sont assis sur un rocher pour récupérer un peu à l’ombre. La chaleur et le début de parcours très (trop ?) facile va être fatale pour beaucoup de coureurs. 

Pour nous ca va toujours. Les séances longues avec dénivelé portent leur fruit. L’arrivée sur Privat d’Allier se fait en 5h05 (41,7km). La première partie de grimpette à fortement réduit la vitesse de progression. Beaucoup de coureurs profitent du parvis herbeux de l’église pour faire une pause. Je suis à sec dans le camel, mais les bénévoles m’annoncent que le remplissage se fait plus loin. J’en profite donc pour manger un peu mais pas trop pour ne pas revivre mes problèmes de digestion. On discute un peu avec les bénévoles en remplissant le camel près de l’église. Et c’est reparti après avoir failli rater le tennis ! Le petit morceau relativement plat après Privat permet de souffler. Et c’est le deuxième mur qui nous attend. Là encore ça passe plutôt bien même si des passages sont vraiment très raides. Yannick a repris du jus, on discute avec d’autres coureurs.

Au sommet dans les bois, il faut se remettre à courir et là je commence à bien sentir les quadri. Pas de crampes mais c’est dur comme du bois. Les faux plats montants ont du mal à passer en courant. Sur le plat et en faux plat descendant c’est toujours bon. Les chemins sont moins techniques mais ce sont de longues lignes droites un peu usantes pour le moral. Nous continuons sur un petit rythme jusqu’au ravito des bains en 6h51 (53.3km). Je fais ici l’arrêt le plus long pour bien boire manger un peu plus. Je m’étire un peu. Le redémarrage est laborieux, je me traine

A ce moment l’objectif d’arriver en – de 9h (même avec 4km de plus) me semble encore jouable. Finalement, il nous reste 17km pour 2h10. Sauf que, même si globalement ca descend je ne peux pas relancer et dès qu’il y a 2-3% de montée, il faut que je marche, mes quadri sont en bois. Mon genou gauche se rappelle aussi à mon souvenir. De coup, je le préserve en descente. Je sens que la fin va être compliquée. Yannick lui a la patate mais reste avec moi. Avant d’arriver au ravito de La Roche on passe sur un sentier un peu défoncé. C’est plat mais pourtant je préfère marcher, je ne voudrais pas me faire une cheville si près du but.

On fait l’arrivée au ravito de La Roche (8h06- 61km) avec une féminine tout de blanc et rouge vêtue. C’est une locale de l’étape. Elle nous annonce une bonne descente après le ravito puis le sentier des chibottes. Je prends le temps de bien boire. J’essaie d’étirer un peu les quadri, mais ca pique vraiment. En repartant du ravito, je me résigne à faire une croix sur l’objectif – de 9h. Je me console en me disant qu’il y a 4km de plus et que normalement ca passait « à l’aise ». Dans la descente après le ravito la féminine nous encourage à la suivre. P….n, j’ai un mal de chien à suivre mais je serre les dents. Je suis trop sur les freins pour préserver mon genou. Les encouragements de son fan club au pied de la descente me boostent. Je décide de ne plus marché sur le plat. Du coup on fait le trou avec la féminine. Sur la portion de bitume qui précède les chibottes, on rattrape un concurrent. Yannick l’invite à s’accrocher. « Je suis à fond » nous répond-il « nous aussi !!! ». Il prend le train et s’accroche. Quelques centaines de mètre plus tard c’est une féminine en difficulté que nous rattrapons. On l’encourage « Accroche toi on finit ensemble ». Elle joue le jeu mais promets qui si on s’arrête elle s’arrête aussi. Du coup plus question de marcher.

Nous arrivons à 4 au pied du sentier des chibottes. Les organisateurs ne nous épargnent rien en cette fin de parcours. Escaliers, rondins, rochers branlants à gravir à l’aide d’une main courante…la totale ! Mais à 4 ca passent mieux. La relance pour moi sur le chemin poussiéreux après les chibottes est impossible, je me traine lamentablement. Nous trottinons à 4 de front. J’ai du mal à suivre le rythme, même sur le faux plat descendant. Le Puy est en vu lorsqu’on passe de panneaux « arrivé 5km ». Je n’arrive plus à suivre sur le plat j’ai trop mal aux cuisses. Je suis obligé de marcher. Le groupe des 4 survivants reste soudé. Ils se mettent à mon rythme, c’est sympa. La féminine a repris du jus. Elle relance dans la descente à l’entrée du Puy. Pour moi c’est une autre histoire. Mes cuisses me font souffrir à chaque posé de pied. Je suis complètement largué dans le Puy mais le groupe est soudé. J’ai un regain d’orgueil au pied des marches de la cathédrale que je fini de monter 2 par 2. Mais la vanité est un vilain défaut et la descente qui suit en est la pénitence. Je suis cuit, il ne reste que 2km mais je ne trouve plus l’énergie mentale pour courir sur cette portion facile. Notre féminine finit par nous lâcher à contrecœur mais promet de venir nous chercher une fois passée la ligne. Coup de téléphone de la femme de Yannick : « on arrive ». Effectivement, on arrive, je vois mes filles. Je ne peux pas finir en marchant c’est impossible !! Alors je mets tout ce qui me reste dans les jambes et je cours avec mes filles. Elles me préviennent « L’arrivée  C’est la deuxième arche » OK. C’est bon la première arche est passée, je vois la deuxième. C’est bientôt la fin du calvaire. Le bip d’arrivée est salvateur, je m’écroule sur la ligne je n’arrive pas à profiter de l’instant. Je file chercher le T-shirt Finisher bien mérité. 

Et puis, je sors peu à peu de cette torpeur sur la pelouse du stade et commence à profiter du moment. Douche, ostéo, saucisse lentilles et bière me redonnent le sourire. Je viens battre 2 records perso :

1-       Course la plus longue : 70km (précédent record STL 2010 68km)

2-       Ultra le plus « rapide » : 9h20 (précédent record STL 2010 10h37)

 Pour finir un grand merci à Yannick pour qui s’était le premier Ultra (mais surement pas  le dernier !).

3 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 29-09-2012 à 12:18:05

Bravo pour cette belle course.

Très belle histoire, ce groupe qui se forme et qui reste ensemble (presque) jusqu'à la fin.

Et surtout tu as évité l'erreur à ne pas commettre : adresser la parole à Mamanpat et à Arthur ! bravo pour cette extra-ordinaire lucidité.

Commentaire de Mamanpat posté le 29-09-2012 à 12:38:42

Contrairement à l'immonde parjure du premier commentaire tu aurais du te manifester ! Pour la énième fois, je le dis, mes tresses n'ont jamais mordu personne ! Et c'est pas parce que Arthur portait le dossard 1 qu'il était inaccessible !( bon il se l'a pêtait un peu quand même !)

Bravo à toi et ça fait du bien de voir qu'il y a eu un bel esprit de groupe !
Et si tu as raté l'info des km supplémenatires au départ (ils l'ont annoncé !) tu as au moins pu te préparer à finir sous la 2ème arche...

Commentaire de rico69 posté le 29-09-2012 à 14:18:30

promis la prochaine fois je ferai les présentation!

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