Récit de la course : La 6000 D 2011, par Papillon

L'auteur : Papillon

La course : La 6000 D

Date : 30/7/2011

Lieu : La Plagne (Savoie)

Affichage : 1831 vues

Distance : 65km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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La 6000D, c'est raté... y a pas mort d'homme!!!!

Bon récapitulons... une entorse à la noix, une semaine sans vraiment faire grand-chose, une semaine à peu près normale, et la semaine allégée post course... forcément, je ne suis pas vraiment partie la fleur au fusil, mais plutôt avec beaucoup de doutes sur mon potentiel à courir cette 6000D que j'aime tant.
Après un passage éclair chez mon oncle à Lyon pour déposer notre petite minette et récupérer un copain, direction La Plagne...
Arrivés sur zone assez rapidement, nous retrouvons Daniel qui a déjà récupéré son dossard. J'ai été ravie que nous puissions passer la soirée tous les quatre. Pasta party oblige, j'étais sur un nuage.
Nous repartons au camping pour y passer la nuit... tout est confortable, mais rien à faire, le sommeil n'est pas au rendez-vous. Pourtant, le lendemain matin, je suis en forme... merci les nuits précédentes à se coucher tôt, ça permet d'emmagasiner de l'énergie.
Nous décollons, et nous nous retrouvons sur la ligne de départ, fin prêt.
Le coup d'envoi est lancé, départ en faux plat descendant, traversée de Aime sans grand intérêt. Les jambes tournent correctement, aucune douleur, ni aucun tiraillement, je me rassure.
Voilà le top départ de la montée. Pour le moment, tout va bien, je grimpe et applique la technique Anouk... je cours, je marche, je cours...
Ça grimpe, parfois doucement, parfois sacrément raide, ça tient le coup, mais je sens que je fatigue. C'est un peu ce que je redoutais, ce manque de résistance inhabituel chez moi que j'avais observé ces dernières semaines. Je serre les dents. Ce genre de chose, je peux passer par-dessus. Du moment que le bobo n'est pas mécanique, c'est bon.
Et puis, je lève mon nez, et là... surprise... de loin, je crois reconnaître Anne Valéro. Je me rapproche, et effectivement, c'est bien elle. Ça me fait mal au cœur. Je l'ai vue hier, elle était confiante avec son joli sourire. Je lui demande ce qu'elle a... problème de ventilation qui est manifestement, d'après ce qu'elle dit, causer par une énorme oppression. Son sourire a disparu, elle enrage, elle est frustrée. J'essaie de la remettre dans la course, mais non... elle n'y est plus du tout. Sa décision est prise, elle abandonnera à La Plagne.
Je continue mon chemin... petite descente jusqu'au fameux ravito de La Plagne... et c'est là, que la tête commence à me lâcher. Je me rends compte que j'ai peur. Pourtant, mon genou n'est pas encore vraiment gênant, un peu, mais franchement, pas plus que d'habitude. Mais voilà, je n'ai pas confiance en lui. Je descends comme une enclume, ça ne tourne pas, j'hesite à mettre un pied devant l'autre, je suis nulle de chez nulle. Je creuse ma tombe avec mes maladresses... je me crée une raideur dans la jambe qui n'aura de cesse que de s'amplifier.
Le ravito passé, le sentier remonte. Tout va à nouveau bien. Je ne suis pas très rapide, toujours cette fatigue. Je sue énormément depuis le bas, je suis trempée, ça ne m'aide pas.
Nous arrivons à la roche de Mio, cela fait déjà quelque temps que je sens bien que mon genou coince... une descente sur piste, et les ennuis commencent. Aucune fluidité dans le mouvement, beaucoup d'appréhension, et surtout, le genou qui se dérobe sous mes pas. Aïe, ça ne s'annonce pas bien. Les hostilités sont ouvertes.
Enfin, le ravito de la Chiaupe arrive avec la fin de cette foutue descente. Petit à petit dans ma tête commence à germer l'idée, que cela risque de ne pas être possible. Toutefois, je fulmine... je me dis qu'en montée, tout va bien, alors, tant qu'il reste de la montée, et bien je monte. Je croise Christophe, et quelle imbécile, je lui annonce l'abandon de Anne... pourquoi ai-je fait une chose pareille, je n'en sais rien, je n'ai pas réfléchi, excusez-moi.
Avec ce raisonnement, j'arrive au glacier. Je passe le point d'eau, et là, nous croisons un gars, assis la tête dans les mains. Nous l'exhortons à se relever et à se remettre en selle... il se lève, mais décrète qu'il laisse tomber, qu'il a le mal de l'altitude, et qu'il redescend. Alors là, je ne pige pas. Il est arrivé jusque là... nous en sommes quasiment, à quelques mètres près au point le plus haut de la course... je me retourne, et je tente de lui expliquer que sa décision n'est pas logique là où il se trouve. Je lui crie, qu'il va de toute façon redescendre dans quelques mètres, alors quitte à le faire, autant que ce soit dans le bon sens de la course !!!! Je me retourne, je ne le vois pas, du moins, je ne le reconnaîs pas, je ne sais pas ce qu'il a fini par décider.
Pour moi, c'est la descente du glacier qui commence, raide, technique, sans genou, ça ne le fait pas. Je lutte, et je me dis que pour me faire une idée valable de mon état articulaire, il faut que j'aille jusqu'à la Chiaupe, et que je tente la descente facile.
J'arrive au point que je m'étais fixé... j'entame la pente, je ne peux pas la dévaler, je suis empruntée... c'est inutile d'insister, il faut que je me file une claque, il faut que je me raisonne et que je laisse tomber. Je descends encore quelques mètres. Je me retourne, je n'arrive pas à prendre cette fichue décision... La Chiaupe est juste derrière moi... c'est le moment ou jamais, je remonte, je croise les coureurs qui continuent. Ils me disent de venir avec eux, de ne pas laisser tomber, parmi eux, j'en ai doublé beaucoup dans la montée, nous nous reconnaissons, alors ils m'encouragent... alors je serre à nouveau les dents, mais là, ce n'est pas pour continuer, c'est pour arrêter. Je remonte encore, je reviens au ravito et j'arrête le chrono. C'est foutu.
Merci les bénévoles... déculpabilisants, à l'écoute et si serviables.
Je vais prendre les œufs pour redescendre, quel paysage superbe que cette montagne que j'adore...
Je vais attendre désespérément en claquant des dents une navette qui n(arrive pas, je suis à la Plagne... je finis dans la voiture d'une dame qui me redescendra gentiment jusqu'à l'entrée de Aime. Merci encore madame.
Et puis, ce sera la traversée de Aime, mon porte bidon à la main, en parallèle avec ceux qui arrivent, ceux qui finissent... j'ai un sentiment amer, je rase les murs, j'ai honte... ben oui, c'est idiot, mais j'ai honte. Certaines personnes me disent bravo, croyant que je cherche les douches... je les détrompe, non, je ne suis pas allée au bout.
Je retrouve Anne et Christophe, elle doit être aussi piteuse que moi, nous nous adressons quelques mots, je leur demande s'ils n'ont pas vu mon Jean-Philippe... je sais qu'il n'y a que lui qui peut guérir le mal qui me ronge.
Et effectivement, je le trouve, il vient d'apprendre que je suis sur la liste des abandons et cherche déjà un moyen de me rapatrier... décidément, tu es le meilleur. Quand il me voit, je le sens soulager de savoir que je suis arrivée à bon port. Nous nous asseyons. Il est déçu, il a perdu son chemin, et malgré le temps qu'il a mis à retrouver le parcours, il est allé demander qu'on le disqualifie parce qu'il a raté un pointage. Pour ça aussi il est le meilleur. Il est droit, il n'y a jamais de magouille chez lui... voilà, c'est comme d'habitude, tout va bien, tu es là, c'est finalement le principal...

8 commentaires

Commentaire de jepipote posté le 01-08-2011 à 15:32:17

c'est parfois faire preuve de courage que de savoir renoncer... très bonne décision. bonne récup.

Commentaire de bobchou posté le 01-08-2011 à 17:40:22

Et oui elle est pas facile cette course...
Je tiens à te dire au contraire merci parce que personne ne m'avait prévenu et j'étais en train d'attendre désespérément qu'Anne me rattrape en imaginant les pires scénario ne la voyant pas arriver. Finalement j'ai été déçu mais j'ai pu me relancer dans la course...
Pour le gars qui était malade au glacier, j'ai mis 20 minutes pour faire les 200 derniers mètres entre le plateau et la bascule... C'est un calvaire quand tu as le mal de l'altitude parce que tu avances avec toutes les peines du monde pour aller vers encore plus de problèmes à chaque pas. Tout ça avec plus aucune lucidité... Comme si tu te forçais à manger alors que tu as une crise de fois et 40 de fièvre...
Bref tu féliciteras ton homme de ma part parce qu'il avait l'air pas mal quand il m'a doublé et je suis sur qu'il serait venu me cueillir comme une fleur :-)
Bonne récup à tous les deux et remet toi vite sur pattes pour de nouvelles aventures

Commentaire de bobchou posté le 01-08-2011 à 17:52:15

Et oui elle est pas facile cette course...
Je tiens à te dire au contraire merci parce que personne ne m'avait prévenu et j'étais en train d'attendre désespérément qu'Anne me rattrape en imaginant les pires scénario ne la voyant pas arriver. Finalement j'ai été déçu mais j'ai pu me relancer dans la course...
Pour le gars qui était malade au glacier, j'ai mis 20 minutes pour faire les 200 derniers mètres entre le plateau et la bascule... C'est un calvaire quand tu as le mal de l'altitude parce que tu avances avec toutes les peines du monde pour aller vers encore plus de problèmes à chaque pas. Tout ça avec plus aucune lucidité... Comme si tu te forçais à manger alors que tu as une crise de fois et 40 de fièvre...
Bref tu féliciteras ton homme de ma part parce qu'il avait l'air pas mal quand il m'a doublé et je suis sur qu'il serait venu me cueillir comme une fleur :-)
Bonne récup à tous les deux et remet toi vite sur pattes pour de nouvelles aventures

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 01-08-2011 à 22:11:44

Une configuration que je redoute par dessus tout... Tu as pris la décision qu'il fallait, et j'imagine que ça a dû être aussi douloureux que la blessure elle même!

Bravo pour ton parcours Papillon, remets toi bien et félicitations à ton homme!

Commentaire de Ironmickey posté le 01-08-2011 à 22:25:08

Hello. Récit poignant. C'est pas facile d'abandonner, mais les échecs construisent les succès. Tu reviendras. Moi j'ai couru cette 6000D avec Natou. Dur dur de la laisser filer à 15km de l'arrivée à cause d'une bonne hypo, mais bon j'ai terminé. Courage à toi. Ciao ciao.

Commentaire de LtBlueb posté le 02-08-2011 à 09:46:52

courageuse (de te lancer là dessus avec une entorse récente) et raisonnable , d'avoir privilégié le moyen terme en redescendant avec les oeufs ! remets toi bien vite sur pied !

Commentaire de JLW posté le 02-08-2011 à 17:10:12

Dur dur de décider d'abandonner, surtout avec ton expérience, ton vécu qui peuvent te permettre d'endurer pas mal de difficultés mais comment savoir quand il est sage de ne pas insister, de ne pas aller trop loin ?
Je ne suis pas sur de le savoir. Te rappelles-tu quand tu m'as dépassée au dernier trail de Fontainebleau quand j'étais pétri de crampes ? Je suis allé au bout, mais avec le recul je ne suis pas sur que c’était le bon choix.
Alors bravo à toi et comme dit plus haut, ce sont ces "petits" échecs qui nous font progresser.

Commentaire de Jean-Phi posté le 05-08-2011 à 13:58:04

Abandonner n'est jamais chose facile, je ne le sais que trop. Mais quand ça ne va pas, pafois, il vaut mieux remettre le couvert à plus tard.
Bon courage pour la récup.

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