Récit de la course : Trail des Bosses - 38 km 2010, par Mame

L'auteur : Mame

La course : Trail des Bosses - 38 km

Date : 20/6/2010

Lieu : Champagnole (Jura)

Affichage : 1375 vues

Distance : 38km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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TRAIL DES BOSSES... VIVA L'ARNICA

Cinq degrés sont affichés au thermomètre de la voiture quand nous arrivons sur l’aire du stade des Louataux à Champagnole, demain c’est l’été ! Me voici à une demi-heure du départ de ce trail des bosses qui marque mon retour en Franche-Comté, après une participation aux forts de Besançon et la montée du Poupet en mai dernier : Les épreuves  sont ici généralement plus longues et plus difficiles en terme de dénivelées, mais comme leitmotiv, je me rappelle ce vieil adage turc : « si tu bosses fort, tu auras plus de sauce dans ton camel-kébag… »

 

Je me presse jusqu’à la salle pour récupérer mon dossard : en me retournant, je constate que je suis juste devant Dawa Sherpa qui m’esquisse un large sourire : tout troublé,  devant Dawa, le léopard des neiges népalaises ! Moi, le sanglier des combes côte d’oriennes … Bon, je calme mon délire … Je prends mon dossard, le bénévole se retourne et se penche dans un carton… Champagnole, c’est le pays du fromage : « hey ! Ma tomme ! »… Et bien non, ce sera une bouteille de limonade artisanale du coin…

 

Les coureurs se regroupent à proximité de l’arche : beaucoup ont adopté les bosseters, des bas de laine à bosses quoi ! Une tape sur l’épaule, ah, une casquette de kikou : il s’agit de Gibus et son appareil photo ; apparemment, il prendra le départ du 16Km.

 

 départ, je suis en embuscade, surveillant Dawa à distance...

 

 

8H30 : c’est parti...Rapidement, la première bosse est amorcée : je me laisse doubler et m’oblige à marcher dans les parties plus pentues ; après la lecture du récit de Seapen, je me suis résolu à rester très prudent dans les deux premières heures. La froidure ambiante s’estompe très vite, le choix de mes vêtements semble s’avérer judicieux.

2 km d’ascension et nous basculons dans la première descente, nous traversons Bourg de Sirot à la bourre,  mais je prends la peine de siroter un peu de ma poche à eau… Deuxième ascension avec une belle partie rocailleuse en crête qui permet de contempler les alentours à 360° : le paysage offert est superbe, les collines sont si proches les unes des autres qu’elles semblent nous inviter : «  touchez ma bosse, Monseigneur ! Hé hé ! » Alternance de marche et de course, un groupe de niveau de 7-8 coureurs/coureuses se forme naturellement au fur et à mesure des courbes franchies…La deuxième descente est par endroit très technique avec une partie boueuse très raide : heureusement, les bénévoles ont pris la peine de tendre des cordes salvatrices. Plus bas, nous sommes attendus par une partie rocailleuse technique avec un passage pittoresque entre la falaise et un éperon rocheux ; le petit groupe virevolte entre les rochers, je prends pas mal de plaisir dans cet endroit qui me rappelle un peu mon terrain d’entrainement de la Combe Lavaux… Nous passons à proximité des pertes de l’Ain où j’entends les encouragements de Gibus juste derrière moi puisque c’est une partie commune avec le 16 km. Déjà 10 km effectués et nous attaquons une nouvelle bosse : une bosse à nova car je tergiverse un tantinet sur le rythme à adopter : je m’étais alors calqué sur la progression prudente d’un coureur au maillot rouge mais certains ont choisi de doubler ; j’hésite encore un peu… Les temps prévus sont pourtant largement respectés mais je décide également d’accélérer,  trop bien, ou surement trop pressé d’arriver plus vite dans le dur ! D’ailleurs, les dernières rampes de cette bosse sont très pentues : les écarts se sont réduits, cela souffle épais…Je me retrouve seul dans la descente où une série d’escaliers à proximité d’une centrale hydroélectrique annonce la partie finale…Encore quelques foulées sur des caillebotis métalliques et j’arrive  au premier ravitaillement des forges : 14,5 km – 01 :35 :44 – Hola, je m’enflamme un peu trop : dans mes évaluations prudentes de la semaine, stressé par les calculs mentaux, j’avais tablé au mieux 1H45, voire 1H55… Coca, comté, banane, orange et je repars tranquillement en attendant l’éructation post prandiale libératrice. Tout de suite, j’aborde la quatrième bosse et procède à un rapide examen de la situation : devant, j’aperçois deux coureurs, derrière une féminine avec des bâtons, chacun séparés par 150 mètres, belle organisation…j’alterne course et marche en observant les allures de mes prédécesseurs, en écoutant le niveau sonore du cliquetis des bâtons derrière… la bosse est longue, un vent glacial nous cueille à la sortie d’un virage en épingle ; peu à peu, nous nous retrouvons dans un brouillard assez épais : l’atmosphère est inquiétante, les feuilles sur les arbres me rappelle que nous ne sommes pas en novembre : derrière les troncs fantomatiques, je ne serai pas surpris de voir déboucher une vieille fée bossue qui ne vaut plus un carat…au sommet, les écarts restent inchangés, je me retrouve sur un large chemin blanc en faux plat descendant qui invite à dérouler : dans le brouillard, je reste attentif, ne voulant pas louper une balise traitresse. Plus bas, je me retrouve dans un sentier très boueux : une boue jaunâtre, glissante mais bizarrement non collante ( style cancoillote ). Que cette descente semble longue, je me rapproche d’un coureur tout vêtu de noir, je passe devant, il repasse un peu plus tard, un tandem se forme : nous abordons une partie technique à proximité d’un cours d’eau, puis deux passages à gué consécutifs : un peu frisquet pour la baignade ! Je m’accroche à mon compagnon de route ; à proximité de Syam, moi et lui,  sommes unis dans l’effort dans un même rythme (pardonnez mon impolitesse mais je n’ai pas pu résister…). Une longue partie de bitume nous emmène dans une vallée de plus en plus étroite puis de façon prévisible, voici une subite bifurcation à droite dans un sentier pentu : Yes, la cinquième !!! Je marche sur un rythme rapide, mon binôme relâche son effort. Tiens, j’entends de nouveau le cliquetis des bâtons de la féminine alors que nous l’avions perdu d’ouïe depuis un moment ; son retour semble  inexorable puisque cette  bosse est la plus longue : environs 4 km et 300m de D+  pour frôler les 800m d’altitude. J’essaie de gérer au mieux mon effort car les kilomètres commencent à se faire ressentir. Enfin, le passage si attendu de la grande cheminée où nous traversons un abri sous roche débouchant sur un replat : des cordes sont tendues pour franchir la dizaine de mètres escarpés.

 

 

 Cliché émotion : une ammanite tue mouche sort de terre...

 

Des bénévoles pointeurs nous accueillent  avec des encouragements, des sourires et une boîte de bonbons Haribosse ; sympa et réconfortant, ce petit moment tombe à point juste avant d’entamer les dernières pentes au dessus des Gyps . Certains prétendent qu’en ce lieu, Raymond Vercingétorix, le Boss des fiers guerriers gaulois se serait retranché loin des médias avant de connaître un cuisant et définitif revers : une thèse officieuse qui remet en cause la version officielle d’Allézahia…Trêve d’histoire,  la féminine et ses bâtons me dépassent : quelques mots d’encouragements et nous plongeons dans une longue descente vers le deuxième ravitaillement : 27.5km – 3H11 de course alors que mes prévisions annonçaient 3H25-3H30 ; c’est sur, je vais le payer à un moment ou un autre… Mais bon, réflexion faite, c’est aussi plus grisant d’être en avance que l’inverse… Je repars dans un vallon étroit, humide sur un sentier qui devient de plus en plus improbable au milieu des hautes herbes… Un raidillon dans un bois puis je retrouve un vrai chemin qui redescend à proximité du ravitaillement quitté il y a peu : cette boucle a été raccourcie d’environs 1 km en raison de travaux vers La Billaude.

Des douleurs diffuses commencent à apparaître sur ce chemin carrossable mais caillouteux ; j’aborde le fameux pierrier tout en faux plat  (presqu’un km) où mes appuis deviennent de plus en plus aléatoires ; à cet endroit, je ne regrette pas du tout la fraicheur ambiante et imagine le barbecue en période de canicule : la merguez de sanglier, une nouveauté au menu !

 

Mdme Mame, pétrie d'angoisse pendant que je galère entre le 25 et le 30ème km

 

Après une portion de route et les encouragements des signaleurs postés, nous pénétrons dans un parc et prenons l’allée qui mène à une vaste et élégante demeure style belle époque ; la présence de traileurs dans  ce petit paradis est un peu anachronique et surprenante : ce sport m’apporte une telle richesse en terme de sensations diverses que je perçois mon intrusion comme une récompense ; d’ailleurs, la tente du dernier ravitaillement liquide est installée ; en fait, je constate non sans satisfaction que le comté, la banane, l’orange, saucisson et autres victuailles sont ici considérés comme liquide ! Encore 5 ou 6 km et toujours une vingtaine de minutes de rabe sur mes prévisions, quand vais je m’écrouler ? Et bien, dans la dernière bosse, toute en paliers, je galère un peu en solitaire et trouve le temps long ; enfin, une féminine me rejoint au sommet juste avant de plonger dans les deux derniers kilomètres vers l’arrivée… La sono est audible, je prends mon temps car les articulations des genoux et des chevilles semblent en avoir assez ; la route, dernière ligne droite vers l’arche où je perçois les silhouettes de Mdme Mame et Minimame.

 

 

 Dans la rubrique barbecue : après le travers de port, le travers de Buff...cuit à point

 

 4H24, 37 km, 1880 m de D+ : complètement satisfait, de ce temps qui me situe au-delà des mes espérances des 4H45, et surtout par ce trail : chapeau bas aux organisateurs et à tous les bénévoles  pour un tracé qui offre une belle variété de terrains, de paysages, agréable à suivre pour les accompagnants car les possibilités de voir la course sont nombreuses… A peine rhabillé, j’espère déjà revenir…

 

P.S. : à voir absolument pour s'imprégner de l'ambiance de ce trail : le récit de Gibus

 

Après 20 ans de pratique au haut niveau du sit on the bench synchronysé

la perfection dans le croisé de jambes

8 commentaires

Commentaire de fulgurex posté le 01-07-2010 à 13:11:00

Quel suspens! On attend le moment où le sanglier va aller se bauger dans le fossé... mais non! un un joli chrono à la place. Félicitations!
Mais je crois qu'il faut qu'on se méfie de Dawa: il court à toute vitesse pour arriver avant nous et s'occuper de nos femmes!

Commentaire de Bnco posté le 01-07-2010 à 13:31:00

Dans la narration Fulgu n'a qu'à bien se tenir ! Mister Mame il rigole pas :)
Un chouette récit qui donne bien envie en tout cas d'aller tâter de la bosse.

Commentaire de intuitiv posté le 01-07-2010 à 15:40:00

On pourrait penser a un roman si ce n'etait la vérité , la vraie reussite de ce chrono est au niveau de ton talent d'écrivain, Mame .
BRAVO!!!!

Commentaire de Gibus posté le 02-07-2010 à 12:20:00

C'est un plaisir de lire ta course.
Un vrai régal comme tu le dis.

Chapeau pour ton temps.
A bientôt sur une autre p

Commentaire de Gibus posté le 02-07-2010 à 12:20:00

A bientôt sur une autre planète trail.

Commentaire de patcap21 posté le 03-07-2010 à 00:07:00

Bravo pour cette belle course Laurent, je m'y revois trés bien jusqu'au 27ème en te lisant en un peu plus boueux apparement.
Encore bravo et merci pour ton CR

@++ Pat

Commentaire de Eric Kb posté le 05-07-2010 à 22:06:00

Bravo et merci pour le CR ! Tu n'as pas cédé à la facilité en ne citant ni le chameau ni le dromadaire !!! Bien bossé ;-)

Commentaire de seapen posté le 07-07-2010 à 16:05:00

Bonjour Mame. Savoureux récit et épaté par la faculté que tu as de te souvenir tout du long de celui-ci de la sorte de terrain que tu foulais pratiquement à chaque instant de ta course. en tous cas c'est une réussite et apparemment tu t'es bien "éclaté". Bravo. Saluts.

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