RWC 2004

Edition 2004

RWC 2004 le 28 novembre 2004 - ST Martin des los Andes - Multisports - 600 km

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Sport : Multisports
Date : dimanche 28 novembre 2004
Lieu : ST Martin des los Andes (127 - Corée du Sud, Asie )
Distance : 600 kms
Dénivelé : 8000 m
Heure départ : 06:00:00
Nombre d'équipiers : 3

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Détails

Carnet de bord du Raid World Championship 2004
Seb TEAM Wilsa Sport Helly-Hansen

18 Novembre - 27 Novembre - Avant Course
18 Nov 04 J-10: Départ :Je quitte Grenoble pour Roissy où je retrouve le reste de l'équipe (Karine Christophe, Benoit, Jean Louis et Vincent) .
Après un CheckIn des plus chanceux étant donné le poids des bagages, nous voila en route pour Buenos Aires via Sao Paolo .

19 Nov 04 J-9: Attente Aéroport de Buenos Aires :Et oui il faudra près de 14 heures pour trouver la perle rare LE véhicule qui nous accompagnera tous le long du voyage vers St Martin de Los Andes et surtout durant la course. Et oui le véhicule d'assistance est sans nul doute le 7ème équipier et donc pour lui aussi les tests de sélections furent draconiens car il ne peut nous lâcher pendant la course. On le voulait spacieux, sans trop de sièges et en bon état et il le sera, seule une crevaison viendra troubler notre périple de 5000 kilomètres. J’ai pas trop mal passé cette attente à l’aéroport je m’y était un peu préparé car j’ai déjà été pas mal échaudé en Australie et au US .

20 Nov 04 J-8: Voyage: Vers Minuit nous voila en route vers St Martin de Los Andes mais la fatigue nous rattrapant peu après on dort notre première nuit en Argentine le long de la route ..
Au petit jour toute l'équipe se met en branle, courte pause petit déjeuner et hop on saute dans le véhicule et les kilomètres défileront toute la journée inlassablement les mêmes paysages juste les pauses essence et des villes sans âme viendront troubler cette matinée monotone. Pause déjeuner à Rio Grande puis des heures de routes et enfin une bonne nuit dans un lit proche de Neuquen .Tiens c'est marrant il fait très chaud ici !!!. J’ai hâte d’arriver ce voyage devient lassant.

21 Nov 04 J-7: Arrivée à St Martin de Los Andes : En début d'après midi nous arrivons enfin. Tiens des têtes connues Hélène et Rudy du Team Quechua sont là eux aussi mais sans bagage ... Notre hébergement est un petit appartement chaleureux. Ce soir tout le monde est au lit tôt et personne n'a besoin de berceuse .Je me sens bien ici la ville et la région me plaîsent énormément et je me sens renaître entouré de cette nature propice à toute les activités que j’apprécie, je m’enivre .

22 Nov 04 au 26 J-6 à J-2: Préparatifs Matériels et véhicule d'assistance: Ces quatre jours sont très importants et conditionnent entièrement le déroulement de la course. Nos assistants s’affairent à préparer le véhicule de façon à ce que tout le matériel et les vivres de course ,et dieu sait s’il y en a, puissent être judicieusement sortis et rentrés. Mais Vincent et Jean-Louis sont des maîtres en la matière : ils ont été choisis pour leurs qualités d’organisation et leur « débrouillardise ». C’est pour ça qu’ils font partie intégrante de l’équipe. Sans eux la course aurait une tout autre saveur !!!. Le matériel, lui, est marqué, trié , testé, les vtt montés et préparés pour la course et les voiles testées à nouveau sur le lac lors d’une matinée canoë. Le village se remplit de coureurs de tout horizon. Nous les croisons au restaurant, dans les rues, sur les postes internet. Nous sortons nous entraîner à cheval, en roller et en vtt et c’est aussi l’occasion de faire des photos pour nos partenaires et de s’imprégner du terrain, de la forêt, des chemins, des rivières. C’est important pour moi qui devrait décrypter les cartes durant la course et après plusieurs sorties je me sens apaisé et rassuré. Le décor est tellement beau. C’est durant ces quelques jours que j’ai pris conscience que j’étais mentalement, techniquement et physiquement prêt pour cette course. C’est sûr, je ne subirai pas.

27 Nov 04 J-1 : Vérification technique: Ce samedi la ville est en ébullition à J-1 tous le monde est là c’est les retrouvailles de la grande famille du raid et ça j’aime bien tous le monde se connaît pour s’être déjà affronté au quatre coins du monde et les sourires en disent long . Enfin je tiens les cartes, le road book et l’enchaînement des activités, la course se dessine enfin. Je résume rapidement le briefing dans ma tête et retiens les mots clés « many many trees » « many unmapped paths » et « Don’t cross the bambous forest ». La journée passera très vite je ne lèverai plus le nez des cartes, Christophe au GPS, Karine et Ben plastifie et prépare le matériel et les deux assistants réorganisent le véhicule. Ce soir je m’endors paisiblement comme si de rien n’était, tout est prêt, ON est tous prêt.

28 Novembre – 2 Décembre - La Course

28 Nov 04 Jour J : Départ : Lever 4 H, le départ a lieu sur la plage du lac à 6h00. Les canoës sont alignés. Tiens c’est marrant j’ai l’impression d’être au départ d’un cross 25 ans en arrière. J’ai le trac du starter ??? La course est lancée maintenant. Je réécoute mentalement les consignes que je me suis données : calme, économie du geste, concentration et nutrition. Je me le suis promis, je ne subirai pas. Sortis du bateau en bonne place malgré un arrêt forcé pour regonflage (le bateau s’avèrera crevé), nous partons pour un trek de 53 kilomètres. Très vite on recolle la tête de course mais on déchante vite et nous perdrons 2 heures pour n’avoir pas trouvé un chemin et bataillé inutilement dans une forêt de bambous et une rivière. Je suis nul, je me suis laissé influencé, de bonnes équipes dont les futurs vainqueurs sont là eux aussi à galérer. Cette première journée me paraîtra très longue - une baisse de régime d’un coéquipier, pas assez de nourriture pour tenir jusqu'à l’assistance - je suis heureux de débarquer du canoë vers 0h30. Notre assistance est aux petits soins. Après avoir navigués aux alentours de la 10eme place après notre faute, nous terminons cette première journée 8eme. C’est rassurant.

29 Nov 04 Jour J+1 : Volcan Lanin : Nous prenons 4 heures de repos et démarrons cette seconde journée en 7eme position, nos assistants ont œuvré toute la nuit pour préparer notre matériel. En traçant la veille de la course, j’étais sûr que cette journée constituerait un tournant de la course et elle le fut. J’ai complètement effacé la journée d’hier. Je suis heureux, je suis en montagne, je vais faire un sommet et qu’est ce qui l’est beau ce sommet. Dès le petit jour, après avoir hésités et assurés pour trouver le bon chemin, on aperçoit déjà l’objectif : ce magnifique cône volcanique couronné de blanc. Je suis survolté, j’ai déjà envie d’y être… Je me calme intérieurement. Et ce sommet c’est 10 heures après l’avoir aperçu que nous l’atteignons non sans avoir peiner d’abord à trouver le col qui nous ouvrait la voie vers le Lanin puis cette épuisante ascension de 1600 mètres de dénivelé d’une seule traite. La vue du sommet est à couper le souffle mais il faut vite redescendre le vent souffle il fait froid là haut et l’assistance nous attend juste en bas. Quel contraste en descendant - il fait chaud en bas. Nos assistants nous trouvent en pleine forme et il est vrai que la perte d’altitude a revigoré l’équipe. Nous sommes heureux d’enfourcher nos vtt en direction du Chili (deuxième temps derrière Nike ACG pour la section montagne). Ca va vite maintenant : poste frontière, piste rapide, descente poussiéreuse, puis tout s’inverse il faut remonter maintenant en direction de l’Argentine par de belles pistes. Enfin au début. Tiens Nokia au poste frontière ils purgent leur pénalité. C’est ensemble, de nuit, que l’on s’élance vers le CP16. Un petit chemin débonnaire passant par un col et amenant au départ du canoë m’indique la carte. « Il faudra faire attention aux arbres dans la descente du col » répète - je à mes coéquipiers en me rappelant les consignes de Sylvain. Il en sera autrement. Les chiffres parlent : 5.7 kilomètres en 3h30 ; des centaines d’arbres à franchir dessus dessous. On escalade, on rampe, on glisse. Les bambous ne sont jamais très loin. Le GPS indique 500m/h, c’est déjà pas beaucoup si on parle de dénivelé mais là il s’agit de distance !! Les corps gémissent. Surtout ne pas s’écarter de la trace ; rester zen et concentré. Surtout ne pas subir, penser aux récits de mes mentors - Lionel Daudet, Mike Horn eux on vécu pire alors on est bien là - avancer, sortir de cet enfer. La lutte sera payante : voilà le CP 16. Plusieurs équipes dont les troisièmes sont en pleine préparation. Et oui cette nuit on transporte nos quatre vélos sur les canoës !!!! On a bien ramé cette nuit, le point d’assistance 4 est là. Il est temps de dormir un peu : on vient d’enchaîner 24heures non stop et nous sommes en 5eme position maintenant.

30 Nov 04 Jour J+2 : Entre montagnes et lacs : Petit matin ensoleillé, c’est la forme ce matin. J’ai une envie folle de courir. On rallie le CP18 en courant. L’équipe espagnole est déjà en ligne de mire, on hésite, on cherche la trace et déjà une autre équipe est sur nous. Ils trouveront la trace avant nous et au CP suivant on accuse 10’ de retard après avoir à nouveau perdu le bon chemin . Au col CP19 nous sommes seuls et il m’est plus facile de me concentrer à nouveau. Il faut descendre vers le CP 20 sans faute, quitte à assurer il en sera ainsi. CP20 point d’assistance 5, trois autres équipes sont là et nous repartons en vtt suivi de près par Buff dans la poussière de l’équipe Spie qui, pour recoller à la tête de course, n’a pas dormi cette nuit. Rapidement nous les rattrapons. L’ambiance est « tendue ». Nous ferons un bout de chemin ensemble, on roule, on patauge on traverse des torrents on porte nos vélos pour traverser des marais on gravit un col dont la piste est encombré de troncs. Dans la descente ça explose derrière, plus d’équipe en vue. La descente est d’abord jonchée de troncs puis aux abords de la magnifique cascade Koloko le single devient propre et on se lâche enfin !!! CP21 nous sommes trempés. Les traversées de rivières sont toujours aussi nombreuses mais maintenant il faut foncer vers l’assistance. Notre 4eme place nous donne-t-elle des ailes ? Nous signerons le meilleur temps sur cette spéciale vtt sans avoir eu l’impression de forcer !!! Notre stratégie de repos est la bonne. Allez, courte section de canoë la fin sous voile ça va vite puis on enfourche nos vtt de nuit sur des pistes rapides et très poussiéreuses J’ouvre la route en plein phare. Silva derrière suivent sur leurs Commencal en aveugle c’est chaud !!!! 22h30 nous sommes à l’assistance 8 en 4eme position. Le départ du raft est prévu demain matin à 6h00. Alors ce soir c’est un festin sous la tente : on dévore et c’est repus que l’on se couche …

31 Nov 04 Jour J+3 : Eau vive et fin de la course : 6h00 on repart en raft en même temps que Nokia. On signera le « «best time » sur cette section. La nuit nous a vraiment fait du bien, ce matin j’ai vraiment envie de « bouffer » cette rivière, d’avaler ces 120 bornes à la pagaie et de sortir de l’eau avant la nuit. Nos prototypes de « jupes » fonctionnent à merveille. C’est une première dans l’histoire du raid. La matinée est bien entamée, la rivière est belle, rapide, agitée de temps en temps par de beaux rapides qui exigent de redoubler de vigilance.
Puis en quelques secondes, alors que la rivière est calme, le bateau se retrouve sur la tranche. Benoit, mon coéquipier qui barre le bateau, vient de faire un malaise. Il est inconscient et gît sur le coté, la tête et le bras ballottés par les vagues. Penché pour faire contrepoids mon pouls s’est emballé violemment. J’appelle Christophe et Karine à l’aide qui font rapidement demi tour. Il faut faire vite coupler les bateaux, on le gifle il ne réagit pas mais il respire ouf, alors on fonce vers la berge, on l’extrait du bateau, lui faire avaler du sucre vite impossible, toutes les équipes s’arrêtent et débarquent pour nous porter secours mais Ben est toujours dans le gaz. Il est évident maintenant qu’il faut déclencher les secours . La suite est enchaînement d’images qui marquent encore ma mémoire : les secours, les équipes repartent sur la rivière, l’hélicoptère, l’attente tous les trois comme abandonnés à notre peine le long du Rio Aluminé. Puis retour à notre assistance raconter, maint et maint fois l’histoire, essayer de comprendre pourquoi mais pourquoi l’hypoglycémie l’a poussé jusqu'à l’inconscience . Pourquoi tout s’arrête après toute cette année de sacrifices, je m’étais juré de ne pas subir cette course et pourtant elle m’anéantit par l’intermédiaire de mon coéquipier. Ce soir je ne trouverai pas le sommeil trop les boules, Ben est à l’hôpital on est dans notre gîte « cosy » au chaud à peine fatigués pas même une blessure. Je n’ai pas le droit d’être là, les autres eux sont à cheval à cette heure à batailler ferme pour une place d’honneur sans nous pour leur en barrer le chemin …

1 Dec 04 au 8 Dec: Fin de séjour à St Martin de Los Andes et retour vers la France: Retour de Benoit parmi nous, repos, randonnée, shopping et quelques aller-retour sur la plage pour aller accueillir les valeureux chevaliers de retour de bataille. Quelques soirées resto entre équipes on évoque des anecdotes c’est toujours le même refrain, cet abandon me hante. Il faut maintenant penser au chemin du retour re-packer nos 200 kilos de bagages et le lendemain de la soirée de clôture on met le cap sur Buenos Aire, SaoPaulo, Paris, Grenoble . Puis c’est le retour au travail, les clients de Training7 eux aussi veulent leur part d’histoire alors raconter et raconter encore cet abandon . Hier pour la première fois depuis le raid j’ai mis un dossard à l’occasion du Trail Blanc sans préparation juste pour l’ambiance le cadre les amis et renouer avec l’effort …

Sébastien Wilsa Sport Helly Hansen
www.karinebaillet.com
Le Raid du Touquet : www.touquetraid.com

Age minimum : 18
Remplaçant/assistant : 2

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